Pendant 2 ans, à l’initiative du ministère de la Culture, un groupe de quatre chercheurs indépendants ont étudié la question des espaces culturels en prison en interrogeant leur histoire, leur fonction au sein de l’institution carcérale et leur prise en compte dans la politique immobilière de l’administration pénitentiaire.
Des espaces présents dès les années 50
Les espaces culturels en détention existent sous plusieurs appellations et ont connu de multiples évolutions depuis les années 50 où l’on commence à trouver dans les archives de l’Administration pénitentiaire des mentions d’activités culturelles et d’espaces dédiés, tels que des salles de spectacle.
À cette époque, les activités culturelles ne sont pas encore considérées comme un outil de réinsertion. Dépendantes du bon vouloir des chefs d’établissements, elles devaient plutôt servir à l’instruction et à l’édification des détenus, ainsi qu’au maintien de l’ordre dans les établissements pénitentiaires. En somme, une soupape de sécurité destinée à assurer la discipline en détention, et des privilèges accordés à ceux qui étaient considérés comme les plus « méritants » par l’Administration pénitentiaire.
Des espaces véritablement dédiés aux activités culturelles vont apparaître en 1975, avec l’introduction de nouveaux régimes carcéraux et une nouvelle réforme prônant l’ouverture sur l’extérieur. Ces espaces vont être véritablement exploités dans les années 80, avec le développement d’un partenariat entre les ministères de la Justice et de la Culture, et surtout en 1986, avec l’aboutissement du premier protocole d’accord culture-justice qui vient préciser les obligations en matière d’aménagement de lieux adaptés à l’exercice d’activités culturelles.
Dès lors, ces espaces, souvent dénommés « salles polyvalentes » vont se multiplier et devenir des lieux incontournables de la détention, au même titre que les bibliothèques en accès libre et les terrains de sport.
Une étude pour réaliser un état des lieux et engager des réflexions
La signature du protocole de 1986 a vu le renforcement des activités culturelles en détention (qui se sont dans le même temps professionnalisées). La question de la présence, de la disponibilité et de l’adaptation d’espaces à même d’accueillir ces activités est alors devenue centrale pour l’ensemble des professionnels concernés, en particulier les coordonnateurs culturels chargés d’organiser ces activités et les artistes intervenant.
Les réflexions menées au moment de la rédaction du dernier protocole en vigueur (2022) ont révélé que ces espaces étaient souvent en sous-nombre et peu adaptés à la tenue de certaines action. Face à ces enjeux et à un terrain encore insuffisamment exploré, le ministère de la Culture a décidé de confier à un groupe de quatre chercheurs la réalisation d’une étude dont les objectifs étaient :
- de réaliser un état des lieux ;
- de proposer une définition des espaces culturels en prison ;
- d’établir des préconisations concernant la création et la gestion de ces espaces ;
- d’interroger l’existence et la pertinence des liens pouvant exister entre la prison et son environnement culturel, entre le « dedans » et le « dehors » ;
- de questionner le sujet de la permanence artistique à l’intérieur de la prison.
Pour répondre à ces problématiques, plusieurs professionnels ont été chargés d’enquêter, chacun sur son champ de compétence : l’historien Jean-Lucien Sanchez, la sociologue Leïla Delannoy Aissaoui, la metteuse en scène Valérie Dassonville et Clara Leroux, étudiante en sociologie. Ils ont fouillé les archives, mené des entretiens, assisté à des projets culturels et observé ce qui se joue entre les différents acteurs, personnes détenues, surveillants et artistes, dans le microcosme que constitue un établissement pénitentiaire.
La prise en compte des espaces culturels dans la politique immobilière de la Direction de l’Administration pénitentiaire a également été étudiée, et fait l’objet d’une attention spécifique dans les réflexions autour de l’ouverture de nouveaux établissements.
En parallèle, et pour accompagner la rédaction de cette étude, trois épisodes d’un podcast ont été réalisés par le bureau de la donnée, de la recherche et de l’évaluation de la DAP :
- Épisode 1 : Ministère de la justice, ministère de la culture : une politique culturelle en commun
- Épisode 2 : L’élaboration de projets culturels partagés en détention
- Épisode 3 – La place de la culture dans le monde carcéral
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