« Funérailles juives ». Remis par Frédéric Mitterrand dans la soirée du 19 janvier au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris, les « Funérailles juives » d’Alessandro Magnasco, dit Il Lissandrino (1667-1749), pourra être admiré par les visiteurs dès le lendemain. Daté du début des années 1730, il s’agit d’une œuvre exceptionnelle tant par sa facture alliant force chromatique et audace de la composition, que par la rareté de son sujet. C’est en effet la seule illustration connue de ce thème chez Magnasco.
Ce tableau, qualifié « œuvre d’intérêt patrimonial majeur » et déposé au musée d’art et d’histoire du Judaïsme est inscrit sur les inventaires des collections du musée du Louvre. Il s’ajoute ainsi à l’ensemble important des peintures de Magnasco déjà présent dans les collections du musée du Louvre, dont un Banquet nuptial de bohémiens (vers 1730 - 1735).
Alessandro Magnasco. L’artiste est né à Gênes en 1667, mais c’est à Milan, où il vivra jusqu’en 1735, qu’il fait l’essentiel de son apprentissage, dans l’atelier de Filippo Abbiati. Après s’être consacré à l’art du portrait, il se tourne vers la peinture de genre : son plus ancien tableau dans ce registre est une Réunion de Quakers daté de 1695 (Musée des Offices de Florence).
Il sera rapidement reconnu comme un spécialiste en « petites illustrations » et participe à une production traditionnelle de scènes sacrées, mythologiques ou pastorales. Son évolution est marquée par des échanges intenses avec d’autres peintres résidant à Milan, au premier rang desquels Antonio Francesco Peruzzini, et avec le peintre de ruines Clemente Spera, ou encore avec Carlo Antonio Tavella.
Un mécénat exemplaire. Cette acquisition a été rendue possible grâce aux dispositions fiscales de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations . Ces dispositions, qui complètent celles de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, créent en effet des conditions favorables à l’entrée dans les collections publiques, grâce au mécénat d’entreprise, d’oeuvres reconnues d’intérêt patrimonial majeur par la Commission consultative des trésors nationaux. Le financement de l’acquisition de ce tableau de Magnasco a été assuré en totalité par un mécène qui a souhaité demeurer anonyme.
Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Il a ouvert ses portes en décembre 1998. Installé dans l’un des plus beaux hôtels du Marais à Paris, il retrace l’évolution des communautés juives à travers leur patrimoine culturel et artistique. Le Musée accorde une place privilégiée à l’histoire des juifs en France, tout en évoquant les communautés d’Europe et d’Afrique du Nord, qui ont contribué à former la physionomie du judaïsme français actuel.
Outre des vestiges archéologiques de l’époque médiévale et une collection d’objets du culte juif qui figure parmi les plus importantes au monde, le musée présente de riches fonds ethnographiques et historiques, parmi lesquels des archives de l’affaire Dreyfus. Chagall, Modigliani, Soutine, Kikoïne illustrent, parmi d’autres, la présence juive dans l’art du XXe siècle et la place de l’Ecole de Paris.
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