Après avoir été consacrée « grande cause nationale » l’an dernier, la lecture mérite plus que jamais un engagement constant de la part des acteurs culturels. Premier volet de notre série : pleins feux sur le « quart d’heure de lecture ».
Qui saurait mieux exprimer les multiples bienfaits de la lecture que les auteurs eux-mêmes ? Pour la lauréate du prix Nobel 2022, Annie Ernaux, lire « c’est être téléporté dans un univers nouveau », c’est « laisser un être de fiction, ou le « je » de l’écrivain, occuper pleinement notre espace intérieur, nous entraîner vers son destin, nous émouvoir. C’est accepter aussi d’être dérangé, bousculé et, au final, transformé. Lire agrandit les capacités de compréhension du monde, de sa diversité et de sa complexité. »
Pour Daniel Pennac, le temps de lire est comme le temps d’aimer : un temps volé. « Volé à quoi ? Disons, au devoir de vivre », précise-t-il dans son livre Comme un roman. Tout au contraire de rétrécir la vie aux dimensions d’un devoir, la lecture, ajoute-t-il, « dilate le temps de vivre. »
Pour ces raisons et bien d’autres encore, le Centre national du livre (CNL) a lancé l’an dernier une initiative inédite, point d’orgue d’une année consacrée à la « lecture, grande cause nationale » : inviter tous les Français, où qu’ils se trouvent, à l’entreprise comme à l’école, chez eux ou dans la rue, à cesser toute activité pour s’offrir un quart d’heure de lecture. Après le succès de la manifestation l’an dernier, le CNL propose une nouvelle édition, plus riche et plus intense. Rendez-vous le 10 mars 2023 à 10h.
2022 : une première édition réussie
L’an dernier (et cette année également), le CNL proposait aux structures intéressées de faire connaître leurs actions en les référençant sur son site internet : près de 2000 l’avaient fait ! Une mobilisation massive et attendue des établissements scolaires, mais aussi 116 associations, 65 collectivités et administrations, 115 bibliothèques, médiathèques et réseaux de médiathèques.
Plus étonnant encore, 172 entreprises de toutes les tailles s’étaient invitées à la fête ! Et les quartiers, les places, les parcs et les villages n’étaient pas en reste, secondés par les réseaux sociaux, avec le mot-dièse #10marsjelis, que les parrains et marraines de la grande cause nationale (Mohammed Mbougar Sarr, Etienne Klein, Maylis de Kerangal, Emmanuel Guibert, Susie Morgenstern, Djaïli Amadou Amal) avaient renforcé de leurs interventions.
Certains participants ont même souhaité aller plus loin en exprimant un engagement ou un soutien dans une lecture publique, comme par exemple la lecture d’ouvrages d’auteurs ukrainiens, à l’heure où cette nation voit son identité culturelle menacée. Plus généralement, partout en France, avec une mention spéciale pour le Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi les territoires d’Outre-mer, on a volé sans scrupule ce quart d’heure de lecture à tout le reste et, sans aucun doute, on a bien fait !
2023 : de nouveaux objectifs
Même jour, même heure, pour la deuxième édition, soit vendredi 10 mars à 10h. Avec une même ambition : replacer la lecture au cœur de notre quotidien, lui redonner la place concrète d’une activité programmée, usuelle, naturelle, indispensable, attendue et aimée. Et un choix délibéré : enrichir et intensifier les événements proposés.
Il suffit de se rendre sur les réseaux sociaux (#10marsjelis) pour voir déjà fleurir toutes les propositions de lecture du 10 mars prochain, dans toutes les dimensions imaginées par les Français. Parmi les premières parues, citons par exemple la Médiathèque du Grand Longwy, qui donne rendez-vous dans ses locaux à ses lecteurs et lectrices, et, en attendant, donne le ton de la manifestation, en les photographiant en acte : pompiers de Longwy assis sur leur camion à échelle et plongés dans leurs livres, fleuriste assise parmi ses bouquets livre ouvert à mille mille (comme dit Saint-Exupéry dans Le Petit Prince) de toute terre habitée, etc.
Si vous êtes ou si vous passez par Lyon, vous pourrez, autre exemple, assister à un quart d’heure de lecture poétique au centre commercial de la Part-Dieu, organisé par la Bibliothèque municipale de Lyon et l’Espace Pandora, lui-même organisateur d’un festival à découvrir, festival d’écritures Magnifique printemps.
Quant aux Parisiens, ils trouveront au moins le musée d’Orsay et les bénévoles de l’association « Lire et faire lire », qui se livreront pour eux à des performances de lecture à voix hautes, sous l’horloge et la nef de l'ancienne gare. Ils leur préparent un programme passionnant de lectures liées aux collections du musée.
On souhaite que de plus en plus de personnes puissent participer, et de plus en plus de structures, autour de projets pérennes, comme la fondation de clubs de lecture, de rendez-vous de convivialité autour de boîtes à lire, de lancement d’invitations à des auteurs, et autres formats simples à inventer ou réinventer.