Stéphane Bouillon, préfet de la région Alsace, préfet du Bas-Rhin, a inauguré le 10 avril 2015 le relevage du grand orgue de la cathédrale de Strasbourg en présence de tous les acteurs qui ont permis la réalisation de cette opération.

Les travaux de restauration

Outre le relevage, consistant en la dépose, le dépoussiérage, l'accord et l'harmonisation de l'instrument, ces travaux, sous la maîtrise d'ouvrage de la Direction régionale des affaires culturelles d'Alsace, ont également permis le nettoyage de tous les extérieurs du buffet, ordinairement inaccessibles, et la restauration des statues articulées. Les dorures ont été restaurées grâce au mécénat de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg.

Calendrier des travaux

Pour des raisons liées au calendrier liturgique et à la fréquentation de la cathédrale, l'ensemble des travaux a dû se dérouler en un temps record, entre le 5 janvier 2015 (lendemain de l’Épiphanie) et le 27 mars (veille des Rameaux). Deux entreprises de facture d'orgue alsaciennes se sont associées pour mener ses travaux à bien, et se sont adjoints un doreur et un échafaudeur.

Amélioration de la mise en sécurité de l'installation

Parallèlement à cette intervention et afin de minimiser les risques futurs d'incendie, le Service territorial de l'architecture et du patrimoine du Bas-Rhin (STAP 67) de la DRAC Alsace a conduit le renouvellement de tout les réseaux et appareils électriques présents dans l'orgue (soufflerie, lumière basse tension, chauffage, prises de courant et purges de tous les anciens réseaux électriques). A cette occasion, l'installation a été équipée d'un automate permettant de couper les alimentations électriques hors d'une présence humaine et la détection de fumée a été étendue à l'orgue.

Découvertes archéologiques

Pendant le chantier, des analyses dendrochronologiques (datation par observation des cernes du bois ) ont été effectuées par Didier Pousset (Laboratoire d'Expertise du Bois et de Datation par Dendrochronologie-LEB2d)sur les poutraisons qui soutiennent le cul de lampe et le grand buffet. Leurs résultats indiquent que les bois du cul de lampe ont été coupés entre 1374 et 1387 et ceux du grand buffet entre 1489 et 1504. En outre, les deux volutes en tambour assurant la transition entre la console des claviers et le grand buffet sont taillés en résineux databales de la décennie 1480, confirmant que le buffet actuel est bien celui réalisé en 1491, malgré les transformations ultérieures.

La tribune d'orgue de la cathédrale de Strasbourg est ainsi la plus ancienne conservée au monde et son buffet l'un des plus anciens et des plus remarquables encore en place.

Jeu scénique

La tribune d'orgue est encadrée par trois statues articulées : l'une, sur le pendentif du cul de lampe, représente Samson ouvrant la gueule du lion. Les deux autres, sur les piliers de droite et de gauche, représentent le héraut d'arme de la ville de Strasbourg, qui porte à sa bouche une trompette décorée d'une bannière aux armes de la ville et de la cathédrale, l'autre le Rorhaffen, qui fait le geste de lever la main droite. Ces articulations sont commandées par des câbles, depuis la tribune. En outre, un bouchon (jadis deux) dissimulées dans le cul de lampe permettaient à un acteur de se dissimuler dans cette structure et de prêter sa voix aux marionnettes, notamment pour répondre, sur un mode le plus souvent burlesque, au prédicateur. Cet usage est à mettre en relation avec la prise de pouvoir, au XIIIème siècle, des Strasbourgeois sur leur évêque, les statues portants les couleurs de la ville de Strasbourg.

La restauration des trois statues articulées a rendu le jeu scénique à nouveau possible. Le temps de l'inauguration du relevage, le comédien Roger Siffer, avec l'aide de Robert Pfrimmer, maître de chapelle honoraire, pour la manipulation des marionnettes, s'est prêté à des interventions burlesques et intempestives pendant les allocutions, recréant ainsi l'habitude médiévale.

Relevage de l'orgue - Cathédrale de Strasbourg

Instrument classé Monument Historique le 5 août 1974, buffet classé le 28 avril 1975.

Maîtrise d'ouvrage : DRAC Alsace – Conservation régionale des monuments historiques

Maîtrise d'œuvre : Christian Lutz (Dangolsheim), technicien-conseil.

Entreprises : Richard Dott (Sélestat) et Jean-Christian Guerrier (Willer), facteurs d'orgues ;Pascal Meyer (Schiltigheim), doreur ; Gérard Frégonèse (Mundolsheim), échafaudeur ; Citéos (Strasbourg), électricité ; Socotec, bureau de contrôle/vérification électrique.

Échéancier des travaux : tranche unique en janvier-mars 2015

Coût du relevage : 156 846 €, financés entièrement par l'État – DRAC Alsace

Coût de la restauration du buffet (dorure) : 40 000 €, mécénat des Amis de la cathédrale.