Fablab, matériauthèque, espace de conception virtuelle… À l’occasion des premières journées nationales de l’architecture, l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine met en vedette certaines de ses initiatives les plus innovantes. Le point avec son directeur, Philippe Bach (2/3).

L’Agence de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres) considère que le centre de ressources de l’école est un de ses grands points forts…

C’est vrai et c’est une donnée qui, pour être parfaitement appréhendée, doit être replacée dans un cadre plus large : l’école est installée dans un site exemplaire, celui du campus de l’Université Paris Diderot, en bord de Seine, connecté au grand Paris, soit sur le lieu de la plus grande opération urbaine qu’ait connue la ville depuis le Baron Haussmann. Qui plus est, le bâtiment dans lequel nous sommes installés, celui de Frédéric Borel, dont nous fêterons le dixième anniversaire en 2017, est lui aussi remarquable. Compte tenu de ces éléments, l’école se devait de développer un ensemble d’équipements et de ressources d’environnement pédagogique exemplaire. Ces ressources sont d’un côté un Fablab créé à l’initiative des étudiants, lauréat en 2015 de l’appel à projet pour le soutien à la professionnalisation et à la création d’activités lancé par le ministère de la Culture et de la Communication ; de l’autre, une matériauthèque unique dans le réseau des Écoles nationales supérieures d’architecture : enfin, un atelier maquette avec une dimension découpe numérique extrêmement développée.

L’école se devait de développer un ensemble d’équipements et de ressources pédagogiques exemplaire

L’orientation principale de la matériauthèque est d’ouvrir l’école sur le monde professionnel.

Au moment de sa création en 1990, l’objectif était de faire entrer le réel dans l’école, de mettre les étudiants au contact direct des savoir-faire et des matériaux. Cette orientation, plus que jamais pertinente, se trouve aujourd’hui renouvelée par la question de développement durable. La matériauthèque est notamment en pointe sur la question des nouveaux matériaux. Aujourd’hui, elle comprend 800 CD Rom de mise en œuvre, 1000 références d’industriels et d’entreprises du bâtiment, 15 000 produits et échantillons de matériaux exposés dont un grand nombre de maquettes constructives, et 23 000 fiches techniques signalées par thèmes. Autre particularité : son activité est encadrée par l’école mais aussi par un ensemble de moniteurs étudiants qui accueillent tout au long de l’année des étudiants, y compris d’autres écoles d’architecture, qui souhaitent consulter de la documentation technique, découvrir des matériaux ou faire de la recherche auprès d’industriels. En réalité, la matériauthèque est un élément de rayonnement de l’école au-delà du monde de l’architecture.

Autre ressource, le Fablab, et dans son prolongement le Parametric lab, qui associe étudiants et enseignants pour des recherches.

Le Fablab a pour vocation de mettre en commun des outils de fabrication numérique afin d’exploiter le potentiel créatif de ces technologies dans un esprit de partage. Il est prolongé par un Parametric lab que nous concevons comme un lieu d’interface entre des enseignements inscrits dans notre programme pédagogique et les étudiants du Fablab. Le travail porte notamment sur la création de structure particulière en fabrication 3D, enjeu crucial quand on songe que, dans vingt ans, il est fort à parier que les bâtiments seront entièrement fabriqués avec des imprimantes 3D de taille consistante et de la robotique. Qui plus est, l’université Paris Diderot s’apprête à inaugurer son propre Fablab et nous travaillons à un rapprochement entre les deux structures. Même chose avec le Fablab initié par Leroy Merlin. Enfin, en 2017, la Halle Freyssinet, considérée comme le plus grand incubateur de start-ups au monde, notamment dans le domaine du numérique, sera inaugurée à quelques centaines de mètres d’ici. Nous souhaitons naturellement prendre place dans ce dispositif qui commence, géographiquement, à la Halle Freyssinet, passe par les universités de Paris Diderot et Paris-Val de Seine et se prolonge jusqu’à Ivry-sur-Seine.

L’espace de conception virtuelle en architecture et urbanisme (EVCAU) qui est un laboratoire de recherche au sein de l’école, se trouve également très étroitement associé aux journées de l’architecture.

Ce laboratoire de recherche travaille spécifiquement sur les questions de conception architecturale et urbaine assistée grâce aux outils numériques. À l’occasion des journées de l’architecture, l’EVCAU va montrer comment certains outils numériques dont ce n’est pas la fonction première – webcams sécurité, drones, smartphone, scanner 3 D – peuvent être utilisés en architecture. Une promenade virtuelle dans un caravansérail d’Iran sera également reconstituée sur trois écrans. Certaines de ces expérimentations, en particulier celle réalisée grâce à un drone, ont été mises en œuvre dans le cadre du programme de recherche sur l’oasis de Figuig au Maroc, une initiative à l’origine de l’inscription du site sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO.

La bibliothèque de l’école est une dimension importante de l’école.

La bibliothèque, installée dans un bâtiment inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques [l’ancienne usine d’air comprimée SUDAC (NDLR)] ­et intégré à l’architecture contemporaine imaginée par Frédéric Borel, est un équipement majeur de l’école en termes de qualité architecturale. Dans les années qui viennent, nous avons l’ambition d’en faire un authentique learning center, un lieu de connaissance. Nous souhaitons transformer l’approche traditionnelle bibliothèque/documentation, accroître la synergie avec la matériauthèque, développer l’offre numérique – en particulier l’abonnement aux publications numériques – et en faire un lieu d’accueil pour certains événements.

Notre objectif est de constituer un accompagnement des étudiants et des diplômés très longtemps après l’obtention de leur diplôme

Plusieurs initiatives, dont "Jeunes archis au boulot", visent à accompagner et faciliter l’insertion des étudiants dans le monde professionnel. C’est un autre type de ressources...

On retrouve des initiatives de ce type dans chacune des vingt écoles du réseau des Écoles nationales supérieures d’architecture, mais il est vrai que la vie associative extrêmement riche de l’école nous permet d’affiner au maximum ces instruments. Ainsi, dans le cadre du suivi de l’insertion professionnelle de nos diplômés, nous utilisons des questionnaires qui viennent compléter ceux qui émanent du ministère de la Culture et de la Communication pour aller au plus près de la réalité de la pratique des élèves dès leur sortie de l’école. Notre objectif est de constituer un accompagnement des étudiants et des diplômés très longtemps après l’obtention de leur diplôme.

Récemment, les élèves de l’école ont participé au concours "Réinventer Paris", n’est-ce pas une autre façon de les préparer au monde professionnel ?

L’école se trouvant sur une parcelle voisine de celle qui était ouverte au concours international « Réinventer Paris », nous avons en quelque sorte utilisé cette localisation pour faire de l’innovation pédagogique : une centaine d’étudiants appartenant à différents ateliers de projets et les enseignants qui les encadraient ont répondu à l’appel d’offre en association avec un promoteur immobilier (le groupe Emerige), un groupe industriel du bâtiment (Eiffage), et un financeur (la Compagnie de Phalsbourg). Et si malheureusement, nous ne sommes pas allés au bout de l’exercice, l’expérience a été très formatrice pour les étudiants qui ont fait l’apprentissage du dispositif de concours et eu la chance de travailler sur un site réel avec des opérateurs. Une exposition et un catalogue ont d’ailleurs mis en lumière leurs travaux.

Journées nationales de l'architecture : le programme à Paris Val-de-Seine

> Exposition « Les meilleurs diplômes 2016 »

L'ENSAPVS inaugure sa rentrée et sa saison culturelle, par une exposition consacrée aux meilleurs projets de fin d'études. Sur près de 300 diplômés en février et juillet derniers, ils sont quarante et un à avoir retenu l'attention des jurys par l'excellence de leur proposition. L'exposition se tient du 27 septembre au 16 octobre.

> Journée d’étude « Architecture, Culture, Projet »  : vendredi 14 octobre de 9h à 18h,amphi 180 - Organisé par l'ENSAPVS et le Cerilac/Université Paris-Diderot

> Ouverture exceptionnelle samedi 15 octobre, de 10h à 18h

  • visites commentées de l'exposition « les meilleurs diplômes 2016 » par les diplômés exposants à 10h30 et 14h30
  • Visites commentées du bâtiment (la cheminée, la bibliothèque, etc.) signé Frédéric Borel, Grand prix d’architecture 2010 (toutes les 30 mn)
  • « L’enseignement de l’architecture aujourd'hui  : rencontres/débat avec les étudiants et enseignants (en amphi 180 à 11h30 et 15h30).
  • Conférence « la lumière en architecture » à 14h 
  • Signature de Christian de Portzamparc de son dernier ouvrage « les dessins et les jours » à 16h 
  • Atelier/démonstrations du FabLab (imprimantes 3D…) et du laboratoire EVCAU (Espace virtuel de conception en architecture et urbanisme) avec démonstration de drone notamment (stand dans le hall) 
  • Découverte guidée de la matériauthèque 
  • Présentation des associations de l'ENSAPVS (stand dans le hall)
  • Animations musicales : les fanfares (3 représentations) + concert de l’association musicale