À l’occasion des journées européennes du patrimoine, la Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne met à l’honneur son patrimoine sportif protégé au titre des monuments historiques ou labellisé Architecture contemporaine remarquable.
Qu’est-ce qu’un monument historique ? Un monument historique, inscrit ou classé, peut être un objet ou un immeuble, qui reçoit cette protection juridique du fait de son intérêt historique, artistique, scientifique ou encore technique. Ces critères permettent d’englober un patrimoine très varié : églises, châteaux, patrimoine industriel, tableaux, sculptures, textiles, locomotives ou encore bateaux... Les notions de rareté, d’exemplarité, d’authenticité et d’intégrité des biens sont prises en compte dans les procédures pour obtenir cette reconnaissance.
Leur particularité reste leur valeur d’usage : les architectures sont habitées, les objets mobiliers sont utilisés. À la différence des objets de musées, leur valeur patrimoniale doit s’articuler avec le maintien de cette utilisation. L’inscription au titre des monuments historiques est le premier degré de protection, décidé au niveau régional, le classement au titre des monuments historiques le degré le plus élevé, décidé au niveau national. Les deux niveaux de protection entraînent des droits et des devoirs différents pour les propriétaires. L’État apporte son soutien scientifique, technique et financier aux projets d’étude, d’entretien, de réparation ou de restauration des monuments historiques protégés. Cette protection vise en effet à maintenir l’intérêt patrimonial qui a justifié leur protection. Elle implique une responsabilité partagée entre les propriétaires et l’État en vue de leur conservation et de leur transmission aux générations présentes et à venir.
Patrimoine maritime
SEREINE
Bateau de plaisance dit Sereine © Ministère de la Culture
Sereine
Architecte : Henri Dervin
Lancement : 1951
Port d’attache : Concarneau
Protection : classé au titre des monuments historiques en 2001
Sereine est l’un des premiers bateaux de croisière des Glénans. Sa construction est due à Philippe Viannay qui découvre en 1947 dans les pages du magazine Le Yacht les plans d’un voilier correspondant à son projet de navigation autour du monde. L’architecte qu’il contacte alors, Henri Dervin, lui conseille d’autres plans qu’il a dessinés en 1944 et lui propose de découvrir un exemplaire du bateau en construction à Meulan. En 1948, Viannay initie la construction du voilier en Bretagne à Pont-Aven, d’où il est lancé. En 1999, l’école de voile des Glénans fait appel aux dons pour la réfection de Sereine et entreprend une démarche de classement au titre des monuments historiques en 2001 avec le projet de continuer à assurer la formation des moniteurs.
PEN DUICK
Pen Duick en navigation © wikipedia
Pen Duick, voilier Côtre
Date de construction : 1898
Architecte : William Fife III
Port d’attache : Lorient
Propriétaire : privé
Protection : classé au titre des monuments historiques le 5 avril 2016.
A l’origine, Yum est réalisé d'après les plans de William Fife III en 1898. Il est ensuite acheté en 1919 par Jacques Richepin qui le rebaptise Cora V. Acquis par Guy Tabarly, le père d’Éric en 1938, c'est à son bord que ce dernier apprend à naviguer. Sa coque a pourri dans les vasières après la guerre. Faute de pouvoir payer les travaux, son père le met en vente. Comme il ne trouvait pas d'acheteur, Éric persuade son père de le lui donner car il en est tombé amoureux depuis le premier jour.
Quelques années plus tard, en 1948, ne pouvant financer les travaux par un chantier naval Éric décide de sauver lui-même son bateau : il refait une coque neuve en appliquant des couches successives de tissus de verre et de résine polyester sur l'ancienne coque utilisée comme un moule mâle. La construction en polyester est alors à ses débuts, jamais on n'avait construit de voilier aussi grand et lourd. C’est la plus grande coque de ce type à cette époque.
C'est pendant un convoyage du Pen Duick, dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, qu’Éric Tabarly perd la vie en tombant à la mer, lors d'une traversée vers l'Irlande.
Pen Duick est la propriété de la famille Tabarly. Soigneusement désarmé, passant l'hiver sous un hangar de Bénodet, il est mis à l'eau chaque printemps. Il est classé au titre des monuments historiques le 5 avril 2016, ce qui a permis d’importants travaux de restauration pour permettre au cotre (petit navire à voile à un seul mât) de naviguer à nouveau.
GILLIAT V
Bateau de compétition voilier Gilliat V © Ministère de la Culture
Gilliat V, 5,50m Jauge Internationale
Architecte : Eugène Cornu, chantier de Joinville-le-Pont chez Dossunet sur une commande d’Albert Cado
Date : lancement en février 1954
Port d’attache : Brest
Propriétaire : privé
Protection : classé au titre des monuments historiques le 17 mars 2011
Gilliatt V est un 5,50m commandé par Albert Cado, régatier renommé dans les années 1940-1950, à l’architecte naval lui aussi renommé Eugène Cornu. Il est lancé en février 1954, après un chantier à Joinville-le-Pont près de Paris chez Dossunet, spécialisé dans les embarcations légères.
Gilliatt est la fierté d’Eugène Cornu, qu’il considère comme « un de ses plans les plus aboutis ». C’est le premier bateau disposant d’un tableau arrière inversé (le tableau est la partie émergée arrière de la coque d’un bateau) pour réduire le poids du pont et allonger la flottaison dynamique. Cornu a dessiné Gilliatt V dans réel un souci de performance.
Gilliatt est vainqueur de nombreuses courses. Il est actuellement à Brest où son propriétaire l’a acheté en 2002 après l’avoir découvert abandonné sur un terre-plein du port de Moulin Blanc. Malgré un séjour à terre éprouvant, tous les éléments structurants du bateau sont conservés. Son propriétaire entreprend alors aussitôt sa restauration, au cours de laquelle la totalité des peintures sont mises à nu et un certain nombre d’éléments remplacés. Cependant la coque n’a subi aucune déformation et la totalité de l’accastillage est d’origine : winchs, taquets, écoute de grand-voile avec pièce de fixation à la coque en bois d’acajou.
Sauvé de justesse par son propriétaire actuel, Gilliatt V est maintenant parfaitement conservé avec plus de 80% de ses éléments d’origines. Le bateau est classé au titre des monuments historiques en 2011 en raison de son état de conservation et sa place dans l’œuvre d’Eugène Cornu.
SOBRIA
Sobria avant restauration © Patrick Bigand
Voilier monotype chamois Sobria.
Date de construction : 1949, sur les dessins d’Eugène Cornu, chantier Jouët de Sartrouville, sur commande de la Société Nautique d’Enghien
Propriétaire : privé
Port d’attache : Douarnenez
Protection : avis favorable de la
CRPA
pour une inscription au titre des monuments historiques le 15 mai 2023
Sobria est le seul survivant d’une petite série de trois bateaux, créée en 1949 à l’initiative de la Société Nautique d’Enghien. L’objectif de la société était de remplacer le bateau emblématique du club, le monotype Chat dessiné en 1924 par Gaston Grenier, par un bateau de taille équivalente mais plus performant et au dessin plus moderne et plus performant. La navigation sur le lac d’Enghien remonte au milieu du XIXe siècle. La réputation de cette ville d’eau est rapidement établie grâce à la fréquentation de nombreux proches et courtisans de Napoléon III, dont sa sœur la princesse Mathilde, qui possédait un château sur les bords du lac. C’est au célèbre architecte naval Eugène Cornu que fût confiée en 1949 la conception de ce bateau, dont les plans originaux et uniques sont conservés par le propriétaire actuel de Sobria. Le chantier choisi fût le chantier Jouët de Sartrouville, référence dans la charpente navale.
Sobria constitue ainsi un maillon rare et important de l’histoire du yachting français, dessiné par un architecte français de renom, et construit par un chantier français de qualité. Son état d’entretien et de conservation est remarquable.
HOBBY III
Hobby III © Ministère de la Culture
Hobby III, 5m JI
Construction : 1944
Architecte : Knud Reimers, chantier Willi Dreher
Propriétaire : privé
Protection : classement au titre des monuments historiques le 18 mars 2016
Port d’attache : Douarnenez
Hobby III est un 5 mètres Jauge internationale construit en 1944 à Zurich par le chantier Willi Dreher sur le plan de l’architecte suédois Knud Reimers.
La jauge internationale, introduite en janvier 1907, représentait l’aboutissement de longues tractations entre les grandes nations du yachting. L’objectif des participants était de définir une règle qui permette la création de yachts de course répartis dans différentes séries en fonction de leur taille. Pour chaque série, les architectes avaient la possibilité de faire varier une série de paramètres à l’intérieur du cadre fixé par des règles de jauge.
Lors que son actuel propriétaire achète Hobby III en 2008, le bateau est en relativement bon état, malgré une longue exposition aux intempéries du fait de son stockage sous une bâche plastique dans un pré non loin de Genève. Sa restauration a été réalisée entre 2009 et 2010. Chose rare, l’accastillage (ensemble des accessoires de pont) est presque entièrement d’époque. Hobby III est l’illustration d’un petit yacht de course à la pointe de la compétition en 1944. C’est pourquoi il a été classé au titre des monuments historiques en 2016.
DANYCAN
Danycan Cliché extrait de la programmation Open Agenda © Patrick Bigand
Danycan, sloop bermudien
Architecte : Eugène Cornu, chantier Pierre Delmez Construction nautique
Lancement : 1949
Propriétaire : privé
Protection : classement au titre des monuments historiques le 28 mars 2011
Danycan, du nom d’une famille d’armateurs corsaires malouins, est un sloop bermudien construit sur les plans de l’architecte naval Eugène Cornu, et lancé sur le chantier Pierre Delmez Construction Nautiques le 19 juillet 1949. Cornu a donné l’impulsion initiale en matière d’élégance et de performance. Le Danycan s’est souvent illustré lors de régates nationales entre la Rochelle et Brest, ainsi que pour d’autres prix prestigieux comme Myth of Malham. Au sein de la Société des Régates Rochelaises, ce yachtman des années 1950 et 1960 a gagné de nombreux trophées. Un de ses équipiers familiers, entre 1954 et 1958, est Eric Tabarly, qui mentionne Danycan dans son ouvrage Mes bateaux et moi : "les bateaux de course au large manquant souvent d'équipier, mon père et moi nous engageâmes à bord de nos premiers coursiers locaux : Farewell à la Trinité, puis Danycan à la Rochelle. Nous vivions les débuts de la course croisière en France, l'époque de l'apprentissage."
Son propriétaire actuel tombe sous le charme des « superbes élancements » de Danycan, alors « en train de dépérir » sur les rives de la Rivière de Morlaix. Il n’avait pas été mis à l’eau depuis plus de vingt-cinq ans. Il l’achète en décembre 2008 et se donne alors dix ans pour atteindre l’objectif d’une restauration authentique. Le classement du navire au titre des Monuments historiques intervient quelques années après, en 2011. Ce chantier a été l’occasion d’importantes recherches menées par le propriétaire, qui ont permis de retracer le parcours de Danycan, ainsi que son aspect originel.
Depuis, le bateau accueille régulièrement des équipiers à son bord, son propriétaire souhaitant mettre l’accent sur la transmission d’un certain nombre de techniques classiques de navigation.
Patrimoine fluvial
LA BLOSSIERE – BOURG-DES-COMPTES
Un exemplaire de modèle réduit des collections du domaine de la Blossière © Ministère de la Culture
Domaine de la Blossière, Bourg-des-Comptes, Ille-et-Vilaine (35).
Propriétaires : famille Nugue.
Date de construction : à partir de 1852
Protection : inscription au titre des monuments historiques des bateaux et maquettes le 14 mai 2019 ; avis favorable à la protection au titre des monuments historiques de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture du 29 novembre 2021 pour le domaine de la Blossière
Le domaine de la Blossière est la propriété de la famille Nugue depuis le milieu du XIXe siècle. La maison d’habitation, d’inspiration néo-médiévale est complétée par un atelier et des hangars à canoës. Il s’agit d’un site de villégiature depuis le milieu du XIXe siècle. Son parc est remarquable avec un embarcadère en contrebas, permettant d’accéder directement à la Vilaine. Le domaine de la Blossière illustre ce mouvement social d’appropriation de l’eau plate et du temps libre : baignade, canotage sportif et de plaisance. En effet, René et Charles Nugue, en lien étroit avec la Société des régates rennaises, entreprennent au début du XXe siècle des recherches sur la navigation fluviale au sein de la propriété, le bras de la Vilaine en contrebas du domaine leur permettant de mettre en pratique leurs expériences. La Blossière conserve toujours aujourd’hui une collection remarquable de maquettes, témoins de ces travaux de recherche. Depuis 2022, l’ensemble du domaine, avec sa collection, sa maison et son terrain est inscrit au titre des monuments historiques, en vue d’une éventuelle mise en valeur prochaine, pour ce témoignage qu’il représente des plaisirs de la bourgeoisie rennaise de la fin du XIXe siècle.
NANA
Nana avant restauration © Patrick Bigand
Architecte : Fernand Delmez,
Propriétaire : privé
Protection : avis favorable de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture pour une inscription au titre des monuments historiques le 15 mars 2023.
Son propriétaire actuel trouve Nana en décembre 1993 dans les écuries d’un château surplombant la Seine aux Andelys à l’occasion d’un chantier. Simple, aux formes très élégantes, Nana est l’œuvre du constructeur Fernand Delmez, dont la plaque est toujours conservée sur la coque. Ce dernier aurait fourni à Emile Zola une yole en tous points semblables qui lui aurait servi à traverser la Seine pour rendre visite à sa maîtresse. Cette yole disparue dans les années 1980 s’appelait Nana, nom transmis alors par son propriétaire à la yole trouvée aux Andelys.
Nana est complète, planchers compris, il ne lui manquait que le safran et les avirons. Son propriétaire a alors pu restaurer le bateau sans remplacer de pièces. Le goudron qui tapissait les fonds de la yole été retiré. Plusieurs fentes ont exigé la mise en place de plaques d’acajou rivetées à l’identique de deux réparations anciennes.
Nana a été présentée lors de quelques expositions comme jalon de l’histoire du canotage, notamment en 2013 au San Francisco Museum of Fine Arts, à l’occasion d’une exposition sur les impressionnistes et leur rapport à l’eau. Elle y était exposée dans la salle principale, avec en arrière-plan un grand tableau de Monet. Son excellent état de conservation, et sa place de jalon dans l’histoire du canotage ont entraîné un avis favorable de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture pour une inscription au titre des monuments historiques le 15 mai 2023.
LA MAUVE
La Mauve © Ministère de la Culture
La Mauve, canot de plaisance
Date de construction : 1897
Chantier : Audierne (Jean Jaffry)
Port d’attache : Douarnenez
Protection : Classement au titre des monuments historiques le 12 mars 2015
La Mauve est un canot de plaisance construit en 1897 à Audierne par le charpentier de marine Jean Jaffry pour son usage personnel. Fait exceptionnel, ses lignes avant et arrière sont effilées pour optimiser la puissance de la propulsion mécanique. Sa particularité est d’être équipée d’une hélice à trois pales en fer sur moyeu en bois. Une selle et un guidon actionnant le gouvernail par des drisses complètent ce dispositif.
La Mauve s’inscrit entre le vélocipède nautique et les pédalos : monocoque à hélice et immatriculée comme un canot non ponté, son appellation singulière de canot à pédale est justifiée. La Mauve est un bateau à part entière. Si elle relève également de la catégorie désignée par l’appellation populaire de pédalo, c’est du fait de l’adoption d’un mode de propulsion supplémentaire, innovant, répondant à un usage spécifique, la promenade de plaisance, dans un milieu particulièrement typé, à la fois fluvial et maritime, l’estuaire du Goyen.
Il n’existe qu’un unique exemplaire un peu comparable de canot à pédales : un canot de chasse au canard du bassin d’Arcachon. La Mauve est respectée comme un bijou de famille par ses propriétaires, qui n’ont pas changé depuis sa construction, transmise depuis quatre générations.
Sa particularité et son excellent état de conservation ont motivé son classement au titre des monuments historiques le 12 mars 2015.
Espaces de pratiques sportives
COMPLEXE SPORTIF LE GALL-LE-NOUENNE – HENNEBONT
Accès au complexe sportif Le Gall – Le Nouenne ©Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA)
Complexe Sportif Le Gall – Le Nouenne,
Hennebont (56),
Construction à partir de février 1954,
Architectes : Jean Caillard, René Millot et Charles Perrin.
Label : avis favorable de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture en faveur d’une labellisation Architecture contemporaine remarquable le 5 décembre 2022.
L’association La Garde du Vœu est créée en 1909 pour « développer les forces physiques et morales des jeunes gens ». La construction de la salle Le Gall-Le Nouenne, conçue à la fois pour le sport et les spectacles, est entreprise en février 1954 sur les plans de trois architectes très actifs dans les secteurs lorientais de la Reconstruction : Jean Caillard, René Millot et Charles Perrin. En 1994 la salle devient propriété de la municipalité. La grande salle est aujourd’hui dévolue au tennis de table. Au niveau inférieur, le local est affecté au club de musculation.
Exemple de salle de patronage des années 1950, œuvre de trois architectes importants de la reconstruction d’Hennebont, cette salle est aussi l’un des seuls équipements sportifs de cette époque à être couvert d’un voile de béton et non d’une charpente métallique. Pour ces raisons, la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture s’est prononcée en faveur d’une labellisation Architecture contemporaine remarquable du complexe Sportif Le Gall – Le Nouenne d’Hennebont le 5 décembre 2022.
JEU DE PAUME, Rennes (35)
Ancien jeu de Paume, extrait de la programmation Open Agenda des JEP © Franck Hamon
Ancien Jeu de Paume
Rennes (35)
XVIe-XVIIe siècles
Inscrit au titre des monuments historiques le 23 juillet 2012.
L’ancien Jeu de Paume de Rennes, construit en bois et terre est probablement bâti au tournant des 16e et 17e siècles. La salle nommée « le Pélican » est ensuite vendue à la fin du 17e siècle pour le compte du Grand Séminaire puis transformée en chapelle. Lieu de stockage, elle devient en 1899 une conciergerie. Lorsque le jeu de paume prend la fonction d’hôpital militaire, il est entièrement cloisonné. Cependant, le système de poutres et de poteaux est encore très présent sur la façade arrière.
Ce bâtiment a été identifié comme ancien jeu de paume en 2010-2011, dans le cadre d’une étude commandée par la Ville de Rennes. L’historiographie locale avait conservé la mémoire de l’existence de cet ancien jeu mais on pensait que la chapelle du grand séminaire construite vers 1689 avait complètement détruit cet édifice, alors qu’il n’en est rien. Ce n’est que vers la fin du XVIe siècle que les jeux de paume sont revêtus d’une toiture. La datation de la charpente du jeu de paume de Rennes permet de supposer qu’il s’agit d’un des premiers jeux couverts.
Sa restauration récente a permis de lui rendre ses dispositions d’origine tout en l’aménageant pour un autre usage que celui d’origine.
Aujourd’hui, il ne reste plus que trois salles historiques conservées en France, dont le célèbre Jeu de Paume de Versailles. Le jeu de paume de Rennes pourrait, grâce à son état de conservation, devenir le quatrième jeu de Paume conservé, ce qui a justifié son inscription au titre des monuments historiques le 23 juillet 2012.
PISCINE SAINT-GEORGES, Rennes (35)
Piscine Saint-Georges, vue générale nord-ouest © DRAC Bretagne
Piscine municipale Saint-Georges
Date de construction : 1927
Architecte : Emmanuel le Ray
Protection : labellisée patrimoine du XXE siècle en 2000 puis classée au titre des monuments historiques le 26 octobre 2016
Élu maire de la ville de Rennes en 1908, Jean Janvier ambitionne de doter Rennes d’équipements publics nécessaires au maintien d’une bonne hygiène sociale et de réalisations de prestiges. C’est dans cet élan qu’est réalisée la piscine Saint-Georges, dont la construction est confiée à l’architecte Emmanuel le Ray.
Le maire demande alors d’accorder « plus de soin à l’aspect décoratif des façades », aussi le Ray porte une attention particulière au décor avec la mise en œuvre de mosaïque et de grès vernissés. L’ensemble du décor de mosaïque est confié à la maison Odorico, sur le thème de l’eau traité dans un style qui fait la transition entre Art nouveau et Art déco. L’architecte s’est inspiré des piscines de Nancy et Strasbourg pour leurs principes hygiénistes : sens de circulation stricte autour des vestiaires, des douches, des pédiluves et des bassins. L’utilisation de la mosaïque permet de répondre aux normes d’hygiène, car c’est un matériau imputrescible, lavable à grandes eaux, et qui résiste aux atteintes des rayons lumineux.
Peu modifiée et toujours en fonctionnement, la piscine Saint-Georges conserve une grande partie de ses aménagements intérieurs, ce qui lui a permis d’être labellisée au titre du patrimoine du XXe siècle en 2000 puis classée au titre des Monuments historiques le 26 octobre 2016, en tant que témoin représentatif de l’architecture monumentale hygiéniste de la première moitié du XXe siècle.
ÉCOLE NATIONALE DE VOILE - BEG ROHU , Quiberon (56)
École nationale de voile © DRAC Bretagne
École Nationale de Voile – Beg Rohu
Quiberon (29)
Construction terminée en 1963
Architecte : agence Guillou.
L’École Nationale de Voile de Beg Rohu, créée en 1963, est destinée à la formation des moniteurs de voile et à l’entraînement de ses champions. Trois missions sont alors définies : la formation des cadres pour les centres d’initiation au Nautisme, les clubs, les écoles de voiles et les centres de vacances ; le perfectionnement des jeunes sportifs ; l’étude et recherche au bénéfice de la pratique de la voile. Un service de documentation y est également créé.
Le site de Beg Rohu est établi à Saint-Pierre-Quiberon en raison de son climat et du régime de vent favorable dont il bénéficie. Dès 1965, les premiers stages sous l’appellation École nationale de voile ont lieu et les premiers bateaux sont achetés.
Le souhait de Joseph Chartois, directeur de l’établissement, est de créer un site à l’image des campus américains : l’ENV ne doit pas seulement comporter un pôle formation, mais aussi des locaux destinés à l’hébergement et la restauration des élèves, ainsi qu’à la logistique et la maintenance de la flotte. C’est à l’agence Guillou qu’est confiée la construction de l’école. L’agence construit alors de nombreux équipements relatifs aux sports et loisirs. L’École nationale de Voile de Beg Rohu est parfaitement caractéristique de sa production. C’est un programme particulièrement intéressant car unique en France et ayant conservé sa destination d’origine. Il reste un témoignage particulièrement représentatif d’une politique nationale en faveur des sports menée dans les années 60 et 70. L’ENV a pour cette raison fait l’objet récemment d’un vœu de labellisation « Architecture Contemporaine Remarquable ».
PLAGE DES FAMILLES , Pontivy (56)
Plage des familles © DRAC Bretagne
Plage des familles
Pontivy (56)
1938
Plans : M. Lecourt, architecte H. Le Cadre.
Label : avis favorable de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture en faveur d’une labellisation Architecture contemporaine remarquable le 5 décembre 2022.
La plage des familles de Pontivy est construite dans le quartier populaire du Tréleau, dont l’activité a toujours été en rapport avec l’eau : moulins, lavoirs… Le lieu est choisi en 1935 par la municipalité pour son rapport immédiat avec le Blavet. Pontivy se trouvant à une soixantaine de kilomètres des premières plages, les habitants avaient l’habitude de se baigner directement dans la rivière, ce qui posait des problèmes d’hygiène, de sécurité et de décence. La construction de la plage améliore par là-même l’économie locale en relançant l’emploi. Enfin, le lieu adopte une visée pédagogique en permettant de développer une pratique de la natation.
Quelque peu oubliée après la seconde guerre mondiale, la plage est fermée en 1973, car jugée en mauvais état par les services d’hygiène. Après quelques travaux, la plage ouvre à nouveau en 1982.
La plage est un lieu de sortie familiale. Chaque été, plus de 15 000 personnes s’y pressent. Véritable héritage culturel et historique de Pontivy, la plage conserve encore aujourd’hui cette vocation d‘accueil et de mixité sociale qui a motivé sa création. Dans l’ensemble des équipements nés de l’hygiénisme, cette plage municipale de plein air reste un type tout à fait singulier. Sa façade principale est un témoin de l’architecture Art Déco des années 1930. Pour ces raisons, la Plage des Familles de Pontivy a fait l’objet récemment d’un vœu de labellisation « Architecture Contemporaine Remarquable ».
HARAS NATIONAL DE LAMBALLE (22)
Haras de Lamballe © Ministère de la Culture
Haras national
Lamballe (22)
1783
Protection : inscription au titre des monuments historiques le 11 décembre 2015.
Le Haras de Lamballe fait partie de ceux créés à la fin du XVIIIe siècle. L’ordonnance royale du 16 janvier 1825 entérine le choix de ce dernier parmi les vingt-quatre dépôts d’étalons créés dans le pays à l’époque. Au milieu du XIXe siècle, l’importance du cheval dans ce territoire rural du Nord-Bretagne, le dynamisme des sociétés d’agriculture, la vogue grandissante des courses hippiques (celles de Saint-Brieuc qui débutent en 1807 comptent parmi les plus anciennes de France), la multiplication des sociétés hippiques, sont autant de facteurs et de relais d’influence qui militent en faveur du maintien d’un certain maillage territorial de l’administration des haras royaux.
Avec la fin de la monarchie de Juillet, l’administration des Haras fait désormais porter ses efforts sur les régions œuvrant à l’amélioration des chevaux de travail, comme la Bretagne, et nourrit de grandes ambitions pour Lamballe. Ce dépôt, de même que celui d’Hennebont, va se spécialiser dans le développement d’une nouvelle race, le Breton, en particulier le fameux postier, qui fera la gloire de la traction hippomobile et des unités d’artillerie légère de 1870 à 1940 mais également le grand trait, puissant cheval destiné aux travaux agricoles. L’abandon de Langonnet offre à la circonscription de Lamballe le Nord-Finistère, tandis qu’Hennebont récupère l’Ille-et-Vilaine avec le Sud-Bretagne.
Dans l’entre-deux guerres, face au développement de plus en plus important de la traction mécanique et de la perte d’utilité des chevaux plus légers dans l’artillerie, la production de postiers se maintient néanmoins à un niveau assez élevé par le jeu des concours et le dynamisme des sociétés hippiques, de telle sorte que la race bretonne devient la plus nombreuse en France à l’aube du second conflit mondial.
De nos jours, malgré la généralisation de la mécanisation agricole, le cheval breton reste un animal très prisé des éleveurs français, en raison notamment de son caractère énergique et de sa docilité (attelage de loisirs, tourisme, compétitions et concours agricoles, agriculture légumière, déforestation, boucherie etc.)
Les Haras nationaux sont aujourd’hui l’une des composantes de l’Institut français du cheval et de l’équitation. Cet établissement public administratif a pour mission de transférer les savoirs relatifs au cheval et à l’équitation, soutenir l’équitation et le sport de haut niveau, et assurer la traçabilité et l’information sur le cheval.
HARAS NATIONAL D'HENNEBONT (56)
Haras national © T. Deregnieaux
Haras national
Hennebont (56)
Créé en 1858
Protection : inscription au titre des Monuments historiques le 6 novembre 1995.
La volonté de Napoléon Bonaparte de créer Napoléonville sur la commune de Pontivy a conduit à la création, en 1807, du Haras de Langonnet, sur le site de l’abbaye du même nom, par la suite transféré de Langonnet à Hennebont par souci d’accessibilité. Dédié initialement à la sélection et la reproduction de chevaux de différentes races et berceau des imposants chevaux de traits bretons, le Haras d’Hennebont est devenu le témoin de la relation privilégiée entre l’Homme et le cheval.
Inscrit au titre des Monuments historiques, il est aujourd’hui l’un des sites équestres les plus réputés de France. Son architecture, son parc de 23 hectares, ses infrastructures et sa programmation riche sont autant d’atouts qui attirent, chaque année, plus de 70 000 visiteurs. Depuis 2004 le Haras est devenu un lieu incontournable du spectacle vivant équestre de création.
A consulter également patrimoine des sports du Conseil régional (service de l’Inventaire) :
Remerciements à Inès de Raguenel, Stagiaire CRMH, pour sa contribution essentielle à la réalisation de cette page.
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