La culture foraine puise ses racines dans les grandes foires commerciales du Moyen Âge, où peu à peu jongleurs, troubadours et marionnettistes ont rejoint ces rassemblements festifs. Ces formes de spectacle annonçaient déjà les prémices du divertissement moderne : théâtre de boulevard, cabaret, music-hall, illusionnisme…
À la fin du 19e siècle, la fête foraine telle que nous la connaissons prend son essor avec l’apparition des premières attractions mécaniques, des lumières et des sensations fortes. Aujourd’hui, de février à novembre, environ 35 000 familles vivent de cette activité en France. Elles se déplacent selon un itinéraire établi, revenant chaque année dans les mêmes villes et villages.
Une culture fédératrice
Plus qu’un métier, la culture foraine est un mode de vie qui passe de génération en génération. Elle repose sur la mobilité, une forte solidarité communautaire et des savoir-faire techniques et artistiques transmis essentiellement à l’oral. Autodidactes pour la plupart, les forains tiennent à transmettre leurs savoir-faire aux plus jeunes : monter un manège, l’entretenir, créer la fête avec leurs attractions appelées « métiers ». Les carrousels, grandes roues, auto-tamponneuses ou montagnes russes font partie de l’imaginaire collectif. La fête foraine évoque ces instants de partage en famille ou entre amis.
En l’inscrivant en 2024 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, l’Unesco salue d’ailleurs une culture « riche en traditions » qui « fédère des milliers de personnes, promeut la paix et la cohésion sociale en créant un espace favorisant les rencontres entre communautés ».
Préserver des lieux de transmission
Mais ce patrimoine populaire est aujourd’hui fragilisé. Les forains alertent sur la raréfaction des espaces publics dédiés aux fêtes. Préserver des emplacements en centre-ville, garantir des stationnements adaptés pour les caravanes, assurer communication, sécurité et harmonie des installations : telles sont pourtant les conditions indispensables à la pérennité de la tradition.
Autre écueil : la mémoire. Dans une culture itinérante et orale, peu d’archives existent. La conservation passe aussi par des lieux de transmission. À ce titre, le musée des Arts forains à Paris joue un rôle essentiel. « La culture foraine était un fait social largement oublié, dont il fallait préserver la mémoire. La conservation des attractions contribue à cette reconnaissance », souligne Clémentine Favand, directrice générale déléguée du musée. Lieu de découverte, l’établissement abrite un fonds documentaire et des ateliers de restauration, contribuant à faire vivre et rayonner cette culture incluse à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2017.
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