Depuis 2017 et les festivités des 500 ans de la ville, Le Havre organise chaque été ses rendez-vous avec l’art contemporain. Les œuvres d’art constituent aujourd’hui une collection permanente qui s’enrichie chaque année et donne une nouvelle identité à la ville à l’image de l’œuvre Catène de containers de l’artiste Vincent Ganivet ou encore UP#3 des artistes Sabina Lang et Daniel Baumann.
Catène de containers de l’artiste Vincent Ganivet
Les œuvres sont présentées dans l’espace public, accessible à tous, et sous l’impulsion du nouveau directeur artistique, Gaël Charbau, l’été au Havre s’étend davantage cette année dans la ville pour aller en ville haute et dans les quartiers sud.
Palinoscope, Fleur Helluin, Les jardins suspendus
Parmi les œuvres présentées cette année « Palinopsie » est un projet en coproduction avec « monde nouveau », programme mis en place par le Ministère de la culture destiné à soutenir la création artistique après la crise sanitaire.
« Palinopsie est une sculpture en verre synthétique dichroïque et acier qui se base sur les plans du Regelbau M272, une casemate pour batterie de marine, dont plusieurs exemplaires ont été construits en Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale. La casemate, bâtiment de mort, opère une métempsychose architecturale pour renaître en un volume de lumière. Les murs de béton ont été remplacés par les vibrations des couleurs en mouvement et le cœur du bâtiment a troqué le canon pour un vide que le public peut occuper.
Le titre Palinopsie désigne un phénomène optique caractérisé par la persistance anormale ou la réapparition des images après disparition de celle-ci.
Le Regelbau M272 se prête particulièrement bien à cette vision. Esthétiquement fort, il est composé de différents plans géométriques pouvant se transposer dans une construction en verre synthétique dichroïque et acier. Palinopsie ne reprend pas de façon exacte le plan du M272, mais s’en inspire pour créer une structure architecturale inédite. Il s’agit d’une sœur lumineuse et vivante de ce bâtiment de guerre.
Fleur Helluin est une artiste française. Son travail prend la forme de peintures, sculptures et céramiques, soulignant avec poésie et humour les frictions entre le banal et le spirituel. L’artiste oscille entre Berlin et la Normandie, entre la culture pop et les légendes mythologiques, entre les filtres Instagram et le Quattrocento. L'humour formel de ses traits et de sa palette désamorce la menace des thématiques lourdes (genre, guerre, amour).
Ayant habité 14 ans à Berlin, l’artiste est particulièrement sensible au site à forte charge historique de la Batterie de Longues. Son grand-père maternel était résistant dans le Maquis Surcouf. Son grand-père paternel a participé à la bataille de Dunkerque et lui a souvent parlé des heures passées entre mer, terre et ciel. L’espérance d’une amitié forte entre les peuples et leur réconciliation font partie des valeurs fortes de leurs héritages. »
Coup de vent, Emma Ertzscheid, rue Robert de la Villehervé
« Pour cette nouvelle saison d’Un Été Au Havre, Gaël Charbau a souhaité poursuivre et développer le travail mené avec les étudiants de l’ESADHaR dans l’espace public. En 2022 et 2023, les étudiants ont participé à un workshop leur permettant de développer un projet concret pour la saison à venir d’Un Été Au Havre. Chacune et chacun devait composer avec les contraintes d’un tel évènement : respecter une enveloppe budgétaire, imaginer un projet qui puisse s’adapter aux nombreux aléas de l’art à ciel ouvert, s’inscrire dans une “écologie de projet” impliquant les producteurs délégués de l’évènement, etc. Après plusieurs sessions de travail et la présentation finale des maquettes, c’est le projet d’Emma Ertzcheid qui a été retenu.
Elle nous propose dans Coup de vent une œuvre drôle, légère et poétique, composée de vêtements figés dans de la résine et suspendus dans certaines rues de la ville, comme si une véritable bourrasque les animait. Avec ce geste en apparence simple, elle projette au Havre l’atmosphère de certaines villes d’Italie ou du sud de la France au milieu du vocabulaire de l’architecture Perret. Avec leurs multiples formes et couleurs, leurs différentes histoires, les vêtements choisis par Emma Ertzcheid nous parlent de la vie quotidienne, des différentes origines sociales, des rencontres impromptues entre la tenue de l’ouvrier, de l’étudiante, du cadre supérieur ou de l’écolier, etc. Elle anime les rues avec un geste qui répond à la volonté du directeur artistique de faire “frissonner l’art” dans toute la ville et de multiplier les occasions de rencontrer une proposition artistique.
Derrière l’apparente banalité des objets qui flottent ainsi, suspendus sur des cordes à linge, c’est aussi pour elle une façon de montrer l’envers d’un décor social, de mettre en lumière cet espace “frontière” du vêtement qui nous représente aux yeux des autres et qui nous colle une étiquette, une place bien définie au sein de la société. »
L’École Supérieure d’Art et Design Le Havre-Rouen (ESADHaR)
Cet Établissement Public de Coopération Culturelle à caractère administratif est consacré à l’enseignement supérieur et la recherche dans les domaines de l’art, du design graphique et de la création littéraire. Il est placé sous le contrôle pédagogique du Ministère de la Culture.
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