Le conditionnement offre une protection efficace contre la poussière, les chocs mécaniques, la lumière, les variations de température et d’humidité et contre la pollution. Mais pour être tout à fait utile et efficace, les matériaux de conditionnement doivent répondre aux normes de conservation des documents photographiques (Norme ISO 18911) et la structure et la forme des contenants doivent être adaptées aux items, aux manipulations et au mobilier de stockage. Pour bien choisir, il convient donc de croiser différents critères.

  1. Comment manipuler les photographies ?
    Les photographies sont en effet des objets fragiles. Il convient donc de tenir les petits formats dans une main par les deux côtés et les grands formats avec les deux mains en les soutenant pour ne pas créer de déformation. Comme la transpiration (enzymes + graisses + eau + acides) peut laisser des traces indélébiles, on recommande le port de gant minces et ajustés comme les gants synthétiques (nitrile ou caoutchouc synthétique) car ils assurent une meilleure prise que les gants en coton (à laver régulièrement à 90° C et de préférence avec une lessive au savon de Marseille sans adoucissant). Le latex ou le caoutchouc naturel peuvent être allergisants. Pour certaines manipulations, comme le dépoussiérage des plaques de verre, il faut recourir aux conseils d'un restaurateur spécialisé en photographie qui pourra former le personnel dédié à ces tâches en une ou deux journées, vérifier leurs gestes tout en recommandant les produits adéquats.
  2. Faut-il conserver les conditionnements d'origine ?
    Avant toute intervention, il est nécessaire d’évaluer le mode de conservation et de déterminer les priorités d’action. Ainsi, des matériaux de stockage (boîtes, pochettes, etc.), sans être conformes aux prescriptions normalisées, peuvent n’avoir engendré aucune altération au cours des années passées. Leur remplacement n’apparaît pas alors comme une priorité, mais peut être planifié. On peut conserver à part les conditionnements d'origine inadaptés à la conservation à long terme comme des documents sur le fonds (pochettes en papier cristal ou en polychlorure de vinyle (PVC), boîtes de papier photo, cartons acides, etc.), ou les éliminer mais après avoir enregistré les informations qu'ils portent (marques de recadrage sur une pochette, numéros ou légendes sur des boîtes, etc.)
  3. Quels matériaux éliminer ?
    Il convient d'éliminer les matériaux instables qui ont jauni, se sont déformés ou sont devenus cassants : pochettes en papier cristal (pochettes souvent de mauvaise qualité chimique avec des points de colle qui génèrent des tensions et sont sources de pollution), pochettes en polychlorure de vinyle (PVC), boîtes dans lesquelles le papier photographique était vendu, boîtes en bois résineux (si les boîtes ont un intérêt esthétique ou historique, il faudra isoler les photographies dans des pochettes de qualité afin d’éviter le contact direct avec le bois). Pour le conditionnement, on utilise des matériaux compatibles. Les papiers doivent répondre aux normes ISO 18902 et ISO 18916.
  4. Quels conditionnements choisir ?
    Le choix des conditionnements doit se faire en tenant compte des différents supports bien évidemment mais également du volume, des usages (fonds régulièrement consulté ou très peu), de la nature des items (tirages de lecture, tirages de diffusion, tirages d'exposition, etc.) et des moyens de l’institution. On privilégiera, par exemple, les pochettes en papier à quatre rabats pour les supports sur verre, les supports souples peu stables (nitrates, acétates) et pour des tirages peu consultés; les pochettes transparentes pour les supports souples en polyester et pour les tirages souvent sollicités. On réservera les matériaux les plus résistants et les plus onéreux pour les pièces les plus précieuses, les plus fragiles. On rangera les tirages d'exposition montés sous passe-partout en carton de conservation dans des boîtes de conservation recouvertes de toile qui offrent ainsi une meilleure étanchéité à l'humidité. Les tirages de lecture pourront être simplement glissés dans des pochettes en polyester et rangés dans des boîtes en carton cannelé. Pour les supports peu stables et peu consultés, il est préférable d’éviter les risques de confinement que peuvent occasionner des contenants en plastique hermétiques comme des pochettes en polyester ou des boites en polypropylène.
  5. Comment adapter le stockage ?
    De façon générale, on rangera les items par format pour rentabiliser l’espace de stockage. On privilégiera le stockage à plat des tirages y compris ceux rangés dans des boîtes-classeurs pour éviter la déformation des pochettes sous le poids des tirages. Les supports sur verre, pour ne pas peser les uns sur les autres, seront stockés à la verticale ou à plat par petit nombre dans leur boîte. On veillera aussi à ne pas surcharger les conditionnements pour éviter tout confinement préjudiciable à la conservation ainsi que les risques liés à la manutention d’objets lourds. Pour ranger les boîtes de conditionnement, on privilégiera du mobilier en métal inoxydable ou peint avec de la peinture cuite au four. On veillera aussi à limiter l'empoussièrement favorisé par des mobiliers ouverts.