La Fémis, la prestigieuse école de cinéma, ouvre cette année une formation consacrée à l'écriture des séries. Une première saluée par la visite le 9 septembre d'Aurélie Filippetti qui se rendra également au Festival de la création TV à la Rochelle du 11 au 15 septembre. Trois questions à Marc Nicolas, directeur général de la Fémis.
La Fémis ouvre cette année ses métiers de cinéma à la télévision. Des métiers si différents?
On n'écrit pas de la même manière à la télévision et pour le cinéma. Pour la télévision, il faut rentrer dans une grille de programmes, correspondre à une durée déterminée, un format particulier alors qu'avec le cinéma, on est dans une approche davantage liée à l'art. La série est un genre en soi, avec ses spécificités : longueur de scénario, épisodes, rapidité d'écriture, travail collectif. Aujourd'hui, la France manque de scénariste pour la télévision alors qu'ailleurs, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, ou dans les pays scandinaves, on remarque une vraie professionnalisation du métier.
Pourquoi ce retard?
Les États-Unis s'inscrivent depuis la fin des années 1950 dans une longue tradition de la fiction télévisuelle. Puis, à la fin des années 1990, début des années 2000, on assiste à un nouvel âge des séries, avec l'éclosion de chaines dédiées, comme le réseau HBO. En France, le cinéma domine et s'impose comme une référence en matière de fiction. Dès les années 1970, la télévision publique diffuse un film un soir sur deux. Les intellectuels ont dénigré la télé. Si le cinéma reste une invention commune à la France et aux États-Unis, la cinéphilie, elle, est une invention française. Ce qui a obstrué en quelque sorte la créativité à la télévision.
Mais les temps changent...
Oui. Les chaines, Canal + en tête depuis dix ans, produisent des séries. La richesse des talents est là, comme en témoignent les séries, Engrenages, Braquo, Maison close ou les Revenants, de vraies réussites en France, et qui s'exportent avec succès aux États-Unis comme en Grande-Bretagne. De la même manière qu'en musique, ou en littérature, la spécificité française dans les séries s'incarne et trouve un public de plus en plus large. À la Femis, nous sommes à la fois un conservatoire qui perpétue une histoire, des savoirs, mais aussi un véritable laboratoire d'idées et d'expérimentation. C'est ce mélange-là en pleine mutation, d'audace et de tradition, qui forme les artistes de demain.
Commencée en septembre 2013, ce cursus d'une année à temps plein unique en France, à l'initiative de Marc Nicolas, directeur général, est encadré par des professionnels du secteur comme les scénaristes Franck Philippon, (Maison close, et de plusieurs mini-séries), le scénariste américain Franck Pugliese, (Borgia et Homicide), des producteurs comme Emmanuel Daucé (Un village français), des diffuseurs. Il a pour objectif l'apprentissage des techniques d'écriture propres à la série télévisée. Organisée selon trois axes principaux (connaissance du secteur, écriture d'un épisode d'une série déjà existante et d'une série originale, réalisation), la formation sélectionne par concours des étudiants de moins de 30 ans dotés déjà d'une certaine expérience dans l'écriture. La promotion 2013 compte une douzaine d'étudiants.