Implantées dans tous les territoires, les initiatives en faveur de l’éducation artistique connaissent, sous l’égide des directions régionales des affaires culturelles (DRAC), un véritable essor grâce à des opérations originales. Le 10e volet de notre série nous conduit à Évreux, en Normandie, où le Tangram, scène nationale Évreux - Louviers, a fait coup double.

« Développer des actions culturelles en parallèle de notre programmation de spectacles, et construites au maximum avec les forces vives du territoire, fait partie de notre projet d’établissement, précise d'emblée Cécile Ravon-Raimbault, responsable des relations avec le public de la scène nationale musiques actuelles du Tangram à Évreux. « Dans le cadre de la résidence d’artiste financée par la direction régionale des affaires culturelles de Normandie que nous avons organisée dans deux établissements scolaires d’Évreux, les services départementaux de l’Éducation nationale étaient notre interlocuteur naturel », poursuit-elle.

Initiation à l’écriture de chansons, rapprochement entre élèves d’un quartier classé en réseau d’éducation prioritaire... Dans le cadre de la résidence d’artiste du musicien Merlot dans deux établissements scolaires d’Évreux, la scène nationale du Tangram fait coup double

À l’occasion de cette résidence, le chanteur Merlot – qui mène aujourd’hui une carrière solo après avoir été le leader du groupe de reggae baobab – est intervenu toute l’année à raison d’une semaine par trimestre auprès des classes de CM2 de l’école Jacques Cartier et de 6e du collège Henri-Dunant, deux établissements situés dans le quartier de Nétreville classé en réseau d’éducation prioritaire. « L’école Jacques Cartier se trouve à côté du collège. Tous les élèves qui y sont scolarisés ont vocation à rejoindre le collège. Les enseignants souhaitaient créer un lien entre les CM2 et les 6ème. Ils avaient envie que les élèves découvrent et se familiarisent avec le collège avant d’y arriver. Le projet de résidence d’artiste s’est construit en amont : dans ce quartier d’éducation prioritaire, les enfants des familles ne viennent pas forcément spontanément dans un lieu de spectacle. Ce projet était aussi une façon d’amener l’artiste dans leur environnement », explique Cécile Ravon-Raimbault. 

À la clé, l’écriture de chansons autour de l’histoire de la musique par les élèves. Et pour ceux de l’école Jacques Cartier, une expérience complémentaire de celle qu’ils vivent à l’intérieur de la classe orchestre mise en place dans l’établissement en partenariat avec le Conservatoire à rayonnement départemental d’Évreux.

Un bilan positif

Le bilan, positif à tous égards, tient en premier lieu à la personnalité de Merlot qui a l’habitude d’accompagner des enfants dans l’écriture et la découverte de la musique et a déjà plusieurs spectacles jeune public à son actif. « Il y a vraiment eu une belle alchimie, Merlot a su chercher les enfants au bon endroit », s’enthousiasme Cécile Ravon-Raimbault. Surtout, les élèves de CM2, qui étaient « sages mais sans envie » de l’aveu même de leur enseignant, se sont révélés.

« Les élèves que j’ai découverts sur les temps de résidence étaient très investis. Quand Merlot leur proposait une thématique, tout le monde s’y mettait. Quand ils ont chanté les neuf chansons qu’ils ont écrites devant leurs familles et les élèves, ils étaient très attentifs aux uns et aux autres, respectueux du travail de chacun. Ce projet a vraiment fédéré un groupe ». La réussite est telle que le Tangram, dans le cadre du programme national "La Rentrée en musique", souhaite, avec le parrainage de Merlot, diffuser les morceaux enregistrés par les élèves pendant la résidence lors de la journée de rentrée au collège Henri Dunant. « Ce serait formidable pour les nouveaux entrants d’être accueillis au sein du collège au son de leurs propres chansons ».