Découvrez la vie et l'oeuvre de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis

Séraphine Louis (dite Séraphine de Senlis) (Arsy, 1864 - Villers-sous-Erquery, 1942)

Séraphine Louis, Les cassis, vers 1918, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie

Née dans un milieu rural du département de l’Oise, orpheline à l’âge de sept ans, Séraphine Louis est placée comme petite domestique dès l’âge de treize ans vers Paris. Recueillie par les sœurs du couvent de Saint-Joseph-de-Cluny à Senlis en 1882, elle aide aux besognes ménagères. Très pieuse, elle s’immerge dans la vie religieuse. Vingt ans plus tard, se voulant plus indépendante, elle exerce en tant que femme de chambre au service de la bourgeoisie dans les environs de Senlis. A la suite d’apparitions et de « voix », elle commence à peindre, à la « demande de son ange gardien », des natures-mortes de petit format, composées de fruits accrochés à un branchage. Elle s’emploie également à dessiner des fleurs, notamment des boutons d’or, sur des terres-cuites. Dans le secret de sa chambre de bonne, elle confectionne elle-même ses couleurs, fabrique ses propres mélanges en diluant ses agents colorants dans du Ripolin blanc.

Séraphine Louis, Pot à crème, vers 1915, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie

Alors qu’elle travaille pour le critique d’art et collectionneur allemand Wilhelm Uhde dès 1912, celui-ci aperçoit une nature-morte chez des petits-bourgeois qui lui « fit une impression si extraordinaire » et se trouve fort étonné d’apprendre qu’il s’agit d’une œuvre peinte par sa femme de ménage. Fasciné par ses compositions, il encourage très vivement Séraphine Louis à continuer sa peinture et achète plusieurs de ses toiles. En 1927, alors qu’il revient à Senlis après la guerre, Wilhelm Uhde visite une exposition de peintres locaux à l’hôtel de ville de Senlis et s’enthousiasme à nouveau pour les œuvres de Séraphine Louis. Devenant son mécène, il lui fait livrer de grandes toiles, des couleurs et la soutient financièrement.

Séraphine Louis, L'arbre de vie, entre 1928 et 1930, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie

Choisissant désormais de très grands formats, elle peint à même le sol. Elle complexifie ses compositions, use de couleurs flamboyantes et lumineuses pour représenter une végétation tropicale et paradisiaque. Elle imagine des représentations exubérantes aux motifs récurrents de fleurs, fruits, plumes, œil, parvenant à rendre une nature luxuriante. Alors que Wilhelm Uhde écrit à son propos que « Le cœur sanctifié d’une servante se sentait la vocation de ressusciter le Sublime du Moyen-Âge et de créer des œuvres puissantes imprégnées d’esprit gothique », il organise à Paris l’exposition « Les peintres du Cœur sacré » où les œuvres de Séraphine Louis sont exposées à côté de celles d’autres artistes autodidactes tels le Douanier Rousseau ou Louis Vivin.

Séraphine Louis, L'arbre de paradis, vers 1929, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie

Comme Séraphine Louis multiplie les dépenses excessives et dilapide tout son argent, le collectionneur, qui rencontre des problèmes financiers, à la suite de la crise économique, ne peut plus lui venir en aide dès 1930. Sujette à de forts délires paranoïaques, la peintre sombre peu à peu dans la folie. Le 31 janvier 1932, Séraphine est internée à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise, à la suite d’une crise. Alors que son œuvre est célébrée à Paris lors de l’exposition « Les primitifs modernes », elle cesse de peindre et s’éteint doucement dix ans plus tard.
En 1972, le musée d’art et d’archéologie de Senlis, qui conserve une dizaine d'œuvres de Séraphine, offertes par Anne-Marie Uhde, consacre une exposition monographique à l’artiste.

Franny Tachon

Sélection d'oeuvres de Séraphine Louis sur la base Joconde Pop

Bibliographie
Uhde Wilhelm, Cinq maîtres primitifs, Paris, P. Daudy, 1949
Lorquin Bertrand, Séraphine de Senlis, catalogue d’exposition, Paris, Musée Maillol-Fondation Dina Vierny, 1er octobre 2008-5 janvier 2009, Paris, Gallimard, 2008