La collection d'antiques du duc d'Aumale
Si les riches collections de peintures, de manuscrits précieux et d'objets d'art du musée Condé à Chantilly sont bien connues, la remise en valeur du cabinet d'antiques permet de faire découvrir au public les collections archéologiques du duc d'Aumale.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2005 par Nicole Garnier, conservateur en chef du musée Condé, et Carine Prunet du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Qui était le duc d'Aumale ?
C'est en 1830 qu'Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822 - 1897), cinquième fils du roi Louis-Philippe et de Marie-Amélie, alors âgé de huit ans, hérita le domaine de Chantilly par son grand-oncle et parrain, le duc de Bourbon, dernier prince de Condé.
Militaire, le duc d'Aumale fit ses premières armes dès 1840 en Algérie, s'illustra en mai 1843 lors de la prise de la Smalah d'Abdel-Kader, et devint gouverneur général de l'Algérie.
Exilé de 1848 à 1870 à Twickenham, près de Londres, il réunit la collection aujourd'hui conservée à Chantilly.
A son retour, après 1871, veuf et ayant perdu ses deux fils à l'âge de 18 et 21 ans, il fit reconstruire le grand château de 1875 à 1885 par l'architecte Honoré Daumet, afin d'y présenter ses collections.
Le duc d'Aumale, membre de l'Institut de France depuis 1871, lègua Chantilly en 1884 à l'Institut sous réserve qu'à sa mort, le musée Condé fut ouvert au public, que sa présentation fut préservée et que les collections ne pussent être prêtées. Le musée Condé ouvrit au public, moins d'un an après sa mort, le 17 avril 1898.
Pourquoi ce goût pour l'archéologie ?
Rappelons que le prince a épousé en 1845 une cousine napolitaine, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, princesse de Salerne, et que dès 1844 il se rendait régulièrement à Naples - d'où de fréquentes excursions à Pompéi et Herculanum. Avec tous les égards dus à son rang, on lui présente les fouilles et on lui offre parfois des pièces - majeures ! De là, une collection très impressionnante de bronzes et de verreries pompéiennes.
En 1854, il rachète la collection de tableaux et d'antiques de son beau-père, le prince de Salerne, après le décès de ce dernier, et acquiert ainsi plusieurs marbres décoratifs et de belles mosaïques romaines.
De plus, chaque été, le collectionneur se rend en Sicile, où la famille d'Orléans possède le Palais-Royal de Palerme et se passionne pour l'archéologie, et parcourt avec ses frères les sites de la Grande Grèce. L'expression Grande Grèce désigne les colonies grecques antiques fondées du 8e au 6e siècle avant Jésus-Christ, en Italie du Sud et en Sicile : Syracuse, Paestum, Sélinonte, Agrigente, Taormine, Ségeste...
Des collections de prestige
Le duc d'Aumale, comme tous les grands collectionneurs de son temps, va aussi acquérir en vente publique des pièces prestigieuses ; c'est le cas du vase de Nola (vase grec à figures rouges), ou d'une série de terres cuites grecques dites de Tanagra. Parmi ces pièces, certaines se révéleront fausses mais n'en témoignent pas moins du goût d'un prince collectionneur de la fin du 19e siècle : l'honnête homme se devait de posséder, outre des tableaux, des dessins, et une bonne bibliothèque, des témoins de l'Antiquité.
Quelques pièces égyptiennes (oushebtis, etc.) entreront ainsi à Chantilly. L'archéologie nationale ne sera pas non plus laissée de côté.
Le goût du 19e siècle pour l'antique
Cet ensemble d'environ 150 pièces est typique des grandes collections d'antiques de la fin du 19e siècle : on y trouve Rome et Pompéi, Athènes et la Grèce, l'Egypte aussi, et sa diversité est remarquable. Toutes les techniques sont représentées : bronzes, verres, marbres, mosaïques, terres cuites, etc.
Découvrir l'ensemble de la collection en ligne sur Joconde
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