Grâce à l’action du ministère de la Culture et de la Communication, un album exceptionnel de photographies de Gustave Le Gray, des dessins de la main de Rimbaud et un panorama de la création russe contemporaine viennent d’entrer dans les collections nationales. Retour sur cet enrichissement patrimonial.

En 2016, on s’en souvient, une exceptionnelle donation venait enrichir les collections du musée d’Orsay. « C’est pour son engagement pour l’art, pour la qualité de la valorisation de l’art dans nos musées qu’un couple d’américains, Spencer et Marlène Hays, a donné à la France et au musée d’Orsay une collection pour laquelle les musées américains se seraient damnés et qui est la plus importante donation jamais faite à la France au moins depuis 1945 », avait souligné la ministre de la Culture et de la Communication. En ce début d’année, c’est le même « engagement pour l’art » que l’on retrouve à travers des acquisitions d’œuvres d’art qui participent, chacune dans son domaine, à l’enrichissement – et au rayonnement – des collections françaises.

La BnF acquiert un album de clichés de Gustave Le Gray

Classé Trésor national par le ministère de la Culture et de la Communication en raison de son intérêt historique majeur, un album d’une centaine de photographies de Gustave Le Gray – le photographe du Tout-Paris du Second Empire, mais aussi l’auteur de célèbres marines et d’un inventaire du patrimoine monumental de la France – est entré le 17 janvier dans les collections de la Bibliothèque nationale de France (BnF). « Unique en son genre de par son histoire et sa nature, cette œuvre majeure constitue un témoignage exceptionnel sur l'art du portrait photographique sous le Second Empire », a indiqué la BnF.

L'album rassemble plus d'une centaine de clichés inédits, réalisés entre 1855 et 1860, de grandes figures de l'époque dont des portraits du romancier Alexandre Dumas, du prince Murat ou encore du poète Théodore de Banville. Au total, on compte 113 épreuves, dont plus de la moitié sont les seules connues à ce jour. L’album, qui a appartenu notamment à Alfred de Vigny, a rejoint les collections du département des Estampes et de la photographie de la BnF, qui conserve déjà un remarquable ensemble de l'œuvre d’un des photographes phares du XIXe siècle.

Le musée de Charleville-Mézières présente des dessins d’enfance de Rimbaud

Préemptés le 8 février grâce au soutien financier du ministère de la Culture et de la Communication, un ensemble de sept dessins de la main du jeune Arthur Rimbaud – six d’entre eux ont été réalisés en 1865, quand le futur poète était âgé de dix ans – rejoindra le musée Rimbaud de sa ville natale,  Charleville-Mézières. « Ces dessins exceptionnels sont les seuls attribués avec certitude au poète. Ils reflètent l'univers d'un jeune poète déjà critique vis-à-vis du monde qui l'entoure », estiment Frédérique Parent et Benoît Puttemans, les experts de Sotheby's pour cette vente.

Narratifs et dialogués, ces Plaisirs du jeune âge – c’est leur titre –, évoquent, à la manière d’une bande dessinée, l'univers de l'enfant Rimbaud. Ainsi, le dessin portant le titre autographe « L'Agriculture » montre peut-être Arthur – ce serait alors son premier autoportrait – avec son frère Frédéric et ses deux petites sœurs, Vitalie la cadette, et Isabelle l'aînée. Le dessin « La messe » est une parodie de baptême, dont on retrouvera un écho, vers 1869, dans sa nouvelle « Un cœur sous une soutane » et plus tard dans « Les Premières Communions », un poème recueilli dans les Poésies (1871).

Le Centre Pompidou reçoit une donation d’œuvres russes contemporaines

De 1950 aux premières années du XXIe siècle, c’est un véritable panorama de la création en Russie qui entre, grâce à deux donations exceptionnelles de la Fondation Potanine, dans la collection du musée national d’art moderne du Centre Pompidou. Présentées lors de deux expositions, « Kollektsia ! » et, à partir du 27 février, « Kollektsia + » pour les œuvres les plus contemporaines, les quelque 250 œuvres réunies donnent à voir la richesse d’un art né en marge du cadre officiel, dont le Sots Art, mouvement apparu pendant la perestroïka, reste la tendance la plus emblématique.

Au moment où les festivités marquant son 40e anniversaire battent leur plein, le Centre Pompidou poursuit sa politique d’ouverture à de nouveaux champs de l’art moderne et contemporain. « La fondation est heureuse de pouvoir contribuer à la constitution d’une collection d’art russe contemporain dans un musée aussi prestigieux que le Centre Pompidou », justifie Oksana Oracheva, directrice générale de la Vladimir Potanin Foundation. A travers l’enrichissement significatif de ses collections, il conforte la place centrale du musée national d’art moderne abrité en son sein, la première en Europe.