Réalisé par les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, le nouveau bâtiment du Fonds régional d'art contemporain Nord-Pas de Calais a ouvert ses portes le 16 novembre à Dunkerque en présence d'Aurélie Filippetti, Jack Lang, président du Frac Nord-Pas-de-Calais et Michel Delebarre, maire de Dunkerque. Sa directrice, Hilde Teerlinck, revient sur les ambitions de ce cinquième Frac de nouvelle génération.
Comment s'est organisée la réflexion architecturale pour la réhabilitation du site des anciens Chantiers Navals de France ?
D’après le cahier des charges du Frac Nord-Pas-de-Calais, notre première mission a été de fédérer passé et avenir sur un site emblématique. En respectant l’ancien bâtiment – la halle AP2 ayant abrité les anciens Chantiers Navals de France a été laissée intacte – les architectes Lacaton et Vassal ont mis en avant la dimension historique du site. Dans le même temps, ils ont réalisé une réplique de la halle réalisée dans un matériau contemporain, aboutissant à un audacieux bâtiment, translucide et bioclimatique. Avec ce nouveau Frac, ils proposent une vraie vision du futur.
En quoi ce projet architectural a-t-il accompagné la redéfinition du Frac ?
Cette idée de mariage entre passé et futur suppose aussi de mettre à l'honneur le patrimoine industriel, tout en respectant les idéaux du Frac. Nous déménageons pour différentes raisons : d’une part, le Frac avait besoin de se reconstruire avec une identité forte, de s’inscrire dans le paysage et la vie culturelle dunkerquoise ; d'autre part, nous avions besoin d’un espace plus grand pour centraliser et abriter toute la collection, d'un espace qui réponde à nos besoins logistiques puisque plus du tiers des œuvres sort chaque année des réserves. Enfin, nous voulions donner plus d’espace au Frac pour lui permettre de tisser des liens avec le public. C’est une des grandes missions du Frac que de mettre l’art contemporain à la portée de tous, d’aller à la rencontre des publics les plus éloignés. Une des clés pour y arriver est d’accompagner ce public, de construire des ponts entre œuvres et visiteurs.
Les rendez-vous mensuels des Cafés du chantier ont préfiguré depuis le mois d'avril votre projet artistique et culturel visant à faire du Frac Nord-Pas de Calais « une maison ouverte à tous ». Quels sont désormais vos objectifs ?
La préfiguration a commencé il y a quelques années déjà. Gerald Van Der Kaap a fait une fête populaire au pied de la halle l’AP2, Panamarenko est aussi venu installer son œuvre, des cafés du chantier ont été organisés, une vitrine nomade expliquant l’histoire du chantier et du nouveau bâtiment circule… Ces différents événements sont venus ponctuellement préfigurer le projet du Frac. Toutes ces actions ont bien sûr aidé à accompagner le public. Le Frac veut être une maison ouverte dans laquelle l’accent est mis sur l’expérience de la relation sociale. Loin de se limiter à la présentation d’œuvres interactives, il s'agit de montrer comment la sphère des relations humaines reconfigure les pratiques artistiques et produit des formes originales et participatives. Il s’agit d’accompagner les visiteurs dans leur découverte de l’art contemporain.
Porteur de projets dans l'Eurorégion, Dunkerque est cette année Capitale régionale de la culture. En quoi la nouvelle implantation géographique du Frac est-elle bénéfique en termes territoriaux et internationaux ?
Le Frac est en effet un exemple de décentralisation puisqu’il ne se trouve pas à Lille, capitale administrative de la région, mais à Dunkerque. Situé en bord de mer, sur un territoire qui évoque la dimension transfrontalière, il revendique cette situation comme une force. Ayant su tirer profit de cette localisation particulière, il a su développer une relation avec les pays voisins, comme la Belgique, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Pour la région, nous tendons à la pérennisation d’un pôle d’art contemporain en pleine évolution, notamment avec le LAAC (Lieu d'Art et Action Contemporaine, Dunkerque). Pris au cœur d’une politique forte de développement culturel orienté vers l’art contemporain, nous souhaitons donner un nouveau visage et un nouveau futur à Dunkerque, en affirmant notre volonté d’ouverture des champs culturels et d’accessibilité à l’art contemporain pour tous. Avec, comme répercussions, la stimulation du tourisme et l’essor du territoire dans son ensemble.
Quelles oeuvres présentez-vous lors de la première exposition ?
L'exposition inaugurale « Le Futur commence ici » offre une plongée dans la collection du Frac Nord-Pas de Calais riche de 1500 oeuvres et présente une sélection d'œuvres emblématiques réalisées par des artistes reconnus parmi lesquels Andy Wharol, Fabrice Hyber, Lorena Zilleruelo, Mathieu Mercier, Gerhard Richter, Anne Collier, Walead Beshry ou Latifa Echakhch, lauréate cette année du Prix Marcel Duchamp. Cette première exposition permet au FRAC de lever le voile sur l'ensemble de ses espaces.
A NOTER: LE FRESNOY PRESENT AU FRAC/ AP2
H. Box / Le Fesnoy Studio Hermès – unité mobile pour la diffusion de films d'artistes – sera présenté dans le Belvédère du FRAC / AP2. En dialogue avec Ordinary Language, l'installation de l'artiste autrichien Franz West, elle côtoiera dans l'espace de projection du FRAC l'installation de Lorena Zilleruelo et la commande artistique à Dmitri Makomet, tous deux anciens étudiants du Fresnoy.