Derniers-nés de la galaxie des Micro-Folies, les Micro-Festivals élargissent l’offre culturelle de ces plateformes innovantes.

Spectacles, performances, ateliers, rencontres, expositions…. Depuis 2020, les Micro-Festivals et leurs propositions artistiques pluridisciplinaires participent pleinement à l’animation du réseau des Micro-Folies. Retour sur quatre d’entre eux.

Création numérique : faire voir et entendre les habitants d’une petite commune

Direction Sainte-Foy-la-Grande, en Gironde. C’est là qu’est né « My Generation », le projet photo/audio d’Anthony Bacchetta, auteur, compositeur, scénographe, qui présente, « à la manière de JR », précise l’artiste, des portraits XXL de commerçants de la ville installés le long de l’avenue principale. Ce n’est pas tout : ces portraits sont complétés par des bornes sonores qui donnent à entendre leurs voix, que les « gens pouvaient écouter depuis leur voiture ».

Installé depuis plusieurs années dans la commune, dont la population et les commerces se sont peu à peu clairsemés, Anthony Bacchetta n’en est pas à son coup d’essai, lui qui, par le passé, a notamment accroché des photos sur les volets fermés des maisons abandonnées ou travaillé avec les gens du voyage. Le succès de « My Generation » a été tel que, depuis, les nouveaux projets s’enchaînent sur le même modèle. Aujourd’hui dans un centre social de Sainte-Foy-la-Grande, demain dans une cité de Bergerac, un Ehpad, ou encore un studio d’enregistrement de Monbazillac où vont être réalisés des portraits de rappeurs… Pas de vidéo : « J’aime l’écoute – la qualité sonore doit être optimale – et que les gens ensuite puissent se faire leur propre film », dit Anthony Bacchetta. L’ensemble a été réalisé lors d’ateliers auxquels le public était convié. « C’est en ce sens que l’on peut parler de festival, d’une autre forme de festival ».

Bande-dessinée : accompagner l’imaginaire des enfants en partant d’une BD

Accueillie en résidence en amont de sa participation en 2020 à « BD à Bastia » où son travail était exposé, l’autrice-dessinatrice Loren Capelli, formée à l’école supérieure d’art d’Épinal, y a puisé la matière d’un Micro-Festival entièrement conçu autour de son album Cap ! (éditions Courtes et longues) Prolongeant la fiction qui met en scène une petite fille qui se ballade en forêt, Loren Capelli est allée dans un Fab Lab à Corte où elle a réalisé « une boîte avec des compartiments contenant le livre, mais aussi les matériaux – châtaignes, marrons, bouts de bois, cailloux… – que la petite fille ramasse quand elle se promène, et dont elle se sert ensuite pour faire des dessins éphémères ». Une boîte qu’elle a ensuite mise entre les mains des enfants, à charge pour eux de faire leurs propres dessins éphémères.

« Avec très peu de moyens, il s’agissait d’emmener les enfants dans leur univers » dit Loren Capelli, qui n’aime rien tant qu’accompagner au mieux un livre une fois qu’il est sorti. « Je n’étais pas là pour leur apprendre quelque chose, c’était davantage un accompagnement, un dialogue s’installait, je me sentais spectatrice, c’était beau. Si c’est un serpent que les enfants voient, c’est un serpent, et ça ne se discute pas ». Un premier Micro-Festival qui ne devrait pas être le dernier !  

Magie : comprendre la fabrication d’une image par la magie

« Le spectacle que je présente dans le cadre des Micro-Festivals a pour but de faire comprendre aux petits le principe de persistance rétinienne », explique Guillaume Hoenig, Ce sont les ateliers qu’il a l’habitude de mener en milieu scolaire à côté de son activité de réalisateur et de directeur de la photographie, qui lui en ont donné l’idée. « Lorsque je propose aux enfants de faire du cinéma image par image, ils ont du mal à établir un lien entre ce qu’ils font et ce qu’ils voient sur leurs tablettes », poursuit-il. Résultat : L’Écran magique, spectacle de 45 minutes pour les six-douze ans, joué pour la première fois dans le cadre d’un Micro-Festival à Narbonne, dévoile les coulisses de la création de l’image animée.

« Je pars de la préhistoire, d’un os sur lequel sont gravées une antilope aux jambes tendues sur une face, et une seconde aux jambes repliées sur l’autre, puis j’en viens aux jeux optiques du 18e siècle, et enfin, au film image par image à l’aide d’un grand écran sur lequel j’anime des formes, et d’un autre, où je projette le résultat de l’animation ». Le spectacle est accompagné en amont d’ateliers avec trois dispositifs de tournage, les enfants pouvant animer leurs propres films sur des plateaux pendant une à deux heures. « C’est formidable, ça marche. Non seulement les enfants comprennent mais les adultes qui les accompagnent – parents, grands-parents – sont eux aussi surpris ! ».  

Création numérique : quand la photographie devient peinture

Le light painting est une « technique photographique d’exposition longue », dit Oussman Noreni, qui, depuis dix ans qu’il la pratique, en a fait « un moteur de vie ». Une définition qui en rappelle l’origine – Etienne-Jules Marey, le pionnier de la photographie, n’est-il pas connu pour être le premier light painter ? – quand la définition anglaise met uniquement l’accent sur la lumière : sa captation et son modelage au gré des envies de l’artiste. « J’inclus toujours une dynamique de mouvement dans mes calligraphies », précise Oussman Noreni au sujet de son travail.

Faverges-Seythenex, Vierzon, ou plus récemment Villeneuve-Saint-Georges… Les Micro-Festivals – en l’occurrence des spectacles que le jeune artiste souhaite « le plus immersif possible » accompagnés d’ateliers en amont – se suivent et remportent un franc succès. « C’est magnifique de pouvoir partager sa passion avec le plus grand nombre. Rien ne me fait plus plaisir que de voir que la magie opère chez les gens ». Encore une histoire de magie…à croire que les Micro-Festivals sont magiques !