La transformation numérique du secteur de la presse
La transition numérique a profondément transformé le secteur des médias. L'émergence des réseaux sociaux, de l'intelligence artificielle et l'accès facilité à l'information sur internet ont contraint la presse traditionnelle à s’adapter.
Mis à jour le
De nouvelles pratiques : vers la mutation du modèle économique
La transformation des pratiques dans le secteur de la presse touche à la fois les comportements des lecteurs et les méthodes de travail des professionnels.
On constate chez les lecteurs une évolution importante des habitudes de consommation de l’information. L’abondance de contenus en ligne et l’essor des réseaux sociaux ont profondément modifié les attentes du public, désormais habitué à une information accessible instantanément, sous des formats variés et consommables de manière rapide, continue et fragmentée. Pour maintenir la visibilité de leurs titres, les éditeurs de presse ont dû accélérer le développement de leur offre numérique, désormais au cœur de leur stratégie de diffusion.
La presse numérique connaît un essor notable :
- 28,3 milliards de visite sur les sites et applications de presse ont été enregistrés par l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM) en 2024.
- 69 % des exemplaires vendus en 2024 sont numériques (ACPM).
Face à ces mutations, le secteur de la presse s'engage sur la voie du multicanal. Les supports se diversifient pour toucher un public plus large : le traditionnel format papier coexiste avec une forte présence numérique sur les sites internet et les applications des éditeurs, mais aussi avec de nouveaux formats audio et vidéo diffusés sur les différentes plateformes numériques.
Les professionnels ont de plus en plus recours au numérique et à l’intelligence artificielle :
- pour la collecte de données, où les outils actuels permettent de traiter de vastes volumes d’information, d’effectuer des veilles automatiques et d’identifier des actualités en temps réel ;
- pour la production et l’édition de contenu, notamment pour la génération de textes et d’images ;
- pour la diffusion de l’information, en facilitant la transcription et la traduction automatiques ;
- pour la vérification de l’information, en contribuant à la détection des contenus générés par IA et en soutenant les processus de validation à grande échelle.
La transition numérique a bouleversé les modèles économiques traditionnels des médias.
Les recettes publicitaires et de vente au numéro des éditeurs de presse décroissent depuis les années 2000, sans être compensées par des recettes numériques équivalentes.
Afin d’accompagner aux mieux les acteurs du secteur de la presse dans la mutation de leur modèle économique et dans la transition numérique, le ministère de la Culture propose plusieurs aides.
- Le fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse, créé en 2012, permet de soutenir l'émergence de nouvelles publications de presse, de nouveaux services de presse en ligne, ainsi que de nouvelles solutions devant profiter à l'innovation dans le secteur de la presse.
- Le fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP), créé en 2012, soutient une grande variété de projets d’entreprises et agences de presse et notamment les projets représentant une innovation, augmentant leur productivité ou améliorant et diversifiant la forme rédactionnelle.
Si ces évolutions technologiques ouvrent de nouvelles opportunités pour la presse, elles posent également des défis en matière de fiabilité de l’information sur internet et d’ingérence extérieure. Afin de lutter contre les manipulations du débat public en ligne, l’État a mis en place le Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères (VIGINUM). Ce service joue un rôle essentiel dans la détection d’opération de désinformation. Pour caractériser une ingérence, VIGINUM s’appuie sur quatre critères cumulatifs : une atteinte potentielle aux intérêts fondamentaux de la Nation, un contenu manifestement inexact ou trompeur, la diffusion artificielle et automatisée, l’implication directe ou indirecte d’un acteur étranger.
Les défis de l’intelligence artificielle
Les usages de l’intelligence artificielle (IA), en particulier de l’IA générative qui permet de créer du contenu à la demande, se développent massivement. Le déploiement de l’IA dans les médias soulève de nombreuses problématiques, parmi lesquelles la qualité et la fiabilité de l’information, la protection des droits d’auteurs.
Face à l’essor de l’IA, le ministère de la Culture a publié en juillet 2025 sa stratégie d’action pour une intelligence artificielle culturelle, responsable et souveraine. Cette stratégie repose sur plusieurs piliers, notamment l’utilisation éthique et transparente de l’IA et la défense d’un modèle économique équitable, garantissant une juste rémunération des auteurs face à la multiplication des contenus générés.
Le ministère a aussi créé compar:IA, un outil destiné à sensibiliser les citoyens à l’utilisation des systèmes d’IA conversationnelle. Il favorise le développement de l’esprit critique des utilisateurs face aux réponses générées par IA et les aide à mieux comprendre les enjeux liés à ces technologies, notamment en matière d’impact environnemental.
Les médias développent également des outils pour encadrer l’utilisation de l’IA, tant au niveau interne que collectif :
- chartes internes qui synthétisent une série d’engagements relatifs aux usages de l’IA avec des principes directeurs tels que la transparence et la traçabilité dans son usage ;
- comités de suivi de l’utilisation de l’IA ;
- la charte de Paris sur l’IA et le journalisme de Reporters sans frontières (RSF) publiée en novembre 2023, qui établit dix grands principes portant notamment sur les conditions de collecte, de traçabilité de l’information, de mise en forme et de distribution de l’information mais également de respect des droits d’auteur à l’ère de l’IA ;
- le centre de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a publié une recommandation relative à l’IA.
Les principaux syndicats d’éditeurs de presse ont publié, à l’occasion du Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle des 10 et 11 février 2025, une tribune commune pour préserver une information fiable à l'heure de l'intelligence artificielle générative.
Ressources
Partager la page