12 mai au 22 septembre 2019

Le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam présente Jacques Henri Lartigue, décors et haute couture du 12 mai au 22 septembre 2019. L’exposition propose de découvrir une partie méconnue de l’œuvre de Jacques Henri Lartigue, réalisée en marge de sa production en tant que peintre et photographe. L’important fonds d’œuvres peintes et dessinées par Lartigue, fruit de la donation de l’artiste et de son épouse à la ville de L’Isle-Adam, ainsi que le dépôt de la Fondation de France en 2001 au musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, constituent le point de départ de ce projet d’exposition.

L'événement entend montrer pour la première fois l’œuvre graphique de forme libre et originale de Jacques Henri Lartigue. Elle montre l’artiste comme un créateur touche-à-tout, davantage intéressé par le processus créatif que par l’objet final, passant avec légèreté et en même temps avec une grande rigueur d’une technique à une autre.

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Affiche de l'exposition © Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, L’Isle-Adam

Regroupant près de 170 pièces, sous le titre de "fantaisies", l’exposition présente une série de croquis de mode et dessins décoratifs de jeunesse, des photographies de décors de galas éphémères et grandioses réalisés par l’artiste dans les

années trente, des tissus de la maison Bianchini Férier en 1937-1938 exécutés d’après des dessins de Jacques-Henri Lartigue, ou encore des variations libres autour de motifs de fleurs, de ballons, d’oiseaux. Seront également évoqués les liens d’amitiés de Lartigue avec la couturière Carven et les collaborations de l’artiste avec la presse de mode et la maison italienne de tissus d’art Fede Cheti.

L’exposition réunie ainsi des pièces des trois collections dédiées à l’œuvre de Jacques Henri Lartigue : la collection du musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam, le dépôt de la Fondation de France au musée Louis-Senlecq et la collection de la Donation Jacques Henri Lartigue (AAJHL).

De généreux prêts du musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon et du Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, viennent par ailleurs enrichir la sélection des pièces exposées.

Le parcours de l’exposition

Premiers croquis de mode et projets de coussins (1907-1916)

Le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq a choisi d’ouvrir l’exposition sur les dessins "d’élégantes" réalisés par Jacques Henri Lartigue dès 1907 et jusqu’en 1915. Les "élégantes", sont ces femmes aux tenues sophistiquées que le jeune Lartigue croise lors de ses nombreuses promenades au Bois de Boulogne ou aux champs de courses, qu’il commence à photographier à partir de 1910 et qui se retrouvent "croquées" dans des carnets dont plusieurs pages sont présentées ici. Ces dessins témoignent d’un grand sens de l’observation et d’un souci du détail notamment pour les accessoires qui complètent les tenues : chapeaux, parures, voilettes, etc.

Mais au-delà de la simple observation des codes vestimentaires de la mode de son époque, il nous livre dans ses dessins et ses photographies un portrait de la société bourgeoise et mondaine du début du XXe siècle dans laquelle il évolue. Ceci non sans malice, il se joue en effet de certains accoutrements et de certaines situations en forçant parfois le trait à la manière des caricaturistes de l’époque, mais avec une bienveillance que l’on peut peut-être concéder à son jeune âge…

 

"Élégantes se promenant" Février 1911 Aquarelle 8.5 x 12.7 cm Paris, AAJHL Dessin Jacques Henri Lartigue © AAJHL

Jacques Henri Lartigue grandit dans une famille de la haute bourgeoisie française. C’est son père qui l’intéresse très tôt à la photographie, et sa mère lui transmet son intérêt pour la décoration d’intérieur, l’emmène aux spectacles, éveille en somme la curiosité du jeune garçon en lui inculquant le goût des belles choses. En 1915 et 1916, Jacques-Henri Lartigue improvise de jolis dessins colorés pour des coussins que sa mère réalisera par la suite. Ces dessins sont présentés dans l’exposition, ils montrent déjà l’intérêt de Lartigue pour la décoration.

Les décors de galas pour les casinos (1935-1936)

La section suivante, est consacrée aux décors de galas que Jacques Henri Lartigue a imaginés pour les casinos de Cannes et Lausanne en 1935 et 1936. En 1933, Lartigue fait la connaissance de Marcelle Paolucci - fille du chef électricien et directeur du personnel du casino de Cannes – qui devient sa seconde épouse quelques mois après leur rencontre. C’est par son intermédiaire que Lartigue va se voir confier la création de plusieurs décors pour des soirées de gala au casino de Cannes. D’autres artistes avant lui ont pu exercer leur talent de décorateurs d’un soir dans ce lieu célèbre, à l’instar de Picabia et Van Dongen.

À l’occasion de plusieurs soirées, Lartigue va réaliser des décors éphémères démesurés : 7000 papillons scintillent du plafond pour son gala "Fleurs et papillons" en mars 1935, une multitude de ballons gonflables envahit son gala "Multicolore" en février 1936, et des panneaux peints monumentaux aux motifs floraux recouvrent les murs de la mythique salle des Ambassadeurs pour son gala "Le marché aux fleurs" en avril 1936.

De ces décors incroyables et fantaisistes ne subsiste que les photographies rassemblées dans les albums que Lartigue constitue tout au long de sa vie. Des reproductions de ces pages d’albums, conservés par la Donation Jacques Henri Lartigue, sont exposées ici. Bien qu’en noir et blanc, elles donnent la mesure de ce que pouvait être ces décors, et les écrits de Lartigue nous permettent d’imaginer l’atmosphère qui y régnait : "Le décor d’un gala est une chose faite pour être vue en deux minutes. Une chose dont la beauté, la gaieté ou l’inattendu doivent sauter dans tous les yeux d’un seul coup. Après cela, on regarde les toilettes, les femmes, les attractions. Le décor a été vu une fois pour toutes. Il ne sert plus qu’inconsciemment à l’ambiance."

La maison de soierie lyonnaise Bianchini Férier (1937-1938)

En 1937 et 1938, Lartigue va également collaborer avec l’une des plus importantes maisons de soierie lyonnaise, la maison Bianchini Férier. Il réalise plusieurs dessins pour elle, dont la plupart montrent des motifs floraux aux couleurs vives qui répondent parfaitement au goût de l’époque, et qui sont fréquemment utilisés pour réaliser des robes légères et vaporeuses en mousseline de soie, comme celle exposée ici, acquise pendant la préparation de l’exposition par le musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon, partenaire de la manifestation. Plusieurs pièces de tissus issues des livres d’échantillons des imprimés conservés par le musée lyonnais ainsi que des collections du musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq seront également présentées.

En 1897, Charles Bianchini ouvre une maison de vente à Paris, afin d’établir des liens  avec la haute couture parisienne. Il entend ainsi répondre à leurs attentes et élaborer des collections en fonction de celles-ci. Charles Bianchini se rapproche également des milieux artistiques et noue notamment des liens avec les principales figures du courant des Arts décoratifs, en particulier Raoul Dufy (entre 1912 et 1928). Il n’est donc pas étonnant qu’il soit entré en contact avec Jacques Henri Lartigue.

Carven et la presse de mode (1947-1972)

Cette section est consacrée d’une part aux liens amicaux et artistiques qu’ont pu entretenir Jacques Henri Lartigue et la couturière Carven, et d’autre part aux illustrations réalisées par Lartigue pour la presse de mode dans les années 1930 et 1940. Après la guerre, Lartigue fait la connaissance de Madame Carven qui vient d’ouvrir sa maison de couture. Elle lui demande d’interpréter ses modèles pour la presse de mode (La Femme Chic, 1947). S’établit alors une amitié sincère et durable sur près de trente ans. Les photographies des pages d’albums constitués par Lartigue témoignent de ces trente années d’amitié. Dans les années 1950, ses premières photographies montrent l’ambiance festive et informelle des défilés de la maison Carven. Des clichés de vacances passées dans la maison de Carven nous permettent d’entrer dans l’intimité du couple Lartigue et de la couturière.

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L’Officiel, n°173 Couverture illustrée par Jacques Henri Lartigue, Janvier 1936. 32.5 x 25.5 cm L’Isle-Adam, archives du musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq © Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, L’Isle-Adam – Henri Delage

Plus tard, dans les années 1960, Lartigue assiste aux préparatifs des collections et on retrouve ses œuvres décorant les défilés. Plusieurs peintures inspirées de modèles Carven où ayant servi de "décor" pour les défilés ou les séances photo sont présentées dans l’exposition.

À la fin des années 1930 et dans les années 1940, Jacques Henri Lartigue est sollicité par la presse de mode pour réaliser des illustrations des collections des grands couturiers de l’époque : Marcel Rochas, Jacques Fath, etc. Nous avons choisi de montrer ce travail méconnu de Lartigue en tant qu’illustrateur de presse.

Fantaisies décoratives

Une sélection de planches (gouaches sur papier) de motifs divers (papillons, fleurs, ballons, feuilles…), réalisées sans étude préalable, sont présentées ici. Elles témoignent de l’inventivité et de la créativité de Jacques Henri Lartigue. Par pur plaisir et sans contrainte, le peintre exécute rapidement ces compositions colorées, où le motif est souvent répété. Il peint avant tout pour lui-même, ce qui explique sans doute l’absence de signature et de date sur l’ensemble des pièces exposées.

Ces gouaches ont pu être proposées à la maison de soierie lyonnaise Bianchini Férier ou à la maison italienne de tissus d’art Fede Cheti, ou encore, ont pu inspirer ses décors de galas.

Maxim’s / Fede Cheti et Hiro (1953-1966)

En 1953, Jacques Henri Lartigue décore la salle du restaurant Maxim’s à Paris pour le déjeuner de ses amis du MYCCA (Motor Yacht Club de la Côte d’Azur) avec plusieurs de ces grandes peintures de fleurs, comme en témoigne les pages de l’album photos exposées ici. Une fois de plus, Lartigue s’improvise en décorateur d’un lieu célèbre et mondain. Dans les années 1960, il réalise des peintures pour la maison milanaise de décoration d'intérieur Fede Cheti. Là encore ce sont ses incroyables compositions florales multicolores qui sont choisies pour être transformées en tentures et autres tissus d’ameublement par la célèbre entrepreneuse italienne.

En 1966, alors que Lartigue et sa femme Florette rendent visite au photographe de mode Hiro dans son appartement du Dakota Building à New York, ils découvrent avec étonnement que les tissus qui recouvrent les murs de l’appartement ont été réalisés par la maison italienne de tissus d’art Fede Cheti d’après des motifs floraux créés par Lartigue. On voit d’ailleurs Lartigue s’amusant à signer ses tissus directement sur les murs d’Hiro dans les photographies exposées dans cette section.

Programmation culturelle

Tous les dimanches. Visite guidée gratuite à 15h (entrée libre le premier dimanche de chaque mois)

Nuit européenne des musées. Samedi 18 mai 2019, à partir de 17h "Escape Game au musée" en partenariat avec la ludothèque de L’Isle-Adam Ouverture du musée jusqu’à 22h. Entrée libre, sur réservation.

Dimanche 23 juin 2019, 15h. Visite commentée par la co-commissaire de l’exposition, Marianne Le Galliard, historienne de l’art

Journées européennes du patrimoine.

Samedi 21 septembre. De 14h à 18h Ateliers en famille. À l’atelier du musée, parents et enfants pourront venir exercer leur créativité tout en explorant l’univers de Jacques Henri Lartigue. À 15h Visite commentée par la co-commissaire de l’exposition, Marianne Le Galliard, historienne de l’art
Dimanche 22 septembre. De 14h à 18h Ateliers en famille. À l’atelier du musée, parents et enfants pourront venir exercer leur créativité tout en explorant l’univers de Jacques Henri Lartigue. À 15h Visite commentée par la commissaire de l’exposition, Caroline Oliveira,
directrice du musée.

Informations pratiques

Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq  31, Grande Rue – 95290 L’Isle-Adam Tel : 01 74 56 11 23 – 01 34 08 02 72
Jours et horaires d’ouverture. Ouvert du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h, fermé le lundi et le mardi. Fermé le 1er janvier, 1er mai, 14 juillet, 24, 25 et 31 décembre. Entrée libre pour tous le 1er dimanche de chaque mois. Visite guidée gratuite chaque dimanche à 15h