La liste des édifices protégés au titre des monuments historiques dans le Grand Est s'est enrichie, fin 2021 et début 2022, de 11 nouvelles protections : 10 inscriptions (dont une extension) et un classement au titre des monuments historiques.

 

Avec ces mesures de protection, l’État reconnaît la valeur patrimoniale et historique de ces monuments.
Il participe, sous conditions, au financement des travaux d’entretien et de restauration nécessaires à leur bonne conservation, tout en assurant le contrôle scientifique et technique des travaux.

Les édifices sont soit inscrits, soit classés selon leur intérêt patrimonial.
L'inscription sur la liste des immeubles protégés est décidée par le préfet de région, sur proposition de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture du Grand Est.
La décision de classement relève du ministre de la Culture, après avis de la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture.

Les 11 nouvelles protections

La nécropole mérovingienne d’Audun-le-Tiche en Moselle, précédemment inscrite au titre des monuments historiques, est désormais classée, par arrêté de la ministre de la Culture.
Ce site d'exception, utilisé entre le VIIe siècle et le début du VIIIe siècle, comprend notamment 200 sépultures maçonnées. 

Neuf chapelles-abris commémoratives de la Grande Guerre, situées dans les communes de Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort Homme, Fleury-devant-Douaumont, Haumont-près-Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre, Ornes et Douaumont-Vaux dans la Communauté d’agglomération du Grand Verdun, dans la Meuse, ont été inscrites au titre des monuments historiques, par arrêtés de la préfète de région. Ces chapelles, érigées après la Première Guerre mondiale, sont situées sur le territoires de neuf communes meusiennes déclarées « mortes pour la France ».

Enfin, le Théâtre du Peuple à Bussang, dans les Vosges, né en 1895 d'une utopie humaniste et artistique, déjà classé au titre des monuments historiques, voit sa protection étendue à l'ensemble du site, désormais inscrit au titre des monuments historiques par arrêté de la préfète de région.

Présentation des édifices

BUSSANG (Vosges)

Le Théâtre du Peuple : extension de la protection


Afin de renforcer la cohérence de la protection du Théâtre du Peuple, dont le bâtiment principal est classé en totalité depuis 1976, et d’assurer une meilleure gestion de l’ensemble, les constructions et éléments annexes qui en constituent la propriété sont inscrits au titre des monuments historiques, par arrêté de la préfète de région et sur proposition de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture du Grand Est.

Théâtre du peuple à Bussang (Vosgesà : maison du jardinier
Théâtre du peuple à Bussang (Vosges) : maison du jardinier

Architectes : inconnu (maison dite du jardinier) ; Jean-Pierre Bureaux et Jean-Pierre Chevassu, architectes D.P.L.G ainsi que Michel Colotte, agréé en architecture (atelier de décors) ; Jean-Pierre Bureaux, architecte D.P.L.G. (bloc sanitaire)

Dates de construction : fin du XIXe siècle (maison dite du jardinier), 1986 (atelier de décors) et 1993 (bloc sanitaire)

Propriétaire : État (ministère de la Culture) depuis 2005

Inscription au titre des monuments historiques, le 14 janvier 2022 : les édifices cadastrés avec leurs parcelles et leur végétation : l’atelier des décors, le bloc sanitaire, la maison dite du jardinier ; et les édifices non cadastrés : l’appentis à proximité de la maison dite du jardinier, la tombe des époux Pottecher, le monument à Jean Pottecher, la buanderie, ainsi que le mur de clôture ; à l’exclusion des deux chalets forains et de l’appentis au nord du théâtre.

Historique

Le Théâtre du Peuple est créé en 1895 sous l’impulsion de l’homme de lettres et de théâtre Maurice Pottecher (1867-1960). Soucieux de rompre avec la scène théâtrale parisienne qu’il juge élitiste, et nourri de valeurs humanistes, il fonde dans son village natal avec son épouse Camille de Saint-Maurice un théâtre qui rassemble acteurs amateurs et professionnels. Bâti en bois par des menuisiers bussenets, l’édifice propose une expérience théâtrale unique avec son fond de scène qui s’ouvre sur la nature vosgienne environnante.

Le bâtiment du Théâtre du Peuple est classé en totalité le 2 août 1976. Un bail emphytéotique est signé à compter du 1er janvier 1986 pour 99 années entre les héritiers des époux Pottecher et l’Association du Théâtre du Peuple, créée en 1931.

L’État (ministère de la Culture) fait l’acquisition en 2005 du théâtre et des parcelles environnantes constituant la propriété du théâtre. Une convention est passée en 2008 entre l’État (Ministère de la Culture) et l’Association du Théâtre du Peuple qui acte la poursuite du bail emphytéotique de 1986.

Théâtre du peuple à Bussang (Vosges) : atelier décors
Théâtre du peuple à Bussang (Vosges) : atelier décors
Description architecturale 

Les parcelles concernées par la présente extension de protection représentent une superficie totale de 70 ares 70 centiares. Outre le bâtiment du Théâtre du Peuple, le terrain concerné comprend une petite maison dite « du jardinier » érigée à la fin du XIXe siècle, un atelier de décors bâti en 1986 et un bâtiment abritant des sanitaires construit en 1993.

Certains éléments non cadastrés sont encore présents sur le site, notamment un monument commémoratif, à usage également de fontaine, érigé en souvenir du fils de Maurice et Camille Pottecher, Jean Pottecher, mort pendant la Grande Guerre ainsi que la tombe des époux Pottecher, inhumés en 1957 et 1960.

La propriété abrite également un ensemble d’arbres, notamment un alignement de tilleuls situés le long de la route ainsi qu’un hêtre remarquable composant le fond de scène qui s’ouvre sur la forêt.

AUDUN-LE-TICHE (Moselle)

Nécropole mérovingienne


En raison de la remarquable préservation de ses structures, de la variété typologique des sépultures qu’elle abrite, et de la rare continuité d’occupation du site entre les époques gallo-romaine et mérovingienne, la nécropole mérovingienne d’Audun-le-Tiche (Moselle), auparavant inscrite depuis le 1er décembre 2016, est classée au titre des monuments historiques, par arrêté de la ministre de la Culture daté du 3 décembre 2021.

Dates : époque gallo-romaine : fanum probablement utilisé du Ier au IVe siècle ; époque mérovingienne : sépultures datées essentiellement du VIIe siècle

Dates de découverte : 1880 ; 1952

Propriétaire : commune d'Autun-le-Tiche

Affectataire : SAHLA (société audunoise d'histoire locale et d'archéologie) : assure l’entretien des lieux et  leur ouverture au public.

Classement au titre des monuments historiques, le 3 décembre 2021 : en totalité, l’ensemble des tombes découvertes, le fanum, le puits votif, les vestiges enfouis, avec le sol de la parcelle qui les contient, constituant le site de la nécropole mérovingienne, à l’exclusion du calvaire, des 13 stations du chemin de croix, de la chapelle Sainte-Barbe (qui demeurent concernés par l’inscription) et du portail d’entrée. L’ensemble est situé au lieu-dit « Bois de Butte » à Audun-le-Tiche (Moselle).

Nécropole mérovingienne d'Audun-le-Tiche (Moselle) : tombe maçonnée en petits moellons
Nécropole mérovingienne d'Audun-le-Tiche (Moselle) : tombe maçonnée en petits moellons

Historique de la découverte et de la publication du site

Les premières sépultures sont découvertes dans les années 1880 mais les réelles fouilles ne commencent qu'en 1952 , avec l'aménagement d'un chemin de croix sur la colline. Entre temps l'activité minière (extraction du minerai de fer) est responsable de la destruction de plusieurs sépultures dont le nombre ne peut être évalué. Suite à la création de la SAHLA en 1967, le site est fouillé par des bénévoles amateurs de 1970 et 1985. En 1987, la nécropole est publiée par Alain Simmer.
Les données sont réactualisées par une anthropologue dans un mémoire en 2003.

Description architecturale

La nécropole est située sur une butte dominant la ville d'Audun-le-Tiche, qui était une cité importante à l’époque gallo-romaine. Aujourd’hui sous le couvert des bois, la nécropole occupe une superficie d’environ 700 m². Un fanum gallo-romain utilisé du Ier au IVe siècle a été découvert au sud-ouest du site. Sa présence explique sans doute l'installation de la nécropole, car il a servi de réserve de pierres taillées. De nombreux éléments sculptés ont aussi été réutilisés pour les sépultures.

Nécropole mérovingienne d'Audun-le-Tiche (Moselle) : tombes
Nécropole mérovingienne d'Audun-le-Tiche (Moselle) : tombes

Le site funéraire mérovingien est utilisé entre le début du VIIe siècle et le début du VIIIe siècle. Il s’agit d’un cimetière à alignements qui a l'avantage de présenter plusieurs typologies de sépulture : la pleine terre, le sarcophage et surtout la tombe maçonnée. Ce dernier type de sépulture, extrêmement présent à Audun-le-Tiche, en fait sa caractéristique majeure et son caractère exceptionnel. Ainsi, la plupart des tombes sont soigneusement maçonnées à l'aide d'un appareillage de moellons gallo-romains provenant de sites antiques proches, dont le fanum.

Historiquement, l’intérêt du site réside dans l'extraordinaire ensemble que constituent les 200 sépultures maçonnées. Site exceptionnel par ses structures de surface en partie conservées et ses usages funéraires particuliers, il s’agit d’un des rares cimetières dont l’état de surface a été « fossilisé » et est encore visible. Parmi les innombrables sites mérovingiens fouillés, fort peu ont pu être conservés. Il est aussi exceptionnel par la découverte de signes chrétiens manifestes, ce qui est rarissime pour cette époque. Enfin, il se caractérise aussi par la continuité d’occupation du site, depuis le fanum et les tombes gallo-romaines, jusqu’à l'époque mérovingienne.

COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION DU GRAND VERDUN (Meuse)

Neuf chapelles-abris

Neuf chapelles-abris, situées sur le territoire de la Communauté d’agglomération du Grand Verdun, sont inscrites au titre des monuments historique, pour leur valeur historique et mémorielle dans le contexte de la Grande Guerre et plus particulièrement dans celui de la Bataille de Verdun.

Architectes : Georges Perceval (Beaumont-en-Verdunois, Cumières-le-Mort-Homme, Haumont-près-Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre) ; Marcel Delangle (Bezonvaux, Douaumont, Vaux-devant-Damloup) ; Louis Berthemy ( Fleury-devant-Douaumont) ; Paul Noulin-Lespès et Henri Calley (Ornes)

Dates : entre 1930 et 1934

Propriétaires : communes

Inscription au titre des monuments historiques, le 15 décembre 2021 : en totalité les chapelles et le sol des parcelles et, le cas échéant, les murs d’enceinte des cimetières. Sont également inscrits : La Tour de l’Horloge et sa parcelle à Vaux, la Fontaine du Souvenir à Ornes.

Les chapelles-abris de Beaumont-en-Verdunois et de Haumont-près-Samogneux : communauté d'agglomération du Grand Verdun
Les chapelles-abris de Beaumont-en-Verdunois et de Haumont-près-Samogneux : communauté d'agglomération du Grand Verdun
Historique 

Au sortir de la Première Guerre mondiale, neuf communes meusiennes de la zone rouge du champ de bataille de Verdun sont déclarées « mortes pour la France ». Les ravages sont tels qu’il est décidé de ne pas rebâtir ces villages. Toutefois, fait tout à fait unique, ces derniers conservent leur existence administrative à titre mémoriel.

Neuf chapelles commémoratives sont édifiées entre 1930 et 1934 afin de perpétuer le souvenir de ces villages et d’offrir un abri pour se recueillir. L’initiative revient aux communes concernées qui utilisent leurs titres de dommages de guerre pour financer les travaux. Les chapelles-abris sont inaugurées entre 1932 et 1933 et placées sous les vocables des saints patrons des villages.

Les chapelles-abris de Ormes et de Louvemont-Côte-du-Poivre : communauté d'agglomération du Grand Verdun
Les chapelles-abris de Ormes et de Louvemont-Côte-du-Poivre : communauté d'agglomération du Grand Verdun

L’architecte Georges Perceval du cabinet Bacquenois et Perceval se voit confier la construction de quatre de ces chapelles : la chapelle Saint-Maurice à Beaumont-en-Verdunois est construite sur l’emplacement de l’église détruite par les Allemands en 1916, ce que rappelle l’inscription gravée sur le tympan surmontant la porte d’entrée. Sa charpente en béton armé est mise en œuvre selon le procédé Hennebique.
À Haumont-près-Samogneux, les premiers travaux concernent la reconstruction du mur d’enclos de l’ancien cimetière, à l’intérieur duquel sera édifiée la chapelle Saint-Nicolas, dont le décor et l’aménagement sont achevés après l’inauguration.
À Louvemont-Côte-du-Poivre, les travaux débutent en 1929 par la remise en état du cimetière et les décors de la chapelle Saint-Pierre-aux-Liens seront achevés après l’inauguration. La chapelle Saint-Remi de Cumières, dont les premiers travaux concernent la reconstruction du mur d’enclos du cimetière, est la première érigée au sein du corpus étudié, les travaux de construction étant achevés dès janvier 1930.
Les plans de trois chapelles sont dus à l’architecte Marcel Delangle : la chapelle Saint-Gilles de Bezonvaux est construite à l’emplacement de l’ancienne église paroissiale, entourée d’un mur de clôture rappelant celui de l’ancien cimetière.

À Douaumont (actuel Douaumont-Vaux), les travaux débutent avec la reconstruction du mur de clôture de l’ancien cimetière et l’inauguration de la chapelle Saint-Hilaire a lieu avant l’achèvement du décor et de l’aménagement.

Les chapelles-abris de Cumières-le-Mort-Homme, Bezonvaux et de Vaux-devant-Damloup : communauté d'agglomération du Grand Verdun
Les chapelles-abris de Cumières-le-Mort-Homme, Bezonvaux et de Vaux-devant-Damloup : communauté d'agglomération du Grand Verdun

La construction de la chapelle Saint-Jacques-et-Saint-Philippe de Vaux-devant-Damloup (actuel Douaumont-Vaux) débute en 1931. La renaissance progressive du village fait émerger le souhait d’équiper l’édifice d’une véritable cloche. La taille du clocher ne permettant pas de réaliser ce vœu, Delangle dessine les plans de la Tour de l’Horloge construite dans les années qui suivent l’érection de la chapelle.

Le maire d’Ornes formule le souhait d’édifier une chapelle commémorative dès décembre 1928, mais le projet ne se concrétise qu’en 1931.
Les plans de l’édifice sont dressés par l’architecte Paul Noulin-Lespès, puis, après son décès en février 1932, le chantier est repris par l’architecte Henri Calley, qui concevra la Fontaine du Souvenir, érigée en face de la chapelle Saint-Michel en 1935. La sculpture de l’archange saint Michel et la mosaïque du tympan ne sont installées qu’en 1933, après l’inauguration. La chapelle subit d’importants dommages lors de la Seconde Guerre mondiale et fait l’objet d’une restauration dans l’après-guerre.

Le maire de Fleury-devant-Douaumont propose, le 10 août 1930, de construire une chapelle commémorative à l’emplacement de l’ancienne église, rappelant « au point de vue architectural la chapelle Sainte-Fine », c’est-à-dire une petite chapelle érigée sur le ban communal également détruite pendant la guerre.
Le projet est confié à l’architecte Louis Berthemy. Dernière chapelle-abri inaugurée, le 26 août 1934, elle est placée sous le patronage de saint Nicolas.

Tour de l'horloge à Vaux et chapelle de Fleury-devant-Douaumont : communauté d'agglomération du Grand Verdun
Tour de l'horloge à Vaux et chapelle de Fleury-devant-Douaumont : communauté d'agglomération du Grand Verdun