Le stade Montbauron - où officie le FC Versailles 78 - ne disposant pas d’éclairage homologué par la fédération française de foot-ball, les règles de protection patrimoniale aux abords du château de Versailles sont mises au-devant de l’actualité. La DRAC Île-de-France rappelle le cadre dans lequel les Architectes des bâtiments de France agissent, et les obligations qui régissent les abords du château de Versailles en tant que monument historique classé et Bien inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

Le stade Montbauron est implanté sur la butte du même nom : une éminence naturelle culminant à 157 mètres d’altitude, dans le centre urbain patrimonial de Versailles, en proximité du château. Il est situé dans l’axe du monument, et en co-visibilité directe avec lui - c’est-à-dire que la butte est visible depuis le monument. Le château est classé au titre des monuments historiques dans son ensemble : palais, Trianon, parc, dépendances (liste de 1862, arrêté du 31 octobre 1906 et décret du 15 octobre 1964).

delimitationVersailles UNESCO.JPG

Le château de Versailles, site emblématique connu dans le monde entier, bénéficie d'une protection renforcée afin qu'aucun projet urbain ne vienne lui porter atteinte. Il s’agit en l’espèce de la protection maximale, car le domaine est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et génère une zone tampon de protection autour de celui-ci.

Par décret du 15 octobre 1964, un périmètre de protection a en effet été défini, dit en forme de "trou de serrure", qui préserve une zone de 5 km de rayon autour du château (avec un point central situé depuis l’origine au niveau de la chambre du roi), complété par une zone de 6 km de longueur selon une ligne fictive tirée dans le prolongement du grand canal d’une largeur de 2 km au sud et de 3,5 km au nord.

Le périmètre ainsi dessiné à l’époque d’André Malraux a une forme de trou de serrure, unique en France, parfaitement décrite dans le PLU de la Ville Versailles.

VersaillesabordsMH.JPG

La loi Liberté de la création, architecture et patrimoine du 7 juillet 2016 (art. 142 II) a requalifié cette aire de protection en "périmètre délimité des abords" (PDA). Dans ce périmètre, qui est d’ordinaire de 500 mètres autour d’un monument classé mais qui se trouve ici englober une aire dix fois plus vaste, toute demande d’autorisation de travaux est soumise à l’avis conforme de l’architecte des bâtiments de France, ainsi que le prévoit le code du patrimoine. La mission de l’ABF est, entre autres, de préserver la qualité architecturale et paysagère aux abords des monuments historiques. Versailles en compte de nombreux.

Versaillespropositionzone tampon.jpg

Le stade de Montbauron, situé à 1400 mètres du château, figure dans ce périmètre de protection patrimoniale renforcée.

vue aérienne version def exacte.jpg

Sur la question de l’éclairage, la DRAC en est au stade de la pré-instruction, afin de déterminer le diamètre et la hauteur maximale des mâts d’éclairage par rapport au vélum urbain et paysager, et vérifier quel type d’installation - fixe ou rétractable, pérenne ou provisoire - est compatible avec les exigences patrimoniales. Les études terminées, il appartiendra à la Ville de Versailles de constituer un dossier qui sera examiné par les services compétents de l’État au regard des protections patrimoniales existantes, en lien avec toutes les parties prenantes.

"3 questions  à Bénédicte Lorenzetto, cheffe de l'UDAP des Yvelines"

Quelles sont les missions de l'ABF sur ce territoire si particulier de Versailles ?

Le "Trou de serrure" institué en 1964 par Malraux et requalifié en 2016 en périmètre délimité des abords, couvre un vaste territoire d’une superficie de 100km2 autour du Domaine de Versailles équivalent à la surface de Paris intra-muros et protégée au titre de la zone tampon du patrimoine mondial de l’Unesco. Il déborde également sur le département des Hauts-de Seine. Cet unicum en France génère une veille particulière des ABF  dans le cadre de l’instruction des dossiers sur une telle superficie, mais leur demande également de prioriser les enjeux patrimoniaux notamment dans leurs dimensions historiques et paysagères constitutives des anciens domaines royaux. Le suivi des dossiers d’urbanisme à Versailles doit également répondre à la réglementation du site Patrimonial Remarquable qui couvre la ville de l’ancien régime.

 Sur le cas du stade Montbauron, en quoi consiste votre travail et comment travaillez-vous avec les différentes parties prenantes ?

Un temps de pré-instruction en lien avec les porteurs de projet et la collectivité dans cette zone de protection renforcée que constituent les abords immédiats du château de Versailles reste un requis préalable afin de fluidifier et accélérer les délais d’instruction des dossiers sensibles dès leur dépôt officiel.

Dans ce cas, une étude préalable d’impact dite de co-visibilité entre le château et le stade a été demandée au porteur de projet afin d’apprécier l’émergence des mâts d’éclairage au-dessus du velum urbain et paysager constitutif de la valeur patrimoniale du site et plus particulièrement de la grande perspective dessinée par Le Nôtre. Nous sommes dans cette phase d’appréciation du projet dans toutes ses dimensions tout en veillant à répondre aux nécessités réglementaires d’éclairage du stade. Il s’agit d’un travail concerté pour aboutir à une solution qui réponde aux aspects liés à la protection du patrimoine et aux besoins des structures sportives. A ce stade du projet, aucun dossier n’a été déposé officiellement par la ville.

Combien traitez-vous de dossiers chaque année  dans  les Yvelines ?

L’Udap des Yvelines a émis pour la seule année 2021, plus de 16100 avis au titre des autorisations de travaux dans les espaces protégés. Les quatre ABF sont également consultés sur les documents d’urbanisme, les avis entrant dans le cadre de l’autorité environnementale et des sites classés, les contrats ruraux et la Fondation du patrimoine. Ils assurent la pré-instruction des travaux portant sur les monuments historiques en lien avec la conservation régionale des monuments historiques et répondent aux diverses sollicitations des demandeurs privés, collectivités et services de l’État pour accompagner les dossiers sensibles (plus de 1400 consultations préalables effectuées pendant l’année). Les ABF assurent également des permanences dédiées à l’instruction des dossiers et à la réception du public dans 14 collectivités et intercommunalités du département, ce qui représente plus de 150 permanences en moyenne par an.