"Paris" dans l’œuvre de Raoul Dufy est mis à l'honneur au Musée de Montmartre jusqu'au 2 janvier 2022. Le choix de cette thématique fait pour la première fois l’objet d'une exposition. Cette rétrospective invite ainsi à découvrir une autre attache de l’artiste car si chacun connaît sa passion pour Le Havre ou la Côte d'azur, la Ville Lumière est une véritable source d'inspiration pour ce peintre animé par la couleur du monde. Il aime croquer Paris et ses alentours.

Cette exposition, soutenue par la Drac Île-de-France, réunit près de deux-cents œuvres et documents et révèle au public l'amoureux prodigue qu'il fut pour la Capitale. Peintures, dessins, aquarelles, lithographies, céramiques, tapisseries, mobilier, objets et photographies, tous représentatifs du Paris qui a inspiré Raoul Dufy, sont réunis ici et composent ce nouvel éclairage présenté au public. Cette invitation au voyage vu de la Butte Montmartre en compagnie de l'artiste est aussi un hommage à celui qui vécut d'abord dans l’un des ateliers du 12 rue Cortot - où se trouve aujourd’hui le Musée de Montmartre - puis à partir de 1911, dans l'atelier situé au 5 impasse Guelma qu'il gardera toute sa vie.

Les œuvres, datées de 1898 à 1953, ont été sélectionnées parmi les collections du : MNAM, Centre Pompidou et des musées dépositaires - Château-Musée Grimaldi-Cagnes sur mer, Musée d’Art moderne André Malraux – MuMa, Le Havre, Musée National de la Céramique-Sèvres, Musée des Tissus-Lyon, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Musée d’Arts de Nantes, Musée des Beaux-Arts Jules Chéret - Nice ; le Musée d’art Moderne de Paris, Palais Galliera - Musée de la Mode de Paris, Musée Calvet-Avignon, le Musée de Grenoble.

celles-ci s’ajoutent, les prêts précieux de mobiliers consentis par : Le Mobilier national et les manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. Des prêts d’importantes collections privées et de galeries couronnent l’ensemble.

Commissariat de l’exposition : Didier Schulmann, Ancien Conservateur au Musée national d'art moderne/CCI – Centre Pompidou et Saskia OOMS, responsable de la conservation du Musée de Montmartre.

Parcours thématique de l'exposition

Paris se dessine comme l'argument majeur de cette exposition organisée selon un parcours thématique en dix sections. Il accompagne l'artiste dans ses plus ambitieuses et ses plus expérimentales réalisations. L’Atelier Maciej Fiszer qui réalise la scénographie, a choisi les tonalités de bleu, si cher à l’artiste, pour présenter les sections.

La Fée Électricité

La Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité commande à Raoul Dufy une vaste fresque pour décorer le Pavillon de l’Électricité à l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937. L’artiste va alors réaliser une œuvre gigantesque peinte sur un assemblage de 250 panneaux en contreplaqué. A noter que son exécution fut précédée d’une ample et minutieuse campagne de documentation. Dufy utilisera ses contacts avec des hommes de science et des spécialistes de la physique, des chimistes, et visitera des centrales électriques. Avec la collaboration de son ami le chimiste Jacques Maroger, Raoul Dufy met au point une peinture à l’huile conservant transparence et matité et qui a la particularité de sécher rapidement.

la plus grande peinture du monde

La Fée Electricité, 1952-1953, Lithographie rehaussée de gouache sur papier, gravée par Charles Sorliet chez Mourlot, éditée par Pierre Berès. Dim. 105 cm x 65, 3 cm, Dim. 102,5 x 64,5 cm, Dim. 102,5 x 65,7 cm Paris, musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, don de la Société des Amis du musée national d'art moderne, 1957 © Adagp, Paris 2021

C’est encore aujourd’hui la plus grande peinture du monde, qu’il réalise en 4 mois avec l’aide de son frère Jean et de son assistant André Robert. Œuvre éphémère, elle fut démontée et conservée dans un hangar de la rue Bergère à Paris. Ce n’est qu’en 1964 que les 250 panneaux sont exposés au Musée d’Art Moderne de Paris. Cette composition monumentale célèbre l’union de la nature et de la technique, confrontant les dieux de la mythologie aux cent dix savants et inventeurs qui, de l’Antiquité à nos jours, ont participé à la naissance de l’électricité.

La série complète des dix lithographies exposée !

Vues de l'exposition © Julien KNAUB/Musée de Montmartre

En 1951, Gabriel Dessus, devenu responsable du service commercial de l’entreprise EDF, commande à l’éditeur Pierre Berès (1913-2008) une série de lithographies du tableau. Ce dernier en imagine une version réduite et multiple. En 1951, il en confie la réalisation au meilleur atelier lithographique parisien : celui des frères Mourlot. Une fois vaincues les réticences de Dufy, c’est le lithographe Charles Sorlier (1921-1990) qui presse les 10 feuilles tirées à 350 exemplaires. Installé dans les remises de la rue Bergère, le lithographe reporte les couleurs sur les tirages en noir revus par Dufy. Mais la reproduction finale en couleur ne satisfait pas Dufy qui repeint près des deux tiers de la lithographie comme Bernard Dorival en a été le témoin "couvrant de gouache les sept dixièmes de la lithographie, agrandissant ou diminuant tel personnage, supprimant tel détail, en ajoutant tel autre, donnant un contour nouveau ou une nouvelle couleur à tel morceau, créant, en un mot, une nouvelle version du thème qu’il avait donné quinze ans auparavant." Le projet est achevé peu avant la mort de l’artiste, donnant lieu à une œuvre de plus de 6 m².

Informations pratiques

Musée de Montmartre Jardins Renoir
12 rue Cortot – 75018 Paris - Tél. : 01 49 25 89 39

Musée ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 18h en semaine et de 10h à 19h le week-end.