Alors que Livre Paris va être inauguré le 23 mars par le Président de la République la ministre de la Culture et de la Communication, le Centre national du livre publie les résultats du baromètre réalisé tous les deux ans par Ipsos sur "les Français et la lecture". Principaux enseignements : ces derniers lisent autant voire plus qu’en 2015 et aimeraient avoir le temps de lire davantage.

« Nous avons à la fois des raisons de nous réjouir et des raisons de nous inquiéter », a souligné Vincent Monadé, directeur du Centre national du livre (CNL), en revenant, le 21 mars, sur les grandes tendances de l’enquête réalisée par Ipsos sur « les Français et la lecture en 2017 ». Ce baromètre répond à un triple objectif : suivre l’évolution des pratiques et des perceptions de lecture des Français vis-à-vis du livre et de la lecture ; mieux comprendre les raisons d’éloignement et de la baisse de la lecture ; faire venir ou revenir à la lecture les publics qui en seraient éloignés.

- Les Français sont toujours autant lecteurs qu’en 2015. Malgré le ralentissement connu par le marché du livre depuis plusieurs années, 84 % des personnes interrogées déclarent lire – dont 60 % « beaucoup » à « moyennement ». Neuf Français sur dix ont lu au moins un livre, quel que soit son genre, au cours de l’année écoulée.

- On note une progression sensible de la lecture sur support numérique, avec 24 % de lecteurs ayant lu au moins un livre numérique contre 19 % en 2015. Cette « digitalisation des pratiques » est particulièrement flagrante chez les femmes, où la lecture de livres numériques a progressé de 8 % au cours de ces deux dernières années. Le nombre de livres lus – papier et numérique confondus – a donc logiquement augmenté, passant de 16 à 20 livres entre 2015 et 2017.

- Une diversification des circonstances de lecture est constatée. « On recommence à voir des livres dans le train, le métro ou le bus », se réjouit Vincent Monadé. Si les Français lisent toujours autant à domicile, ils lisent également de plus en plus en dehors de chez eux, que ce soit dans les lieux publics ou les transports en communs.

- Les achats de livres d’occasion et la vente en ligne progressent, au détriment des achats en librairie. Si 52 % des personnes interrogées expliquent qu’elles n’achètent pas en librairie faute d’en avoir une à proximité de leur domicile, 32 % d’entre elles affirment que le prix des livres y est plus élevé qu’ailleurs, signe d’une méconnaissance persistante de la loi sur le prix unique du livre en vigueur depuis… 1981. Pour contrebalancer la progression du livre d’occasion, le CNL va présenter un nouveau dispositif d’aide qui, à partir de juin, permettra aux éditeurs de faire davantage connaître leurs auteurs auprès des librairies indépendantes. « Lorsqu’une rencontre se fait entre un libraire et un livre, les chiffres de vente suivent », affirme Vincent Monadé.

- La lecture est plus que jamais considérée comme une valeur refuge, permettant d’oublier les soucis du quotidien et de mieux comprendre le monde. 27 % des Français lisent avant tout pour approfondir leurs connaissances 22 % pour se faire plaisir, 17 % pour s’évader et 14 % pour se détendre. 63% des Français aimeraient lire davantage et le principal frein à la lecture, perçue comme un véritable loisir, reste le temps. Si elles en avaient davantage, le fait de lire serait l’une des trois activités privilégiées par les personnes interrogées avant une sortie culturelle au musée, le cinéma ou la télévision.

- De nombreuses disparités persistent toutefois dans l’accès à la lecture. Elles sont d’abord familiales et sociales, avec des pratiques de lecture qui restent très largement dépendantes du contexte familiale pendant l’enfance : 20 % des Français dont les parents ne lisaient pas sont devenus eux aussi des « non-lecteurs » tandis que 36 % des Français dont les parents lisaient souvent sont aujourd’hui de grands lecteurs. Mais ces disparités se trouvent également liées à l’âge et au sexe des personnes interrogées : ceux qui considèrent lire « beaucoup de livres » restent avant tout les femmes (30%) ainsi que les seniors de 50 à 64 ans (30%) et de 65 ans et plus (29%). En « sortant les livres des lieux qui leur sont dédiés », Vincent Monadé souhaite leur redonner le statut « d’objets de plaisir ».

Audrey Azoulay : « Le livre, c’est la liberté »

Développer l’accès à la lecture pour tous les Français, en particulier les plus jeunes : telle est l’ambition première qui guide l’action d’Audrey Azoulay en faveur du livre et de la lecture. Pour cela, la ministre de la Culture et de la Communication a lancé plusieurs initiatives. « En janvier, aux quatre coins de la France, s’est déroulée la première édition d’une Nuit de la lecture dans les bibliothèques, en partenariat avec les librairies indépendante. Parce que le livre, c’est la liberté. Parce que les bibliothèques, c’est l’égalité des chances et l’émancipation. Parce que les librairies, c’est la diversité sur tout le territoire. Je veux aussi saluer le succès cet été de la 2ème édition de Partir en Livre, une grande opération destinée à la jeunesse », a détaillé Audrey Azoulay