L’Inrap, la Fondation Groupe EDF et la Drac Hauts-de-France signent en effet jeudi 2 février à Amiens un accord de mécénat qui rend possible un programme d’étude novateur ainsi que la conservation-restauration de certains éléments emblématiques.
Une façade monumentale, une statuaire exceptionnelle
Ce monument du milieu du IIe siècle de notre ère a livré une statuaire remarquable, sans équivalent en Gaule romaine.
L’entrée s’y faisait par une façade monumentale de près de 10 mètres de haut et 70 mètres de long. Découverte effondrée, elle était percée d’une série de 13 à 17 arcades, surmontées d’un entablement et, fait exceptionnel, d’une frise d’attique qui évoque le vocabulaire architectural des arcs triomphaux. L’ornementation, parfois rehaussée de couleurs, révèle une profusion de décors sculptés d’une qualité remarquable : animaux, scènes mythologiques, statues de divinités... D’autres éléments décoratifs ont aussi été découverts : balustrades à décor de « S » affrontés et de lances, fragments de placage en marbre.
Un programme de sauvegarde et d’expertise
L’intérêt de la découverte pour le patrimoine national a motivé la mise en place de solutions innovantes pour protéger les éléments lapidaires, sous le contrôle scientifique de la Drac Hauts-de-France.
La mise au jour notamment a provoqué une dégradation de la pierre qui nécessite de missionner une spécialiste des collections publiques et des monuments historiques pour restaurer quatorze des blocs les plus emblématiques et leur rendre leur aspect originel. Le traitement de ces mobiliers sera aussi l’occasion de mener, avec le concours de chercheurs d’EDF des études sur les matériaux employés (pigments, mortiers) et leur provenance géographique.
Restitution 3D de la façade et reconstitution du mécanisme de chute
Le chaos de milliers de blocs et de fragments, produit par l’effondrement de la façade monumentale quelques décennies après sa construction, a été scrupuleusement relevé sur plan par les archéologues. Dans le cadre de son mécénat, la Fondation Groupe EDF a noué un partenariat avec l’INSA (Institut national des sciences appliquées) de Strasbourg dont le travail viendra compléter l’analyse des archéologues. 65 blocs de toutes tailles seront ainsi numérisés afin de proposer une restitution 3D du monument. En confrontant leurs hypothèses, archéologues et ingénieurs tenteront de reconstituer l’agencement de la façade ainsi que le mécanisme de chute du monument, dans le but de le présenter au public.
L’Inrap
Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise la majorité des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit près de 2 000 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les Dom. Ses missions couvrent notamment l’exploitation scientifique des résultats et la diffusion de la connaissance archéologique au public.
La Drac Hauts-de-France
Placée sous l'autorité du préfet de région, la DRAC est chargée de la mise en œuvre, adaptée au contexte régional, des priorités définies par le ministère de la Culture et de la Communication qui a pour mission de faciliter l'accès du plus grand nombre à la culture, de conserver et mettre en valeur le patrimoine, de stimuler la création, d'aider à la diffusion des œuvres. La DRAC veille à l'application du Code du patrimoine (autorisation de travaux, prescriptions archéologiques). En proposant au préfet de région l'attribution des soutiens financiers de l'État, la DRAC exerce aussi une fonction de conseil et d'expertise auprès des partenaires culturels et des collectivités territoriales.
Le mécénat de la Fondation Groupe EDF
Dans le prolongement de son action en faveur de l’accès à la culture et à la connaissance, la Fondation EDF a souhaité accompagner l’Inrap et l’État dans la perspective de présenter ce patrimoine exceptionnel au public. Ce soutien concerne également le défi technique et scientifique que posent la conservation des blocs et des éléments métalliques, leur restauration et la restitution 3D du monument. La fouille de Pont-Sainte-Maxence fait suite au mécénat de compétences développé en 2015 par la Fondation Groupe EDF avec le concours d’EDF R&D pour le mobilier archéologique de Château-Dubuc (Martinique).
Mécénat Fondation Groupe EDF avec le concours d’EDF R&D
Contrôle scientifique Service régional de l’Archéologie (Drac Hauts de France)
Recherche archéologique Inrap
Responsable scientifique Véronique Brunet-Gaston, Inrap
Restauration lapidaire Anne Liégey, spécialiste des collections publiques et des monuments historiques
Restitution 3D : INSA