À la faveur du projet de réouverture du trésor de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, dans la chapelle Saint-Piat, un concours pour la création de quatre verrières destinées à la salle capitulaire a été lancé par la Direction régionale des affaires culturelles du Centre-Val de Loire. Il a été remporté par l’artiste coréenne Bang Ai Ja, associée à l’atelier Glasmalerei Peters de Paderborn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

Née à Séoul en 1937, l’artiste a étudié en Corée du Sud la littérature française, les lettres de l’Orient et la peinture. En 1961, elle part pour la France où elle complète sa formation à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Durant ces années d’études, elle découvre Chartres à l’occasion d’un pèlerinage. Après une longue marche épuisante, fatiguée, l’artiste se souvient avoir vu apparaître au loin, au-dessus de l’étendue des champs de blés, la pointe des clochers de la cathédrale et d’avoir alors ressenti la beauté du sacré, une émotion qui l’a marquée pour la vie.

Si l’artiste a jusqu’à la fin des années 2000 essentiellement travaillé le papier, le verre qui l’a tant émue en pénétrant dans la cathédrale Notre-Dame, est récemment apparu comme un médium privilégié pour concrétiser un désir ancré en elle depuis l’enfance, comme l’expression d’une nécessité intérieure : retranscrire la lumière. Les qualités physiques et tactiles du verre lui sont par ailleurs apparues particulièrement adaptées au jeu et effets de matière recherchés depuis toujours dans les plis et les fibres du papier. L’association, depuis 2012, avec l’atelier Glasmalerei Peters a été fondamentale dans cette évolution artistique. Il a en effet su transcrire dans le verre les nuances et vibrations propres à la peinture et au message spirituel de Bang Ai Ja.

Cliquez sur les visuels pour agrandir l'image - crédits : DRAC CVL et atelier Glasmalerei Peters

 

Dans le projet conçu pour la salle capitulaire de Chartres, on retrouve le vocabulaire abstrait propre à l’artiste, de même que les compositions centrées qui lui sont chères, enfin les structures circulaires qu’elle a développées dans le courant des années 1970 comme représentations de l’univers. De fait, face aux souffrances et aux violences du monde qui l’entoure, l’artiste a souhaité exprimer que l’univers est fait de lumière, de couleur et d’énergie. Elle délivre ainsi, décliné en quatre baies, un message de paix en affirmant que :

« La Lumière est Vie

La Vie est Amour

L’Amour est Joie

La Joie est Paix. »

La réalisation des quatre verrières chartraines s’est achevée à l’été 2019. Elles seront offertes à la vue des visiteurs à l’issue des travaux d’aménagement du trésor, à l’automne 2021. Elles sont comme l’aboutissement d’une vie de recherches destinées à sublimer les œuvres peintes en une pure lumière.