L’ancien bâtiment des convers de l'abbaye de Longuay, à Aubepierre-sur-Aube, en Haute-Marne, vient d'être classé parmi les monuments historiques, par arrêté du ministre de la Culture, du 11 avril 2019. Il était jusqu'alors inscrit au titre des monuments historiques depuis 1925. C’est l'un des rares édifices en France qui témoigne de l’architecture cistercienne du début du XIIIe siècle. Alliant les références formelles extérieures de l’art roman aux prouesses d’un voutement gothique parfaitement maîtrisé.

Architecture cistercienne du début du XIIIe siècle

L'édifice s’inscrit dans la filiation architecturale et spirituelle de l’aile des convers de l’abbaye de Clairvaux et de celle de Cîteaux, aujourd’hui démolie, dont Longuay est la fille et la petite fille. C’est un jalon important dans l’architecture monastique cistercienne.

L’ensemble est homogène et offre un édifice médiéval dont l’intérêt dépasse le cadre de la région Grand Est et se comprend dans le rayonnement de l’ordre cistercien européen au Moyen Âge.

Des raisons qui ont motivé le souhait de classement au titre des monuments historiques par la Commission nationale des monuments historiques, le 12 décembre 2018.
L'édifice rejoint les 1 473 monuments classés dans le Grand Est. Liste des édifices classés dans le Grand Est.
A noter, la DRAC Grand Est a accordé, en 2019, une subvention d'un montant de 18 655 € (à hauteur de 60% de la dépense subventionnable) pour l'accompagnement de l'étude préalable pour la restauration des toitures du château (anciens bâtiments abbatiaux) et du colombier, inscrits au titre des monuments historiques.

Ancienne abbaye de Longay (Auberive-sur-Aube). Etage du bâtiment des convers © Gilles Vilain

Historique

Construite dans la vallée de l’Aube, aux confins de la Bourgogne et de la Champagne, l’abbaye devient cistercienne et la 58e fille de Clairvaux, au milieu du XIIe siècle, la date de fondation restant controversée : 1149 ou 1150.

Avant cette date, elle avait été successivement un hospice sur la route entre Langres et Sens, puis une maison de chanoines réguliers en 1136.

L’entrée dans l’ordre de Cîteaux provoquera de nombreuses donations des ducs de Bourgogne, des comtes de Champagne et des seigneurs des environs qui permettront de constituer un patrimoine important dans la seconde moitié du XIIe siècle ; une première campagne de construction, qui en est probablement la conséquence, verra l’édification de l’église et du dortoir des moines à partir de 1153.

L’ensemble sera entièrement repris et agrandi à la fin du XIIe siècle et dans les décennies suivantes. De cette période, subsistent l’aile Sud du cloître et une partie de l’aile Est ainsi que le bâtiment des frères convers.

Après la vente révolutionnaire de 1791, les anciens bâtiments monastiques sont progressivement démolis. La façade de l’aile sud est métamorphosée en château néo XVIe et XVIIe par ses propriétaires, les Planta de Wildenberg, après 1870. Ils créeront un décor éclectique à l’intérieur. On remarque, dans le parc, un pigeonnier et l’ancien portail d’entrée de l’abbaye au XVIIIe siècle ainsi qu’un pavillon de chasse.

Le Classement au titre des monuments historiques

Qui décide du classement

Les demandes de protection au titre des monuments historiques (classement ou inscription) sont instruites par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) / ministère de la culture et soumis pour avis à la Commission régionale du patrimoine et de l'architecture (CRPA), la décision finale revient Préfet de région.

En cas de souhait de classement, le Préfet de région transmet le dossier à la Commission nationale du patrimoine (CNPA). La décision de classement fait l'objet d'un arrêté ministériel, la décision d'inscription, d'un arrêté du Préfet de région (arrêté du Préfet de département pour les objets mobiliers).

Son classés au titre des Monuments historiques, "les immeubles dont la conservation présente, au point de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public".

Les avantages de la protection

Les protections ouvrent, sous conditions, la possibilité de bénéficier de l'accompagnement technique, scientifique et financier du ministère de la Culture, ainsi que du mécénat, pour le financement de travaux ou d'études.
Toute intervention (entretien et restauration) sur le monument est soumise à déclaration préalable, afin que les interventions soient réalisées dans le respect de son intégrité, sur l'ensemble des aspects qui font sa spécificité et son intérêt architectural et historique.

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