Commission nationale Culture et Handicap (CNCH) - 14 janvier 2014, 9ème édition (5/9)

1.1. La mobilisation nationale

La nécessité d’une éducation artistique et culturelle s’est progressivement affirmée contre l’idée qui a prévalu jusque dans les années 70, selon laquelle l’œuvre d’art, par sa seule présence, serait susceptible de susciter l’adhésion du public, toute action de médiation étant suspectée d’altérer la relation aux œuvres.

Il aura fallu plusieurs décennies d’action culturelle pour apprendre que l’appréhension des œuvres, la construction du jugement esthétique, la réceptivité aux formes nouvelles d’expression artistique se nourrissent de l’apprentissage des codes esthétiques, et de la mise en relation des œuvres et des styles qui font désormais le concept d’histoire des arts.

Longtemps assimilée aux seuls enseignements de la musique et du dessin dans les établissements scolaires, et à ceux dispensés en dehors du temps scolaire par les conservatoires et écoles municipales de musique, la notion d'éducation artistique et culturelle s'est progressivement dégagée des seuls enseignements. Elle favorise la connaissance du patrimoine culturel et de la création contemporaine et participe au développement de la créativité et des pratiques artistiques. Elle vise à former chez les enfants et les jeunes la capacité à poser un regard personnel sur le monde, à leur faire découvrir la variété des richesses culturelles et, plus encore, à éveiller leur sensibilité artistique et leur créativité. Elle fait appel pour cela à des situations où l’enfant et le jeune adoptent une posture active leur permettant de découvrir la pluralité des regards singuliers posés par les artistes sur le monde, et l’enjeu que constituent la confrontation des imaginaires des uns et des autres, leur questionnement critique.

Trente ans après, une culture commune de l'éducation artistique et culturelle s'est progressivement dégagée autour de trois grands principes.

Elle a pour objectif d'initier les enfants et les jeunes :

• à un rapport direct aux œuvres  ;
• à l’approche analytique et cognitive des œuvres et la construction du jugement esthétique ;
• à la pratique artistique.

Parce que l'art et la culture sont de puissants vecteurs de liberté, d'émancipation individuelle et d'intégration sociale, l'éducation artistique et culturelle est une priorité gouvernementale.

C’est pourquoi l’article 10 de la loi pour la refondation de l’école de la République lui est consacré et prévoit la mise en place d’un parcours d'éducation artistique et culturelle. Celui-ci doit permettre à tous les jeunes, sur tous les territoires, d'accéder à l'art et à la culture durant tous leurs temps de vie. En collaboration étroite avec les collectivités territoriales, ce projet sera mis en œuvre progressivement dès la rentrée 2013. Il est défini par une circulaire commune des ministres chargés de l’Éducation nationale et de la Culture et sera conforté par une formation renforcée de l'ensemble des acteurs concernés (enseignants, intervenants artistiques…).

Le parcours d'éducation artistique et culturelle comprend trois volets étroitement liés : les savoirs, la pratique artistique et la rencontre avec des œuvres et des artistes. C'est une démarche de projet partenariale qui implique tous les espaces et temps de vie des jeunes et qui concerne l'ensemble des acteurs de l'éducation artistique et culturelle : les enseignants et les établissements scolaires, les ministères concernés, les institutions, les réseaux associatifs culturels comme ceux de la jeunesse et de l'éducation populaire, les structures culturelles et les artistes, et les collectivités territoriales.

Les initiatives et les réalisations existantes sont multiples, souvent remarquables et de grande qualité. Mais les inégalités territoriales, sociales et familiales persistent : les ministères chargés de la Culture et de l’Éducation ont l’ambition de pouvoir toucher tous les enfants et les jeunes en veillant d’abord à privilégier les territoires les plus éloignés de l'offre culturelle - en particulier les zones urbaines sensibles et les zones rurales - et en prenant en compte l'ensemble des jeunes dont les jeunes en situation spécifique.

Dans le respect du principe d’accessibilité généralisé inscrit dans la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005, les jeunes en situation de handicap s'inscrivent pleinement dans le plan gouvernemental d'éducation artistique et culturelle.

C'est au niveau territorial que seront préparés les cadres contractuels dans lesquels les priorités locales, les choix et les actions elles-mêmes seront présentés, sur lesquels pourront s’appuyer les initiatives portées sur le terrain par les équipes pédagogiques et tous les acteurs de l’éducation artistique et culturelle.

La ministre de la Culture et de la Communication s'est engagée à renforcer les moyens d'intervention des directions régionales des affaires culturelles. En 2013, 2,5M€ de mesures nouvelles y sont consacrées et 4,6M€, en 2014. Ces crédits délégués aux directions régionales des affaires culturelles ont pour objectif d'impulser des projets territoriaux, en partenariat avec les collectivités territoriales, afin de faire de l'éducation artistique et culturelle un levier de développement culturel des territoires tout en prenant en compte les enfants et les jeunes en situation de handicap.

Dans ce cadre, une centaine de projets ont été soutenus par les directions régionales des affaires culturelles. Parmi eux, plus de 30% incluent des enfants et des jeunes en situation de handicap (notamment au sein du secteur médico-social).

1.2. Les actions en région

Aquitaine
La DRAC a accompagné le projet « Passeurs d'Image » de l'ADAPEI 33 mené avec l'agence Ecla (agence régionale pour le livre et le cinéma). Dans ce cadre un projet EAC / Éducation à l'image a été mené à destination de jeunes en situation de handicap au sein de quatre instituts médico-sociaux. Ce projet s'est poursuivi en 2013.

Basse-Normandie
La DRAC, en lien avec l'ARS, a initié dans le cadre de l'expérimentation sur l'élargissement de la convention Culture/Santé au médico-social, le lancement d'un appel à projets de jumelages d'éducation artistique et culturelle en IME (Institut médico-éducatif) / ITEP (Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique). Cet appel à projet est mené en partenariat avec le conseil régional et la Caisse d'épargne Normandie. Les actions conduites déclinent le dispositif de jumelages privilégié par la région en éducation artistique. La résidence artistique est la forme de rencontre entre les artistes et les publics la plus représentée. Les productions sont de qualité. La DRAC a financé ces jumelages à hauteur de 3000€.

Guadeloupe
La DRAC accompagne des actions présentées par la circonscription de l'Adaptation et Intégration Scolaire en école élémentaire et en ULIS (unités localisées pour l'inclusion scolaire) en collège et lycée (orchestre d'enfants en situation de handicap et en difficulté scolaire).

Haute-Normandie
Les élèves en situation de handicap constituent un public prioritaire de la mise en œuvre d'une politique d'éducation artistique, au même titre que les élèves des établissements situés en zone rurale isolée ou dans une zone d'éducation prioritaire. En plus du volet dédié aux enfants accueillis en IME et ITEP, la DRAC est attentive à développer des projets intégrant les Classes pour l'inclusion scolaire et les ULIS.

Ces classes sont prioritaires lors des différentes commissions de projets de classes (Adoptez un jardin, Architecture en classe...) et lors de sélection des classes pour les projets de territoire (CLEAC). Elles sont également systématiquement associées au projets d'école ou d'établissement (jumelages et résidences).

Par ailleurs, la DRAC soutient chaque année des projets qui proposent une rencontre entre jeunes en situation de handicap et jeunes valides : établissement scolaire et établissement médico-social. Des conventions locales d'éducation artistique et culturelle (CLEAC) favorisent cette mixité (ex. ville de Darnétal). Celle en construction avec la communauté de communes de Fécamp repose même sur ce principe, grâce au thème de l’alter sensorialité.

Île-de-France
Des ateliers de pratique théâtrale pour jeunes sourds et entendants sont menés par l'International Visual Theatre à l'institut départemental Gustave Baguer à Asnières-sur-Seine. De plus, des ateliers d'audiodescription ont été mis en place par la coordination de "Collège au cinéma" dans le Val-de-Marne.

Languedoc-Roussillon
La DRAC s'efforce de favoriser les pratiques visant la mixité des publics. Des projets en milieu scolaire sont soutenus dans un contexte mêlant enfants en situation de handicap et enfants valides. Divers projets sont également soutenus dans les IME et ITEP sur le temps scolaire des jeunes. Par ailleurs l'approche en terme d'éducation artistique et culturelle couvre l'ensemble des temps des jeunes et des adultes en situation de handicap. La DRAC a soutenu un projet de théâtre en collaboration avec la compagnie GESTUELLE à destination d'enfants du collège Gérard Philippe dans le cadre de l'atelier « le corps pour le dire ».

Lorraine
Des projets d'éducation artistique et culturelle sont régulièrement concernés par le handicap. En Meurthe-et-Moselle, sont ainsi proposés :

- des enfants porteurs d'un handicap lourd en bénéficient à Flavigny-sur-Moselle à travers les arts du cirque ;
- en Classes pour l'inclusion scolaire un projet pluridisciplinaire musique/danse//littérature est conduit par des enseignants et un dumiste à l'école La Fontaine de Nancy, en lien avec le « Printemps des poètes ».

La démarche de bien intégrer les enfants handicapés présents dans les classes aux projets mis en œuvre est habituelle.

Midi-Pyrénées
Dans le cadre d'un projet de territoire scolaire, en 2012 la DRAC a soutenu financièrement (12.335€) une résidence d'artiste performeur handicapé, Kamil Guénatri, avec l'association AFIAC. Cinq collèges du bassin est du Tarn accueillent à tour de rôle l'artiste pour une performance afin de sensibiliser les élèves.

Poitou-Charentes
Les services des publics ont intégré cette thématique dans leurs actions annuelles de médiation et d'éducation artistique au public avec un principe de mixité, principalement sur le sensoriel.