Du 26 juin au 7 juillet 2017, sept étudiants en "Master restaurateur du patrimoine" de l'Institut national du patrimoine (INP) sont accueillis pour un chantier-école, hors norme, sur l'un des monuments emblématiques du patrimoine français.
Leur mission : l'étude des restes de polychromie sur la statuaire monumentale, celle qui fait la renommée mondiale de l'édifice, à partir des relevés et des informations transmises par Le laboratoire des monuments historiques (LRMH).
Une présence de polychromie attestée
La présence de restes de polychromie sur le portail central est bien connue. Des restes picturaux qui justifient une étude étendue et approfondie de l’ensemble de la statuaire.
Sur la zone des ébrasements ont été notamment observés :
- des couleurs : vert (aile de l’ange, feuillage) bleu (revers drapés) ocre rouge (bandeau feuillu)
- des décors d’orfrois
- une coloration spécifique aux visages
- un reste de décor sur le linteau
- un badigeon gris qui pourrait masqué des traces de polychromie
- des graffitis datés sous des interventions de « jutage » sur les drapés décoratifs situés sous le registre de statues (soubassement).
Décors d'orfrois | Décor sur linteau | Coloration spécifique aux visages |
Le laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH)
Préalablement, le laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), service à compétence nationale du ministère de la Culture, a réalisé, fin mai, et début juin, des analyses de la pierre, des fers et de la polychromie.
Grâce à leur laboratoire mobile, toutes les techniques actuelles ont pu être mises en œuvre, pour une analyse en profondeur :
- analyses non destructives : thermographie IR (détection des éléments sous-jacents – ex. dessin préparatoire, restes de couches - à faible profondeur), fluorescence - UV (augmentation de contraste – recherche des traces superficielles de matière organique), fluorescence X portable (analyse élémentaire ponctuelle).
- analyses micro-destructives : LIBS (laser focalisé sur la surface, analyse élémentaire ponctuelle couche par couche).
- prélèvements pour caractérisation stratigraphique et matérielle approfondie au laboratoire (si nécessaire).
Le chantier-école de l'Institut national du patrimoine (INP)
Encadrés par des enseignants de l'INP, spécialistes de la polychromie, et de restaurateurs professionnels, ils réalisent des sondages ciblés, sur les zones déterminées par le LRMH et réalisent des relevés des traces de polychromie qui seront reportés dans des fichiers informatiques, permettant comparaison et analyses...
- étude de restes de la polychromie : localisation des décors, et relevé des décors à l’échelle 1/1
- recherche et cartographie de la polychromie sous le badigeon gris
- étude sur la faisabilité et l’intérêt d’un dégagement du badigeon
- approche chronologique
Les restes de polychromie, très lacunaires, notamment pour les couleurs, sont observés dans des fonds de plis, des retours de volume protégés, des zones difficiles d’accès.
Le repérage et le relevé systématique de toute trace existante impose des techniques d’enregistrement particulières, la localisation sporadique des vestiges de polychromie rendant délicate l’établissement d’une stratigraphie « classique ». La connaissance précise des interventions et des dates d’interventions structurelles est notamment essentielle.
Couleur verte sur les ailes des anges | Examen à la loupe binoculaire |
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