Depuis le 21 octobre 2021, l’église Saint-Yves-des-Quatre-Routes de La Courneuve est le premier édifice de la commune à être protégé au titre des monuments historiques. A la même date, Saint-Charles-Borromée au Blanc-Mesnil, église voisine et de la même période, bénéficiait également de cette même protection.

 

L'église Saint-Yves-des-Quatre-Routes est représentative des églises de la banlieue parisienne initiées par les Chantiers du canal Verdier dans les années 1930. Construite en béton et briques, elle présente des spécificités remarquables, notamment son espace intérieur très ouvert et unitaire, ses éléments de décor et son inscription dans un ensemble paroissial plus vaste.

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Église Saint-Yves-des-Quatre-Routes, vue intérieure © Drac Île-de-France

Cette église a été construite entre 1930 et 1933 par l’architecte Michel Bridet et l’ingénieur Pierre Robert en remplacement d’une chapelle de secours. La Courneuve est alors une commune pauvre du diocèse de Paris, dont la population est en augmentation alors qu’elle est en manque d’équipements publics et notamment d’églises. Dès 1923 le diocèse entend s’implanter dans la commune, et l’action de l’abbé Joseph Le Quellec conjuguée au soutien financier du vicomte et de la vicomtesse de Gourcuff permettront qu’une cité paroissiale puisse être édifiée à partir de 1928. Un patronage est d’abord érigé, puis l’église dédiée à saint Yves (patron de la Bretagne, région d’origine de l’abbé, et avocat des pauvres) et un presbytère, construits à cette même période, le tout s’accompagnant de la création d’une nouvelle paroisse. A cela s’ajoute un dispensaire et une salle d’œuvre, confiés à Pierre Robert, qui réalise ensuite plusieurs agrandissements jusque dans les années 1950. Le diocèse de Saint-Denis est aujourd'hui propriétaire du site.

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L'église Saint-Yves-des-Quatre-Routes  © Drac Île-de-France

L’église comprend un soubassement en meulière, une structure et une charpente en béton armé, un remplissage et des façades en briques, ainsi qu’une couverture de tuiles. La brique est le matériau choisi également pour les autres édifices paroissiaux, dans un souci de cohérence esthétique, même s’ils n’ont pas été réalisés avec autant de soin.  Le plan de l’église est en croix latine, et sa façade principale est surmontée d’un haut clocher servant de repère près d’un important carrefour. L’intérieur présente une grande unité et un espace très ouvert, sans supports intermédiaires. Le décor est l’œuvre de Roger Bâteau et Eugène Pérez (vitraux), Georges Serraz, Yvonne Parvillée et Gustave Dermigny (sculptures). C’est un exemple plutôt rare de cité paroissiale, dont les différentes composantes ont été conçues dans un même élan et ont été bien préservées (excepté le patronage récemment démoli) dans un contexte urbain très évolutif.

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Pietà de G. Serraz et vitraux de R. Bâteau (années 1930 et 1950) © Drac Île-de-France

Protection de l'église Saint-Charles-Borromée

Le 21 octobre 2021, l’église Saint-Charles-Borromée du Blanc-Mesnil a été inscrite au titre des monuments historiques.

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Église Saint-Charles-Borromée © Drac Île-de-France

Il s'agit de la deuxième protection inscrite dans la commune de Seine-Saint-Denis après celle de la d’une "cité d'Habitation à Bon Marché".

Cette église construite entre 1932 et 1933 sur des plans de Gabriel Simon a été commandée par le diocèse de Versailles en mémoire de son ancien évêque Charles Gibier, décédé en 1931, et remplacé par Benjamin Octave Rolland-Gosselin. Charles Gibier s’est beaucoup investi pour combler les besoins de son diocèse en matière religieuse et sociale, et a initié plus de cinquante chantiers, dont deux églises au Blanc-Mesnil.

Cette troisième église prend ainsi le vocable de Saint-Charles-Borromée, son saint patron, par ailleurs célèbre pour sa charité vis-à-vis des pestiférés.

La construction de l’église et d’un presbytère, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et reconstruit ensuite, est financée par une souscription, et s’accompagne de l’édification d’une nouvelle paroisse en 1934.

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Église du Blanc-Mesnil, œuvres d’Anne-Marie Roux-Colas (sculptures) et de Pierre Dindeleux 5VITRAUX°, l’autel Notre-Dame-des-Airs © Drac Île-de-France

L'’église suit un plan en crois latine avec une nef à vaisseau unique, permettant une vue très dégagée en direction du chœur. La structure est en béton, les façades en briques, la couverture en ardoise. La façade principale possède une dédicace à Mgr Gibier, et un appareil décoratif recherché. Les vitraux en béton translucide sont l’œuvre de Pierre Dindeleux, Olivier Flornoy a réalisé une peinture marouflée dans le chœur, et Anne-Marie Roux-Colas a conçu quatre sculptures pour l’église qui semblent être des unicums, particulièrement celle de Notre-Dame-des-Airs, dans le bras nord du transept. Le tout forme une esthétique épurée où les meilleurs effets sont tirés des moyens les plus économes, pouvant rappeler à certains égards l’église du Raincy. Proche de l’aéroport, dans le quartier du Nouveau-Bourget, l’église accueille une association dédiée à Notre-Dame-des-Airs, protectrice des aviateurs.