Les Métamorphoses d'Ovide : Livre 5
A travers les légendes traditionnelles grecques et romaines, Ovide raconte en quinze chants ou livres (représentant plus de douze mille vers), un ensemble de récits concis sur les métamorphoses des dieux, des déesses, de héros ou de simples mortels. Voici les récits du cinquième livre : Persée (suite). Hippocrène. Les Piérides. Cérès et Proserpine. Cyané. Ascalaphus. Les Sirènes. Aréthuse.
Quatre récits ont inspiré les artistes.
- Les Muses et les Piérides, Les Piérides défient les Muses (vers 294-314 et 662-678).
- Proserpine, enlèvement de la déesse par Pluton (vers 332-408).
- Cérès, courses errantes de Cérès pour retrouver sa fille Proserpine (vers 409-437).
- Aréthuse, la nymphe fuit Alphée aidée de Diane (vers 570-640).
Les Muses et les Piérides
"... on entendit un bruit d'ailes dans les airs et celui de voix saluant la déesse qui venaient du haut des arbres ... C'était un oiseau. Au nombre de neuf, déplorant leur destin, s'étaient posées sur les branches des pies, qui imitent tout. Comme la déesse manifestait son étonnement, la Muse répliqua : "Il y a peu de temps que ces malheureuses, après une lutte où elles succombèrent, ont grossi le nombre des oiseaux. Le riche Piéros les engendra dans les champs de Pella : la Péonnienne Euippé fut leur mère ..."
Gonflées d'orgueil par leur nombre, la troupe de ces sœurs stupides ... vient ici et nous lance un défi en ces termes : "Cessez donc, par la vaine douceur de vos accents, de tromper la foule ignorante. Si vous avez quelque confiance en vous-mêmes, déesses de Thespies, mesurevous avec nous. Ni pour la voix, ni pour l'art, nous n'aurons le dessous, et nous sommes aussi nombreuses que vous. Ou bien, vaincues, quittez la source du fils de Méduse ... ou bien ce sera à nous de quitter les champs de l'Hémonie et de retourner au pays neigeux des Péoniens. Que les nymphes soient entre nous juges du combat."
[une des Piérides chante la Guerre des Géants contre les dieux, et Calliope, l'une des Muses chante l'histoire de Proserpine et Cérès]
Alors les nymphes d'une voix unanime, proclamèrent victorieuses les déesses habitant l'Hélicon."
[Les Piérides mécontentes du jugement, sont métamorphosées en pies]
Les muses et les Piérides sur Joconde
Proserpine
[Vénus aperçoit Pluton, elle demande à son fils Cupidon de lancer deux flèches]
"... Ne vois-tu donc pas que Pallas et Diane la chasseresse m'ont reniée ? La fille de Cérès, à son tour, si nous le supportons, restera vierge, car elle nourrit les mêmes espoirs ... si j'ai quelque crédit auprès de toi, unis la déesse à son oncle". Ainsi parla Vénus. L'Amour détacha son carquois et pour satisfaire sa mère, entre mille flèches en mit une de côté, ... il frappa Pluton ...
Tandis que, dans ce bois, joue Proserpine ... presque en un même instant elle fut aperçue, aimée et enlevée par Pluton ; telle est la promptitude de l'amour. La déesse, effrayée, appelle avec des cris désespérés sa mère et ses compagnes ... Le ravisseur pousse son char, excite ses chevaux ...
[La source Cyané s'oppose à Pluton]
Du milieu des eaux profondes, Cyané émergea, le buste dressé jusqu'à la ceinture et reconnut la déesse : "Vous n'irez pas plus loin, dit-elle. Tu ne peux, sans son assentiment, être le gendre de Cérès. Il fallait demander Proserpine et non l'enlever ... elle l'empêcha de passer. Le fils de Saturne ne put contenir davantage sa colère ; excitant ses terribles coursiers, il brandit, de son bras robuste, son sceptre royal et le plonge jusqu'au fond des eaux ...
Mais Cyané, pleine de douleur du rapt de la déesse et du mépris témoigné pour les droits de sa source, porte silencieusement en elle-même une inguérissable blessure ; elle se consume en larmes, et dans ces eaux dont elle fut naguère la grande divinité, elle se dissout peu à peu."
Cérès
"Cependant, remplie d'effroi, la mère [de Proserpine] vainement par toute la terre, dans tous les gouffres marins, chercha sa fille.
[Cérès] invective contre la terre entière, la traite d'ingrate, indigne du présent des moissons ... Aussitôt donc, d'une main impitoyable, elle brisa les charrues ... et, dans sa colère, confondit dans une même mort les laboureurs et leurs compagnons de labour, les bœufs.
[Une nymphe renseigne Cérès]
" ... Donc, en coulant sous terre à travers les gouffres du Styx de mes propres yeux, j'y ai vu ta fille Proserpine : triste à la vérité, et le visage encore empreint d'un reste de terreur, mais reine pourtant et souveraine du monde des ténèbres, mais puissante matrone aux côtés du roi des Enfers." ...
Mais Jupiter, partagé entre son frère et sa sœur affligée, divise en deux parties égales le cours de l'année. Désormais, la déesse, divinité commune aux deux royaumes, passe autant de mois avec sa mère qu'avec son époux..."
Aréthuse
"Cérès la nourricière, qui a retrouvé la paix depuis qu'on lui a rendu sa fille, veut savoir pour quelle raison tu t'enfuis, Aréthuse, et pourquoi tu es source sacrée. ... "J'étais l'une des nymphes qui habitent l'Achaïe, dit-elle... malgré mon courage, c'est d'être belle que j'avais la réputation... Il faisait chaud et la fatigue redoublait l'accablement de la chaleur. Je trouve sur ma route un fleuve aux eaux coulant sans remous, sans murmure, ... je dépose mes souples voiles sur la branche courbée d'un saule, et, nue, je me plonge dans l'eau... il me sembla entendre je ne sais quel murmure venu du milieu du gouffre. Effrayée, je prends pied sur le bord de la rive la plus proche : "Où vas-tu si vite Aréthuse ? m'avait dit Alphée du sein de ses eaux ? Où vas-tu si vite"... Telle que j'étais, je fuis sans vêtements ... Il ne m'en poursuit qu'avec plus d'ardeur, brûlant de désirs ... moi, moins résistante, j'étais incapable de soutenir longtemps cette course ; lui avait la vigueur nécessaire pour un long effort. ... le bruit des pas d'Alphée me terrifiait, ...
[Aréthuse en appelle à Diane, qui l'entend et la cache dans un épais nuage]
Je me vois changée en fontaine. Mais le fleuve - car il reconnaît à cette eau l'objet de son amour, - quittant l'apparence humaine qu'il avait prise, reprenant sa propre forme, se change, pour se mêler à moi, en ondes. La déesse de Délos fendit alors le sol, et moi, plongée dans d'obscures cavernes, je suis entraînée jusqu'à Ortygie (île de Délos)."
Partager la page