La labellisation de Valençay s’est faite à l’occasion de la troisième campagne de labellisation, en 2013.
Valençay et Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
C'est en 1803 que Talleyrand décide d'acquérir le château de Valençay, à la demande de Napoléon, afin qu'il puisse recevoir avec fastes tous les dignitaires européens.
"Monsieur de Talleyrand, je veux que vous achetiez une belle terre, que vous y receviez les gens du Corps Diplomatique, les étrangers marquants, qu'on ait envie d'aller chez vous, et que d'y être invité soit une récompense pour les ambassadeurs des souverains dont je serai content". Napoléon Bonaparte à Talleyrand, 1803.
Il charge Jean-Augustin Renard de restaurer et d'embellir sa nouvelle propriété ; un pavillon de chasse est alors aménagé et le parc transformé en parc à l’anglaise. Le château est remeublé dans le style antiquisant alors en vogue ; le cabinet de travail abrite aujourd'hui des meubles et objets lui ayant appartenu. Le mobilier de sa chambre provient de son hôtel parisien de la rue Saint-Florentin.
Dans la seconde partie de sa vie politique, Talleyrand, y séjournera plus souvent. Il s'est intéressé de près à la vie locale : il fut maire de Valençay de 1826 à 1831 et conseiller général de l'Indre de 1829 à 1836. On trouve dans la ville de nombreux lieux rappelant sa présence ou son action.
Il reconstitue la filature – qui fournissait les usines de Châteauroux, d'Issoudun et la maison Sellière à Paris, et obtint une médaille à l'Exposition de Paris de 1819 – fait ériger le clocher de l'église en 1836, crée un nouveau cimetière et donne un terrain pour édifier la mairie. Il fit construire une ravissante chapelle (chapelle Notre Dame, proche de la mairie de Valençay), commencée en 1818, bénie l'année suivante et achevée en 1820. La crypte, quant à elle, n'était pas achevée lorsque le 17 mai 1838, le Prince mourut à Paris. Elle ne le fut qu'en septembre et c'est le 5 septembre 1838, que le corps de Talleyrand y fut déposé.
Talleyrand demeure une figure fascinante de l’histoire française. Son destin, sa longévité politique - il commence sa carrière sous Louis XVI, la poursuit sous la Révolution, l’Empire et la Restauration pour la terminer sous la Monarchie de Juillet – en font un des acteurs du passage de l’Ancien Régime à la France du XIXe siècle.
A quoi s’ajoute une personnalité insaisissable, traversée de contradictions, un caractère exceptionnel. Talleyrand lui-même plaçait le caractère dans les qualités indispensables à un grand homme comme en témoigne ces quelques lignes : «Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités : mais surtout et avant tout, le caractère».
Au-delà des trahisons et des reniements, l’évêque défroqué fut d’abord un fils des Lumières, un théoricien libéral habité par l’idée que la raison devait toujours l’emporter sur les sentiments, et le calcul des possibles sur l’utopie. Ce fut un diplomate en action, un homme de paix et un Européen, un homme de négociations jusque dans sa mort.
(Emmanuel de Waresquiel - Talleyrand. Dernières nouvelles du Diable .- CNRS éditions, 2011)
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