Sol Calero, « Ils ont insisté pour couvrir les fissures, mais les murs transpiraient toujours »
Vue de l'exposition de Sol Calero, « Ils ont insisté pour couvrir les fissures, mais les murs transpiraient toujours ». Photo : François Fernandez / Villa Arson. Courtoisie galeries Barbara Gross (Munich), Chertlüdde (Berlin) et Crèvecoeur (Paris).
Les peintures aux motifs végétaux de Sol Calero, mêlées à des architectures vernaculaires, produisent un aspect festif et lumineux propre à l’imagerie tropicale. L’artiste revendique ses origines et sa culture sud-américaine, croisant des souvenirs d’enfance et les peintures de peuples indigènes, sans se résumer à un cliché territorial. Elle exprime une conception de l’art totalement syncrétique, au croisement de plusieurs cultures, identités et expériences. Au-delà de la peinture et de ses éternelles références, la singularité du travail de Sol Calero est également de s’immerger totalement dans les lieux et contextes dans lesquels elle travaille. L’exposition en cours résulte d’une résidence de l’artiste dans le centre d’art entre novembre 2019 et février 2020. Son projet s’est élaboré alors que des pluies quasi tropicales frappaient la région aux mois de novembre et décembre derniers, situation à laquelle le titre qu’elle a choisi pour cette exposition fait allusion.
Commissariat : Eric Mangion
Zora Mann, Waganga
Vue de l'exposition de Zora Mann, Waganga. Photo : François Fernandez / Villa Arson. Courtoisie galerie Chertüdde (Berlin)
L’exposition de Zora Mann a également fait l’objet d’une résidence au centre d’art à la même période que Sol Calero. Sa peinture est faite de densité : multiples couleurs venant se croiser ou se superposer dans des compositions saturées de lignes ou de courbes, telles des expérimentations psychédéliques. Elles sont conçues comme des carnets de voyages ou peuvent être perçues comme des restitutions de rêves. « Je peins de l’intérieur vers l’extérieur », dit-elle. Elle fait cohabiter des mondes et des perceptions différentes où s’insère une dimension tribale. Ses parents étant originaires d’Afrique de l’Est, elle y a souvent séjourné et sa culture en est profondément marquée. Le titre de son exposition, Waganga, signifie « guérisseurs d’âmes » en Swahili. Elle présente également à la Villa Arson des sculptures qu’elle appelle « Boucliers », surfaces de motifs élaborées comme des frontières physiques, ainsi que des 3murs » faits de bois, de papier mâché, de résine et de peinture, ainsi que des rideaux de perles réalisés avec des résidus de tongs ramassés au Kenya, destinés à être traversés et servant de filtres entre plusieurs œuvres.
Commissariat : Eric Mangion
Shailesh BR, Le Dernier Brahmane
Vue de l'exposition de Shailesh BR, Le Dernier Brahmane. Photo : François Fernandez / Villa Arson
Shailesh BR se considère comme étant le dernier brahmane de sa famille. Dans son exposition présentée à la Villa Arson, il tente de démêler les diverses pratiques des castes, en revisitant le coeur de leur structure, décodant les notions d’héritage, de formation et de déformation. Vivre loin de chez lui et du « pays sacré » lui offre un exil spirituel pour une profonde méditation, et l’espace qui lui est consacré est basé sur le plan d’une maison brahmane traditionnelle avec ses objets et ses rituels. Alors qu’il est interdit aux gens dans son village de pénétrer dans une maison de brahmane, Le Dernier Brahmane souhaite brouiller toute frontière qui pourrait être perçue par ses visiteurs, en partageant ses souvenirs personnels afin de créer de l’amitié, de l’empathie et un sentiment de familiarité.
"J'ai grandi dans un petit village du sud de l'Inde sans électricité, et au cours de mes études supérieures la découverte de la mécanique m'a vraiment fasciné. Dans ma pratique cette fascination me sert à résoudre des interrogations et à répondre aux questions philosophiques et existentielles. Ma pratique reste une réaction non seulement à un objet ou à une pratique que je rencontre et avec lesquels j'interagis, mais aussi à leur sensibilité, leur signification, à leurs connotations pratiques, conceptuelles ou métaphoriques. De sorte que je détourne les objets pour altérer leur fonction et pour injecter un élément satirique qui est une critique de leur rôle politique, social ou culturel. Avant de faire des études d'art j'ai étudié le Sanskrit. Le jeu entre la beauté externe et la fonction d'une forme ou d'un objet, tout comme le sens profond de cet objet et de ses connotations élargies, ainsi que l'analyse critique qui en découle, sont incarnés par la dialectique Tarka Shastra, et c'est aussi ce qui motive ma pratique."
Commissariat : Vitarka Samuh
Expositions du 3 juin au 20 septembre 2020. Villa Arson, 20 avenue Stephen Liégeard - 06105 Nice Cedex 2. Tél. : 04 92 07 73 73. Ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 14h à 18h (de 14h à 19h en juillet et août).
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