Plus qu’un thème, l’Ardeur est l’emblème de la 20e édition du Printemps des poètes, qui célèbre l’extrême vitalité de la parole poétique. Entretien avec Sophie Nauleau, sa nouvelle directrice artistique, en marge du lancement de la manifestation au ministère de la Culture, le 1er mars.
Placée sous le signe de l’Ardeur - le « souffle même de la poésie », selon vous - que nous réservera, du 3 au 19 mars, cette vingtième édition du Printemps des Poètes ?
Un surcroît d’oxygène, d’azur et de surprises ! Et ce, grâce à des milliers de rendez-vous donnés par tous : poètes, comédiens, bénévoles, enfants, institutionnels… Des actions poétiques seront menées partout et pour tous, dans les théâtres, les métros, les gares, les hôpitaux, les prisons, les bus, les villes, les écoles et les jardins publics.
Le Printemps des poètes 2018 prendra son essor avec un spectacle d’ouverture, « Ardeur, le Grand Soir », en région, au TNP de Villeurbanne, en présence de Jean-Marc Barr notre parrain, mais aussi des poètes Serge Pey et Édith Azam. La soirée de clôture aura, elle, lieu au Théâtre de la Porte Saint-Martin, en hommage aux poètes fétiches de Laurent Terzieff, avec Sylvia Bergé, Vincent Dedienne, Catherine Hiegel, Hugues Quester, François Marthouret, Robin Renucci ou encore Fabrice Luchini !
Entre les deux, plus de quinze jours seront dédiés à la poésie qui rend la vie plus vaste et l’esprit plus ardent.
La parole poétique vient par effraction dérégler les logiques érodées
Le Printemps des poètes n’est pas seulement une manifestation nationale et internationale : avec le Centre national pour la poésie, son action s’inscrit dans le long cours. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ses missions ?
En effet, le Centre National pour la Poésie œuvre tout au long de l’année, afin que la poésie soit entendue et défendue. Via notre site internet, qui en train d’être entièrement refondu, nous rendons comptons de la richesse des parutions, de la variété des évènements poétiques, des biographies et des bibliographies des poètes, ainsi que de leur actualité. Mais nous proposons également des formations, des répertoires d’actions, des prix tel le Prix Andrée Chedid du Poème Chanté qui fête sa dixième année ou encore le Prix des lecteurs Lire et Faire Lire, à destination de la jeunesse…
Déjà 340 Écoles en Poésie, près d’une centaine de Villes et Villages en Poésie que nous suivons au fil des saisons. Bref, il s’agit d’innerver le territoire jusqu’à l’international et de témoigner de cette extrême vitalité de la parole poétique qui vient toujours par effraction briser l’ordre des discours, dérégler les logiques érodées et ouvrir l’espace des rendez-vous soudains ; des rendez-vous qui sont, par l’entremise de quelques vers débusqués, autant de coups de foudre offerts en libre accès.
Vous avez, cette année, succédé à Jean-Pierre Siméon à la direction du Printemps de poètes. Quelles impulsions souhaitez-vous donner lui donner ? Quelles sont vos priorités et vos objectifs à long terme ?
Jean-Pierre a donné une telle envergure au Printemps des Poètes qu’en reprendre la barre est déjà un défi. Je souhaite non seulement ne pas ralentir l’élan déjà considérable des éditions précédentes, avec toutes ces rencontres, lectures, publications et récitals initiés en France et dans le monde, mais surtout redoubler d’ardeur et d’inventivité afin d’être à la hauteur de la parole des poètes. « Hâte-toi de transmettre », écrivait René Char au siècle dernier. Le 21e siècle sera poétique. Sa modernité ne m’effraie pas, au contraire, la poésie a toujours su garder une longueur d’avance.
En somme je voudrais, c’est un vœu ambitieux, être digne des vers que nous avons choisis cette année comme autant d’incitations à habiter poétiquement le monde. Avec Mohammed Khaïr-Eddine : Poésie ma liberté mon pain de soleils vibrants ! Avec Claude Pélieu : Je suis l’accélérateur du temps exaspéré. Et Adonis de renchérir : Avec le doute et la joie, tu fraternises ardemment.
Françoise Nyssen s'engage pour la poésie
Lors du lancement de la 20ème édition du Printemps des Poètes, le 1er mars, Françoise Nyssen a rappelé l'importance du rôle joué au quotidien par la poésie, qui "[résiste] au pessimisme, au cynisme, à la mesquinerie".
Accompagnée par le comédien Jean-Marc Barr (photo ci-contre), parrain de la 20e édition de la manifestation qui se tiendra du 3 au 19 mars, la ministre de la Culture a assisté à une démonstration de la garde républicaine dans les jardins enneigés du Palais-Royal. Centrée sur la forge et le pouvoir créateur du feu, celle-ci rendait un hommage original et évocateur au thème du Printemps des Poètes 2018 : l'Ardeur.
Françoise Nyssen est également revenue sur l'annonce prochaine d'un grand plan d'itinérance pour l'art et la culture, en réaffirmant sa volonté de voir "les œuvres et les artistes [circuler] sur les routes de France, [poser] des tréteaux là où il n'y a pas de scène, [déployer] des toiles éphémères là ou il n'y a pas de cinéma et [exposer] les œuvres là où il n'y a pas de musées".