Audrey Azoulay a lancé ce matin la première édition du "Week-end des FRAC", une opération portes ouvertes destinée à accueillir, les 5 et 6 novembre, de nouveaux publics. Entretien avec Bernard de Montferrand, président de Platform, l’association qui regroupe les vingt-trois Fonds régionaux d’art contemporain.
Cette première édition du "Week-end des FRAC" n’est-elle pas, sur un temps resserré, l’illustration par excellence de leur mission cardinale : rendre l’art contemporain accessible à tous ?
Notre exigence de tous les instants est d’imaginer de nouvelles manières de faire aimer l’art de notre époque et les artistes qui le créent. Tel pourrait être le mot d’ordre de ce premier "Week-end des FRAC". Si aujourd’hui de nombreuses personnes hésitent encore à entrer dans un musée ou une institution culturelle, c’est parce qu’elles ont trop souvent l’impression que ces lieux ne s’adressent pas à elles. Les FRAC, dont les collections sont les plus montrées de France, ont l’ambition, comme beaucoup d’autres institutions mais avec une spécificité et des méthodes qui leur sont propres, et surtout grâce à la présence des artistes, de rendre accessibles non seulement les œuvres mais aussi les lieux les plus divers qui les accueillent.
23 FRAC, c’est 23 manières de découvrir l’art contemporain, de soutenir de jeunes artistes et d’atteindre de nouveaux publics
Cette première édition semble en effet résolument placée sous le signe de la rencontre entre le public et les artistes.
L’une des caractéristiques des FRAC est de travailler très étroitement avec les artistes. Ils sont souvent parmi les premiers à acquérir leurs œuvres. Ils les accompagnent dans toute leur activité créative et leur permettent de dialoguer avec le public. Voilà pourquoi nous avons mis les artistes au cœur de ce premier "Week-end des Frac". Ils seront nombreux à y participer et je suis sûr qu’ils trouveront les mots pour faire découvrir les œuvres et convaincre les visiteurs que l’art est là pour leur apporter une clé de compréhension d’eux-mêmes et de notre monde.
Depuis quelques années, les Frac ne cessent de jouer la carte du collectif. Faut-il y voir la volonté d'accroître leur visibilité autant que celle de stimuler une saine émulation entre eux ?
Les FRAC ont tous les mêmes missions mais les remplissent de manière extrêmement diverse. 23 FRAC, c’est 23 manières de découvrir l’art contemporain, de soutenir de jeunes artistes et d’atteindre de nouveaux publics. Il me semble qu’il faut à tout prix préserver cette diversité qui est une des raisons de la vitalité de la scène française. Cette diversité n’empêche pas que nous avons beaucoup à gagner à travailler en commun. C’est ce que nous faisons par exemple dans le cadre de la réflexion que nous menons suite à la réforme des régions. Si depuis 30 ans, les FRAC ont réussi à être présents et acceptés dans le paysage français, c’est parce qu’ils se sont constamment renouvelés, qu’ils ont non seulement dialogué entre eux, mais avec l’ensemble de leurs partenaires. Ce week-end est un coup de projecteur sur la vitalité des FRAC, il les met en pleine lumière pour que de nouveaux publics viennent à eux.
De nouvelles manières de faire aimer l’art de notre époque et les artistes qui le créent
L’opération sera d’ailleurs largement relayée dans les médias.
Si depuis 60 ans des efforts considérables ont été faits pour élargir le public de l’art contemporain – les Frac accueillent 1,6 million de visiteurs par an – on continue à se heurter à un plafond de verre. Raison de plus pour poursuivre nos efforts. Les médias jouent sur ce plan un rôle irremplaçable. D’où les nombreux partenariats – avec France Culture, Le Monde et Télérama notamment – mis en place à l’occasion de cette première édition du week-end des Frac.
À quoi jugerez-vous que cette première édition aura été une réussite ?
Ce sera une réussite si, dans tous les FRAC et tous les lieux qui accueilleront des manifestations dans le cadre de ce week-end, nous arrivons à convaincre un nouveau public de passer la porte, et s’il y trouve un climat d’accueil, de disponibilité et de recherche créative qui est la marque des FRAC.
FRAC : opération portes ouvertes les 5 et 6 novembre
Le sait-on suffisamment ? « La réunion des collections des vingt-trois FRAC constitue la troisième collection publique d’art contemporain en France, avec près de 26 000 œuvres signées par plus de 5 000 artistes », a rappelé Audrey Azoulay lors du lancement, mardi 25 octobre, de la première édition du Week-end des FRAC, qui aura lieu les 5 et 6 novembre prochains. Une précision qui montre l’étendue – et la qualité – du rôle que ces institutions atypiques ne cessent de jouer partout en France pour sensibiliser le plus grand nombre à l’art contemporain. « La création des FRAC en 1982 participait d’un grand geste de démocratisation et de popularisation de la culture et de l’art contemporain. La culture partout et pour tous reste la mission principale du ministère de la Culture et de la Communication aujourd’hui », a résumé Audrey Azoulay. C’est pourquoi il ne faut pas manquer de découvrir, à l’occasion du week-end portes ouvertes que propose Platform, l’association des FRAC, la richesse de leurs actions – débats, visites guidées, promenades sonores, ateliers numériques – mais aussi – c’est plus inattendu – l’envers du décor à travers notamment des moments d’échanges privilégiés avec des artistes .