Promouvoir à la fois la « pluralité » et la « singularité » des regards sur la jeunesse en France, tels étaient les objectifs assignés à « Jeunes générations », la commande publique photographique nationale qui a été inaugurée le 10 mars à la gare de Lyon, à Paris. Lancée par la ministre de la Culture et de la Communication en juillet 2016, celle-ci était destinée à mettre en lumière les acteurs d’un monde en devenir tout en témoignant de la vitalité de la création en France. Avec 425 projets présentés, dont 15 propositions ont été retenues par le ministère de la Culture et de la Communication et le Centre national des arts plastiques (CNAP) en collaboration avec l’association CéTàVOIR, cette commande publique a suscité un réel intérêt sur la scène de la photographie française. Les images sélectionnées sont exposées selon un dispositif original qui donne la part belle à l’espace public : d’une part, sur les façades du ministère de la Culture et de la Communication, à Paris, d’autre part, dans cinq gares françaises : gare de Lyon, à Paris, et gares de Bordeaux, Lille, Marseille et Strasbourg. « En présentant les œuvres de ces lauréats dans cinq gares, nous les offrons chaque jour au regard de près de 600 000 personnes à l’occasion d’un moment de poésie, de surprise, d’interpellation » a observé Patrick Ropert, directeur général de SNCF Gares & Connexions, en ajoutant que « chaque gare se transforme, en un certain sens, en une sorte de musée ».
Les photographies donnent à voir une jeunesse aux facettes multiples, dispersée aux quatre coins de la France
Visibles jusqu’au 30 avril, les photographies donnent à voir une jeunesse aux facettes multiples, dispersée aux quatre coins de la France. « Ces images évoquent la diversité, à la fois des regards et des conditions », analyse Marc Vaudey, directeur du pôle création du CNAP. En effet, l’ensemble des tirages sélectionnés pour la gare de Lyon donne aussi bien à voir les détenus anonymes de Klavdij Sluban que la jeunesse bretonne restée au pays de Stéphane Lavoué. Pablo Baquedano explique, pour sa part avoir eu envie, avec sa série consacrée aux night-clubs, de « sortir des grandes villes pour aller dans les campagnes, voir comment s’organisent les loisirs » tandis que Lola Reboud évoque sa volonté de montrer, en Corse, le retour au village des jeunes étudiants à l’occasion du week-end ou des vacances. Gilles Coulon, quant à lui, a choisi d’aborder la jeunesse via son existence sur les réseaux sociaux : « J’ai réalisé un portrait individuel de sept jeunes de la région parisienne dans lequel j’ai ensuite intégré, en mosaïque, des photos qu’ils avaient dans leurs téléphones ». À cette variété thématique correspond une singularité esthétique qui, selon Marc Vaudey, membre du comité chargé de désigner les lauréats, « s’est imposée au moment de la présélection ». « On a fait valoir à la fois des candidats dont le travail a une portée documentaire et des photographes ayant une approche plus plasticienne », dit-il.
Un nouveau souffle à la photographie
Cette commande publique, qui témoigne de la volonté de l’État de redonner un nouveau souffle au secteur de la photographie, est « la première d’une longue série », assure Régine Hatchondo, directrice de générale de la création artistique (DGCA) au ministère de la Culture et de la Communication. « Une commande thématique sera engagée chaque année afin de relancer le travail des photographes tout en gardant la trace de notre société en mouvement » ajoute-t-elle. Elle a également annoncé le lancement prochain par le ministère de la Culture et de la Communication du Conseil national des professions des arts visuels, une instance où les photographes seront entendus dans toutes les problématiques qu’ils traversent, de la préservation des fonds photographiques au statut des artistes photographes et des photojournalistes. « Il s’agit bien de défendre les intérêts d’une profession qui s’est précarisée ces dernières années », a-t-elle ajouté. Une délégation de la photographie devrait également voir le jour au sein de la DGCA.
Qu’est-ce qu’une commande publique ?
La commande publique artistique répond à la volonté de l’État de diffuser la création contemporaine en dehors des institutions spécialisées. Elle permet d’accompagner les artistes pour la réalisation de projets dans des environnements exceptionnels. Ce dispositif a ainsi donné un nouveau souffle à l’art dans l’espace public. Dans des contextes très divers, physiques ou virtuels, espaces urbains ou ruraux, sites naturels ou patrimoniaux, la commande publique artistique met en jeu une grande variété d’esthétiques et d’expressions plastiques. Les œuvres ainsi produites peuvent être éphémères ou s’inscrire durablement dans notre patrimoine commun.
A côté des commandes d’œuvres destinées à intégrer les collections de l’État, et ainsi référencées et protégées, le ministère de la Culture et de la Communication, avec les DRAC, accompagne par son expertise les commanditaires publics ou privés. Certaines commandes publiques artistiques sont réalisées à travers des appels à projet, comme ces trois commandes publiques photographiques : « Réinventer Calais », « Les Regards du Grand Paris »et « Jeunes générations ». À travers la commande publique artistique, l’État entend ainsi soutenir les artistes et favoriser l’élargissement des publics pour la création contemporaine.
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