Exposition 6 novembre 2013 au 9 février 2014

Peuplée de juges, de gardiens de camps, de clowns, d’inquisiteurs, de bourreaux, d’imbéciles – une humanité avilie ou terrorisée –, l’œuvre de Maryan (Pinchas Burstein, 1927-1977) est puissante, tragique, grinçante, inclassable.

Le musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ) présente l’exposition Maryan (1927-1977) La ménagerie humaine du 6 novembre 2013 au 9 février 2014. Cette exposition est organisée avec le soutien de la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France - ministère de la Culture et de la Communication, de la fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la fondation Baumann sous l’égide de la fondation du Judaïsme français, de l’Alliance israélite universelle et de la fondation ProMahj.

Cette première exposition importante en Europe consacrée à l’œuvre de Maryan n’est pas une rétrospective. Hormis un tableau clé de 1952, elle reprend les temps forts de l’œuvre peint et dessiné de 1960 à 1977. Elle comprend, outre les carnets de 1971 – donnés par la veuve de l’artiste au Musée national d’art moderne en 2012 –, vingt peintures et une trentaine de dessins regroupés par séries. Des extraits du film Ecce homo, tourné au Chelsea Hotel en 1975, sont montrés dans le parcours.

Un projet de longue date. Faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre de Maryan était un projet de longue date, mais il fallait trouver une trame inédite pour l’inscrire au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, sans trahir l’artiste qui refusait que son oeuvre soit réduite à sa seule histoire.

Personnages. Cette exposition se concentre sur l’œuvre graphique, à partir des années 1960, qu’elle confronte par un jeu de séries à des peintures. Ceux que l’artiste appelle Personnages font face au spectateur : figures d’un jeu de massacre, hommes cibles, robots claquemurés, hommes-animaux, gardiens de camps, Napoléons hurlants, figures béates, imbéciles et silencieuses, victimes ou bourreaux. Un théâtre de l’absurde, un théâtre de la cruauté, nés de la collision détonante chez un jeune artiste entre la théâtralité des rituels juifs de son enfance, sa traversée de l’horreur et sa découverte, au sortir de la guerre, de Franz Kafka, d’Alfred Jarry et de Samuel Beckett. Enfant terrorisé, pantin désarticulé, mutilé, l’artiste en est l’acteur principal.

La Ménagerie humaine. Les illustrations pour "La Ménagerie humaine", ouvrage publié en 1961 aux éditions Tisné et qui a donné son titre à l’exposition, seront présentées dans le parcours, ainsi que des extraits de "Ecce homo", film que tourna Maryan en 1975, dans sa chambre-atelier du Chelsea Hotel à New York. On le voit entravé, la bouche recouverte d’un sparadrap qu’on lui retire, et pour la première fois, il parle. L’exposition se conclut par huit des neuf carnets originaux qu’il réalisa en 1971 et 1972 à la demande de son psychanalyste. La présence de ces carnets - 478 dessins exceptionnels, comme d’un seul trait, qui n’ont jamais été publiés ou présentés - permet une lecture nouvelle et bouleversante de l’œuvre de Maryan. Ils sont la clef de voûte de l’exposition.

Biographie. Né en Pologne en 1927, Maryan passe son adolescence dans des ghettos, des camps de travail, des camps de concentration. Seul survivant de sa famille, il séjourne, après la guerre, dans des camps de personnes déplacées en Allemagne. En 1947, il part pour la Palestine et entre à l’école d’art Bezalel à Jérusalem, où il expose pour la première fois en 1949. L’année suivante, il se rend à Paris, étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans l’atelier de Fernand Léger, et suit des cours de lithographie. Dès 1952, il expose à la galerie Breteau, puis, à partir de 1956, à la galerie de France, tout en participant à de nombreux salons et expositions collectives. En 1962, il s’installe à New York et devient citoyen américain. Il décède subitement, au Chelsea Hotel, en 1977.

Neuf carnets spiralés (20 x 30 cm environ) remplis de dessins exécutés en une année, entre 1971 et 1972. Des carnets de croquis avec, page après page, des dessins tous à l’encre noire. En soi rien de surprenant ni de neuf - tous les artistes font ça. À ceci près qu’en 1971, à New York, c’est à la demande de son thérapeute que Maryan réalise cette série de 478 dessins. "Help !" Cet appel de détresse, lancé par divers personnages, inscrit dans une bulle, hante de nombreux dessins du dernier carnet. La bouche ouverte, ils crient : "Help !" Cela se répète désespérément au bout d’une année entière de dessins adressés à son analyste. Fréquemment, un autre personnage est présent, qui semble répondre au "Help me !" par un "Ha ! Ha !" assassin (…). Gérard Wajcman

Autour de l’exposition

Conférences. Mercredi 13 novembre à 19h30 "Maryan et la peinture d’histoire" par Philippe Dagen, professeur d’histoire de l’art, université Paris I Panthéon- Sorbonne (HiCSA) et Mercredi 4 décembre à 19h30 Les carnets de Maryan par Gérard Wajcman, écrivain, psychanalyste, maître de conférences au département de psychanalyse de l’université Paris VIII, dirige le Centre d'études d'histoire et de théorie du regard

Lectures. Dimanche 24 novembre à partir de 15h30 "Maryan, Agnon et Kafka".

Visites guidées. Mercredi 20 novembre à 19h, jeudi 12 décembre 2013 à 14h30, mercredi 8 janvier à 19h, dimanche 26 janvier 2014 à 11h Maryan par Raphaëlle Krygier, conférencière du Mahj