Proposer des mesures concrètes pour améliorer l’accueil des personnes handicapées dans les établissements culturels : tel est l’objectif de la mission « Réunion des établissements culturels pour l’accessibilité » (RECA), créée en 2008 à la demande du ministère de la Culture. Celle-ci rassemble désormais une trentaine d’institutions qui ont participé à l’organisation d’un forum sur la question de l’accessibilité culturelle. Le 16 octobre dernier les Archives nationales, le Centre Pompidou, le Château de Versailles ou encore le Musée du Louvre sont ainsi venus à la rencontre des acteurs du handicap pour faire connaître leurs offres et faciliter l’organisation de projets culturels à destination des publics empêchés. Mais pourquoi et comment organiser de telles sorties ? Le point sur la rencontre organisée autour de cette question, qui a constitué l’un des temps forts de la journée.
Le fait de travailler à partir des besoins spécifiques de certains visiteurs permet de développer des nouveaux modes de médiation, des nouveaux supports et de nouveaux langages
La culture, un puissant levier d’intégration
« Pour les musées et les établissements culturels en général, lieux de vivre-ensemble et de découverte, se mettre à la portée de tous les visiteurs est essentiel », rappelle Clémence Gros, chargée de développement des publics au musée du Quai Branly – Jacques Chirac. Loin d’être désincarnée, la question de l’accessibilité renvoie en effet à des enjeux humains et sociétaux. « La sortie culturelle est avant tout une activité sociale, elle permet d’intégrer les groupes en situation de handicap dans d’autres espaces. Cela fait partie de notre mission », reprend Clémence Gros.
Dans l’assemblée, une intervenante non-voyante rebondit sur ses propos. « Pour les personnes en situation de handicap, cela apporte beaucoup de se retrouver dans un milieu ordinaire, avec des gens ordinaires. Mais il y a aussi un vrai plaisir à être dans ce qui fait l’actualité sociale : pouvoir dire ‘moi aussi, j’y suis allée’ en parlant d’une exposition régulièrement évoquée dans les médias, c’est très important », précise-t-elle. Isabelle Boucart, qui intervient aux côtés de Clémence Gros, acquiesce. Cette animatrice de l’Institut Médico-Educatif du Bois d’en Haut (Ennery) travaille essentiellement avec des enfants déficients intellectuels. Elle a monté pour eux, avec le musée du Quai Branly – Jacques Chirac, un projet culturel autour de l’art aborigène. « Dans mon cas, l’appropriation par les enfants de nouveaux lieux est d’autant plus essentielle qu’elle permet aux parents d’envisager plus facilement de nouvelles sorties culturelles en famille », explique-t-elle. « J’ai pu voir évoluer les enfants avec lesquels j’ai fait des sorties, on sent le plaisir qu’ils ont à être là ».
De nombreuses offres de médiation
« Il existe énormément d’offres de médiation à destination des groupes et des individus en situation de handicap, dans les grands établissements mais aussi dans les petites structures », souligne Clémence Gros. Le forum est destiné à faire connaître ces offres aux personnes en situation de handicap, aux associations qui travaillent avec elles et aux professionnels du monde médico-social. Un guide pratique, mis à disposition des visiteurs, recense le type de matériel dont dispose chaque établissement de la RECA (fauteuil roulant, canne siège, livrets de visite en braille ou en Facile à Lire et à Comprendre », boucle magnétique...), donne toutes les informations nécessaires à l’organisation d’une visite et liste les différents types de médiation proposés (visites guidées en LSF, conférences descriptives, accessibilité des bâtiments en fauteuils roulants…).
« Tous les établissements de la RECA ont un référent accessibilité, chargé de renseigner les personnes en situations de handicap ainsi que leurs accompagnants sur les différentes sorties culturelles qui peuvent être mises en place », poursuit Clémence Gros. « Ces visites peuvent même avoir lieu les jours de fermeture des musées », assure la jeune femme, qui rappelle également que les visiteurs en situation de handicap bénéficient de tarifs réduits. Si de nombreuses pistes d’amélioration restent possibles, les avancées en matière d’accessibilité sont bien réelles et bénéficient à tous. « Le fait de travailler à partir des besoins spécifiques de certains visiteurs permet de développer des nouveaux modes de médiation, des nouveaux supports et de nouveaux langages », conclut Clémence Gros. L’accessibilité, un enjeu au cœur du musée du XXIe siècle ?
Liste des établissements membres de RECA
> Établissements publics relevant du ministère de la Culture
Archives nationales (sites de Paris et Pierrefitte), Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque publique d’information, Centre des monuments nationaux, Centre national du cinéma et de l’image animée, Centre Pompidou, Chaillot, Théâtre national de la danse, Château de Versailles, Cité de l’architecture et du patrimoine, Cité de la musique - Philharmonie de Paris, Cité des sciences et de l’industrie – Universcience, La Villette, Musée d'Orsay, Musée de l'Orangerie, Musée du Louvre, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Musée national de l'histoire de l'immigration, Musée national des arts asiatiques – Guimet, OPPIC (opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture), Palais de la Découverte – Universciences, Réunion des musées nationaux, Sèvres - Cité de la céramique.
> Établissements publics en dehors de la tutelle du ministère de la culture
L’adresse – Musée de la poste, Comité régional du tourisme Paris Ile-de-France, Département des Hauts-de-Seine, Institut du Monde arabe, Musée de l’air et de l’espace, Musée de l’armée, Musée des arts et métiers, Musée national de la marine, Muséum national d’Histoire naturelle (sites du musée de l’Homme et du Jardin des plantes), Palais de Tokyo.
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