La Mission Patrimoine en Péril
Historique MPP :
Confiée par le Président de la République à Stéphane Bern en Septembre 2017, la mission a vocation à recenser le patrimoine en péril et à rechercher des modes de financement innovants pour le restaurer. Dès lors, la même année a été rendu possible, via une loi de finance modificative, un prélèvement sur les sommes issues d’un loto dit «du patrimoine».
La fondation du patrimoine a été désignée pour gérer le fond dédié, alimenté à la fois, par ce prélèvement sur les jeux mais également par du mécénat, des dons, des souscriptions.
Ce fond est destiné à compléter les financements de l’État, des collectivités et des propriétaires (subventions de la DRAC, subventions des collectivités, autofinancement des porteurs de projets, etc...)
patrimoine concerné :
La mission finance aussi bien les opérations de sauvegarde du patrimoine protégé au titre des monuments historiques que les opérations qui concernent le patrimoine non protégé. Il existe cependant un certain nombre de critères de sélection (mauvais état de l’édifice, voire péril, maturité des opérations qui doivent pouvoir démarrer rapidement, diversité de type de bâtiments, etc...)
calendrier annuel de la MPP :
A partir des propositions qui sont effectuées par la DRAC pour ce qui concerne le patrimoine protégé au titre des monuments historiques et par la fondation du patrimoine* pour ce qui concerne les édifices non protégés, une première sélection est effectuée par le comité dédié (présidé par S. Bern), dans le courant du premier trimestre, afin d’établir la liste nationale des monuments dits « emblématiques » : un monument est ainsi sélectionné au sein de chaque région (exemple : Chateau de Caneville-50 en 2018, Abbaye de Longues-14 en 2019, théâtre antique de Lillebonne-76 pour 2020).
Plus tard dans l’année, et selon le même protocole, le comité de sélection établit la liste des monuments dits «de maillage » : il s’agit là d’une liste nationale d’un monument par département.
Les monuments retenus, cette année, en Normandie :
Théâtre de Lillebonne, classé au titre des monuments historiques par liste de 1840.
L’édifice a été construit au 1er siècle et transformé aux 2ème et 3ème siècles puis il tombe dans l'oubli. Il est redécouvert au 18ème siècle. En 1812, l'abbé Rever s'intéresse au monument et convainc le Département de la Seine-Inférieure d'en faire l'acquisition, avant de commencer les travaux de dégagement.
D'importantes fouilles sont entreprises au 20ème siècle notamment au début de ce siècle par par le conservateur du Musée des Antiquités de Rouen, M. de Vesly. Malgré ces différentes campagnes, le théâtre romain n'a jamais été fouillé dans sa totalité.
Le théâtre apparaît comme un hémicycle appuyé à la colline du Toupin. La partie basse est couverte de gazon, tandis que, sur la hauteur, subsistent des restes de construction.
Les dimensions en sont importantes : 106,50 mètres le long du grand axe Est-Ouest, la longueur du petit axe Sud-Nord étant estimée entre 91,70 et 94,70 mètres. La cavea (gradins), en demi-cercle, est bien celle d'un théâtre mais l'arène elliptique est celle d'un amphithéâtre. L'explication la plus souvent retenue est qu'à un amphithéâtre primitif a succédé un théâtre. L'arène (espace sablé au centre) aurait été coupée au Nord, au niveau de la route actuelle qui recouvrirait la scène.
Le théâtre antique de Lillebonne est sans doute, parmi les vestiges antiques de la Normandie, l'un des plus imposants et plus anciens.
Depuis 2006, le Conseil Départemental de la Seine-Maritime dépose régulièrement des autorisations de travaux pour consolider les structures et les vestiges. C’est dans cette optique que l’opération en cours, la restauration des murs M15, M43 et M55, est menée.
Château-sur-Epte, les vestiges bâtis et non bâtis de l'ensemble castral (cad. 1996 ZC 76-82) sont classés par arrêté du 16 juin 1998.
L'ensemble castral de Château-sur-Epte constitue un témoignage exceptionnel des fortifications de la fin du XIème siècle et du début du XIIème siècle. Situé sur la frontière de l'Epte, entre le duché de Normandie et le royaume de France, le site présente des richesses architecturales de premier ordre pour la connaissance des fortifications de cette époque.
Le château est composé d'une enceinte circulaire (environ 110 m de diamètre) cerclée d’un fossé et d'une motte, 50 m de diamètre à la base, 20 m au sommet, surmontée d’une tour ronde, effondrée sur un tiers de sa circonférence, haute de 18 m. Deux tours-portes carrées autorisent l’accès à l’enceinte. Une cour noble s’étend au pied de la motte au sein d’une seconde clôture, protégée par un petit fossé et une tour-porte (doublée au XVIème siècle).
En décembre 2015, le château est acquis par l’association Héritage Historique.
Elle a pour projet la sauvegarde du site laissé à l’abandon depuis de nombreuses années et sa valorisation. Les responsables ont depuis entrepris de nombreuses opérations pour restaurer les maçonneries médiévales encore en élévation et ont pour projet de restituer, après étude et concertation avec les services de l’état, les maçonneries médiévales détruites. A long terme, elle souhaite mettre en place un centre d'interprétation.
La Tour dite des prisons du château médiéval de Saint Sauveur le Vicomte (©Fondation du Patrimoine)
L'origine du château se rattache aux premiers temps du duché de Normandie. Il passe en 1214 aux Harcourt. C’est Geoffroy d’Harcourt qui donne à l’histoire du château sa figure la plus marquante : en 1341, tandis que débute la guerre de Cent Ans, se proclamant défenseur des libertés normandes, il s’oppose à l'autorité du roi de France et choisi de faire allégeance à Edouard III d'Angleterre. En 1346, c'est lui qui guide l'armée britannique jusqu'au champ de bataille de Crécy. Le château de Saint-Sauveur devient alors une tête de pont pour les troupes insulaires et bandes de routiers qui ravagent la Normandie. On attribue avec vraisemblance aux occupants anglais la construction du château actuel, avec son haut donjon quadrangulaire. En 1375, la place revient enfin au roi Charles V, au terme de l'un des premiers grands sièges d'artillerie de l’histoire militaire française. Il est transformé en hospice sous le règne de Louis XIV. Malheureusement affecté par les bombardements alliés lors des combats de la Libération, il a toutefois conservé l'essentiel de ses dispositions médiévales.
La restauration de la tour dite des prisons du château constitue une étape préalable à la mise en œuvre d'un Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine, programmé dans le cadre de la convention du Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin. La vocation de cet aménagement est également d'améliorer la capacité de réception des manifestations culturelles et touristiques qui se déroulent chaque année sur le site, tels que les concerts, fêtes médiévales, chasses au trésor et visites nocturnes théâtralisées. Le château constitue le principal atout d'attractivité pour la commune et sa réhabilitation est donc un enjeu important pour redynamiser un territoire rural qui enregistre depuis plusieurs décennies une perte d'activité et de population. En raison de son rôle prépondérant dans l'histoire de la Normandie médiévale, sa conservation et sa mise en valeur représentent un enjeu d'intérêt régional.
L’église de Villiers le sec (Calvados) (©Fondation du Patrimoine)
L’église paroissiale est dédiée à Saint-Laurent et à Saint-Georges. Elle fut construite dans la seconde moitié du XIIe siècle, au cours du premier gothique. Elle consistait en une nef unique avec une tour lanterne et un toit en bâtière entre la nef et le chœur. En cours de chantier, le voutement de la tour est décidé sans qu’aucun appui supplémentaire ne soit prévu. Au XVIIIe siècle, la nef s’effondre par manque de fondations cohérentes. Messire Olivier d’Amours, seigneur de Villiers-le-Sec, la fait reconstruire à ses frais en y ajoutant des bas-côtés pour la conforter. La sacristie et l’accès extérieur du clocher datent de cette époque. Bien que le clocher et le chœur ne se soient pas effondrés, les défauts de conception y ont occasionné de graves désordres. En 1934, des premiers travaux de confortation sont entrepris en haut du clocher et depuis….plus rien. Une étude de 1994 est restée sans suite, la commune n’ayant pas les fonds nécessaires pour entreprendre les travaux.
Aujourd’hui, la tour est fissurée, elle vrille et elle penche. Les assises des murs et des contreforts sont fortement dégradées. De longues fissures verticales parcourent les quatre angles de la tour entrainant des désordres dans la maçonnerie mais aussi la chute des colonnettes des arcatures du beffroi.A très court terme, ces dégradations risquent d’entrainer la fermeture de l’édifice.
Briqueterie des Chauffetières à L’Hôme-Chamondot (©Fondation du Patrimoine)
La briqueterie des Chauffetières est l’une des rares briqueteries artisanales conservées en France. Elle se compose de deux bâtiments d’exploitation principaux presque identiques bien que construits à des époques différentes. Ils se composent d’une halle en bois abritant le four, prolongée par un long auvent destiné au façonnage et au séchage des briques avant cuisson. Le bâtiment le plus ancien a été construit dans le courant du XVIIIe siècle et le second dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Cette configuration générale contribue à donner à l’ensemble un aspect massif et fermé sur lui-même. La couverture en petites tuiles de pays présente la particularité d’être posée à claire-voie, afin d’optimiser la ventilation des bâtiments, nécessaire au séchage et à la cuisson des briques. Les techniques gallo-romaines sont encore employées aujourd’hui, en particulier concernant la cuisson. L’argile est extrait de la propriété.
La briqueterie est exploitée par la famille Fontaine depuis 1890. Il faut environ deux mois pour sortir une fournée et la saison s’étale de mai à octobre. Sur ses 30 000 briques annuelles, entre 30 et 40% sont réalisées à la main. C’est pourquoi la restauration de ces bâtiments permettra de pérenniser une activité artisanale devenue aujourd’hui rarissime et pourtant indispensable à la sauvegarde du patrimoine architectural. Les briques fabriquées aux Chauffetières ont de multiples destinations, notamment pour la rénovation de monuments historiques. On les retrouve par exemple dans les remparts gallo-romains du Mans, le château de Carrouges, le château de Versailles, le lavoir du haras du Pin ou encore le Pavillon de chasse de la forêt de Dreux. Le site est ouvert pour les Journées du patrimoine et sur rendez-vous.
Pressoir du manoir de l’Aumônerie à Saint-Martin-de-Boscherville (©Fondation du Patrimoine)
Le Manoir de l'Aumônerie, construit par les Templiers en 1214, est un exemple rare d'architecture civile du XIIIe siècle, composé de nombreuses dépendances et d'un jardin médiéval.
Au XVe siècle, la ferme et la clairière dépendaient de l’abbaye bénédictine Saint-Georges, à Saint-Martin-de-Boscherville. Les moines en font alors la résidence de leur aumônier, puis y installent des fermiers tout en créant une hôtellerie dans le manoir, à destinations de leurs hôtes. Une chapelle consacrée à Saint-Gorgon, un saint martyr romain, y est alors édifiée au XVIe siècle. Elle fût un lieu de pèlerinage célèbre jusqu'au XXe siècle.
La reconstruction du pressoir s'inscrit dans la volonté des propriétaires de faire du Manoir de l'Aumônerie un lieu ouvert à la visite. L'objectif est de pouvoir accueillir dans la partie incendiée des expositions et divers événements culturels. Les propriétaires lancent en parallèle l’implantation de trois gîtes dans les autres dépendances, fraichement restaurées, pour développer l’activité touristique sur le site. Lors de la première année d’ouverture, le manoir a accueilli plus de 1 000 visiteurs, ainsi que la première édition du festival de musique « Pom pom pom Pooom » créé par Hélios Azoulay, musicien de renom rouennais.
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