L’entrée de Maurice Genevoix et de « Ceux de 14 » au Panthéon a parachevé les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Grâce aux pouvoirs de l’écriture, il a donné à jamais une voix et un visage à tous les anonymes tombés pour la France lors de la Première Guerre mondiale.

C’est donc symboliquement avec l’entrée au Panthéon d’un écrivain – Maurice Genevoix, en l’occurrence – que le cycle des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, qui restera comme un temps fort de la mémoire nationale, a trouvé son point d'orgue mercredi 11 novembre 2020.

Genevoix - Panthéon

Moment fort d’unité nationale (« ils sont là, a martelé le Président de la République, tous ces Poilus venus de toutes nos provinces, de tous nos villages, (…) [mais aussi] soldats de l'Armée noire et des Troupes coloniales »), cette séquence mémorielle aura été aussi un signe emblématique de réconciliation européenne, en marquant – entre autres – l’unité retrouvée des anciens belligérants.

Maurice Genevoix repose désormais avec ses frères et ses sœurs d’armes, dont il avait retracé la geste dans toute une série de récits au réalisme sans concession qu’il rassemblera, en 1949, dans un témoignage magistral : Ceux de 14, dont le manuscrit, exposé au Panthéon, rejoindra les collections de la Bibliothèque nationale de France à qui ses descendants l’ont confié.

Mémoire de la Grande Guerre et création contemporaine

Sollicités pour la cérémonie, deux des plus importants créateurs d’aujourd’hui ont mêlé leurs voix à celles de Maurice Genevoix et de tous les morts de la Grande Guerre. Il s’agit de l’artiste allemand Anselm Kiefer, dont l’œuvre est habitée par les ravages de l’Histoire, et du musicien français Pascal Dusapin, qui a su retrouver, à travers des accents très contemporains, une mémoire venue du fond des âges.

Anselm Kiefer - Genevoix - Panthéon

A travers vitrines monumentales et tableaux, Anselm Kiefer exprime, selon le Président de la République, « la mystique de ces errances nocturnes, les destins stellaires, les vies fauchées entre ciel et terre, les vestiges d'un quotidien : vêtements, barbelés, bicyclettes, fleurs perdues dans la boue, épis de blés, livres ».

Les chants composés par Pascal Dusapin, ponctués par les noms des combattants de Ceux de 14, « habitent l'espace de cette cathédrale laïque pour accompagner chacun ». « Ici, ils reprennent leurs droits », a conclu le Président.

A travers ces commandes publiques pérennes au Panthéon (les premières depuis 1924), la création contemporaine reprend - et de quelle manière - une place éminente au sein de la mémoire de la Nation.