La production éditoriale française a considérablement progressé au cours des années 2000, au point que la question de la surproduction est désormais posée à l’occasion de chaque rentrée littéraire. Pour autant, l’offre, réputée prolifique, se traduit-elle par une plus grande diversité de consommation ou, comme le dénoncent certains, ne conduit-elle pas la demande à se concentrer davantage sur quelques best-sellers et auteurs stars ? La préservation de la diversité de la création et de la diffusion fut au fondement de la loi sur le prix unique du livre (seul un rabais de 5% sur le prix de vente au public fixé par l’éditeur est autorisé) votée en France en 1981, dans le but de préserver un réseau dense et diversifié de détaillants (petites librairies, mais aussi grands indépendants à larges assortiments), dont l’existence paraissait menacée par les pratiques de discount. Cet objectif a-t-il été atteint ? La diversité offerte et consommée est-elle singulièrement différente dans les petites et grandes librairies par rapport à la grande distribution alimentaire et aux grandes surfaces spécialisées ?
Enfin, au tournant d’une révolution, sans précédent depuis l’avènement de l’imprimerie, la question de l’impact du numérique sur la diversité culturelle se pose. Favorise-t-il un renforcement des ventes des best-sellers ou prolonge-t-il la vie de livres à faibles tirages conformément à la théorie de la longue traîne formulée par Chris Anderson ? La diversité culturelle est analysée au regard de trois dimensions : l’ampleur du nombre de livres produits et consommés (la variété), le degré d’inégalité dans la répartition des ventes entre les différents titres (l’équilibre), le degré de disparité entre les différents titres vendus en s’intéressant à leurs caractéristiques propres (auteur, éditeur) (la disparité). Le champ d’analyse se focalise sur trois segments de marché : la littérature, la bande dessinée et les livres pour la jeunesse, et s’appuie sur une exploitation inédite des données des ventes mensuelles de livres « sortie de caisse » compilées par l’institut GfK sur la période 2003-2007.
Although there has been a marked increase in French publishing output throughout the 2000s, in terms both of annual print runs and titles released, how are we to assess whether this growth is also accompanied by increasingly diverse consumption? Based on Andrew Stirling's three-pronged approach, cultural diversity within three different publishing areas (the youth market, comic books and literature) is analysed on three levels: variety produced and consumed, the balance of sales between different titles and the range of works and authors read. This analysis provides some responses to the question of how effective fixed book pricing legislation has been in terms of cultural diversity and the leveraging effect of online sales (the long tail theory).
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