1.1427 - Les Rosiers
Saint-Gabriel, au sortir du centre-ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1427, p 40. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence Les Rosiers
3, traverse des Rosiers, quartier Saint-Gabriel 13014
Lambert 3 : latitude 3.04975 ; longitude 43.3215
Accès : bus 31 : Gambetta - Les Aygalades, bus 33 : Gambetta - Saint-Jérôme
propriétaire : Syndicat des Copropriétaires des Rosiers, Bâtiments I1, les Rosiers, 04 91 96 18 96
Syndic : Cogefim Fouques, 04 96 19 05 05
programme : Grand Ensemble peu équipé avec quelques commerces.
Maître d'ouvrage : Société Anonyme Immobilière pour favoriser l'Accession à la Propriété (SIFAP) issue de la Caisse Interprofessionnelle du Logement 13.
Programme de 727 logements, ensemble de 13 immeubles appartenant à trois types différents. Proximité des équipements scolaires et commerciaux.
dates, auteurs : PC initial : 1954. Inauguration : mai 1957.
Jean Rozan, architecte avec Nemoz Poulaillon.
Entreprises générales, Bruno Rostand et Scalabrino.
site : Versant sud-est de Saint-Gabriel, face à la Belle de Mai, à l'est de Bon Secours, site dominant les ruisseaux de Sainte-Marthe et de Plombière. Altitude entre 41,00 et 54,00 m (ligne de crête). Terrain initial 7,7 ha. Ancienne bastide horticole. Secteur d'habitation d'ordre discontinu, E du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Grand ensemble, signal depuis les lignes de chemin de Paris, les bâtiments les plus hauts occupent la crête. Espaces extérieurs peu entretenus et vieillis.
Épannelage : 2 grandes barres de R+12, trois barres en blocs décalés R+10 et R+11, huit blocs bas de R+2 et R+3. Équipements en R0 : commerces et centre social.
bâti : Constructions sur poteaux de 3,40 m d'entraxe maximum. Façades divisées selon des registres de superposition marqués par les coursives, écriture encore très HBM. Etat général moyen, manque d'entretien récent.
sources : AM : 969 W 27 - AD : 2071 W 7 (24.115), 165 W 32
Le Méridional, 23 Mai 1957
La Marseillaise, 23 Mai 1957
Revue Marseille n° 37
TPFE : T42, et Pour ne pas en finir avec les grands ensembles, Mounira Allaoui, ENS Architecture, 2006
Contexte :
Les terrains situés sur les coteaux entre les ruisseaux de Plombières et de Sainte-Marthe, sont occupés par la campagne horticole des Rosiers avec allée, bassin et canal d'irrigation.
L'urbanisme prend assez tôt en compte ces pentes, l'avant-guerre y bâtit les HBM Burel et le groupe Paul Strauss, Gaston Castel est aux commandes. Leur densité a dû étonner alors ; des cités au milieu des campagnes.
Après la guerre, le site va faire l'objet de plans d'extensions urbaines : Saint-Gabriel est déclaré d'utilité publique comme quartier de compensation pour les sinistrés du Vieux-Port. Situé à portée de lieux de travail de façon à réduire au maximum les transports, de grandes propriétés y sont disponibles, se prêtant bien à la résidence : proche de la ville et facile à viabiliser, bien exposées, calmes avec des espaces plantés.
Dès 1949, sur fond de Plan d'Urbanisme Directeur, on envisage de construire et, Jean de Mailly donne un plan de détail en 1951, entre Plombières et Le Canet, avec des impacts bâtis très importants.
Au printemps 1953, le Plan Courant cherche à favoriser l'édification rapide et massive de logements neufs.
Des avantages spéciaux sont accordés aux acquéreurs de terrains qui s'engagent à y aménager des locaux d'habitation répondant à des plans-types et pouvant être revendus ou loués pour des sommes peu élevées. Pour la première fois le Plan Courant reliait une loi foncière, un mode de financement et une programmation normalisée.
Par ailleurs, il va provoquer une contribution obligatoire des entreprises à l'effort de construction. Celles-ci devront désormais consacrer 1% de leur masse salariale au logement de leurs employés. Les Caisses Interprofessionnelles du Logement (CIL) vont se développer rapidement. À Marseille, J. Granjon et M. Fraissinet lancent l'opération la plus importante de la région avec 727 logements, via la Société Anonyme Immobilière pour Favoriser l'Accession à la Propriété. Le programme du CIL est dédié au personnel de la RATVM, de l'Huilerie Unipol et de la réparation navale.
Description :
Le plan de masse est très articulé, bordé au sud de petits blocs rationnels à distribution extérieure alignés en dent-de-scie. Cinq grands immeubles de 12 étages maximum se répartissent selon deux orientations. A l'ouest, sur la crête du terrain, deux barres forment une puissante ligne de ciel ; à l'équerre, trois autres immeubles disposés en rangées font le centre du programme. Tous ces bâtiments ont en commun d'être desservis par le réseau de larges coursives reliées à des ascenseurs et des escaliers.
En effet, la conception de ces immeubles est faite non pas comme un empilement d'étages, mais comme une superposition de rangées de trois et quatre étages avec caves en bas et appartements au-dessus. Les tranches sont ainsi séparées par une rangée de caves ouvrant sur des coursives très larges (les textes parlent de plateformes) où s'arrêtent les ascenseurs et où aboutissent les escaliers conduisant aux trois étages de chaque bloc.
Le parcours pour entrer chez soi passe par un ascenseur, traverse des coursives qui donnent sur les autres immeubles puis, enfin, gravit un escalier ouvert la plupart du temps sur l'autre face de l'immeuble. Ce déplacement, ces mouvements dans les espaces ouverts forment une véritable promenade architecturale.
Les deux types d'immeubles diffèrent selon leur distribution. Les plus hauts exposés au vent ouvrent leurs coursives du seul côté à l'abri, à l'est. Les trois autres décalent leurs blocs d'habitations avec une alternance des blocs en redents : tantôt au nord, tantôt au sud, augmentant la variation des points de vue sur les bâtiments, y compris l'immeuble lui-même, et amplifiant l'effet de promenade avec des prospects changeants selon le point de la coursive où l'on se trouve.
Nous sommes ici dans un cas type de grand ensemble, dont la répétition est l'un des facteurs d'uniformité. En général, les architectures y parent en jouant l'oeil de décors, ici c'est le parcours qui joue de la variété de situation avec comme théâtre l'architecture dans le mouvement du spectateur. L'espace tient ici de la modernité cinématographique.
À partir d'un tel dispositif spatial, une certaine idée de la plasticité urbaine, le décor d'architecture, n'a de place que dans la seule succession des allèges pleines ou transparentes des balcons participant d'une écriture, somme toute, assez classique. La structure en poteaux dalle laisse envisager de larges actualisations typologiques.
La conception spatiale des immeubles, qui avait été d'abord réalisée par J. Rozan sur La Paquerette, ne sera pas sans influence sur le travail de G. Candilis lorsqu'il construira sur une parcelle voisine et lorsqu'il développera plus tard, avec le Team X, des distributions spatiales par coursives et des assemblages en redents.
Auteur :
Jean Rozan (1887-1977)
entre à l'École des Beaux Arts en 1909 et travaille dans les ateliers Sénès et Heraud. La guerre interrompt ses études, il est officier sur le front de Salonique en 1916. Diplômé à la fin du premier conflit mondial, il s'installe à Marseille en 1920.
Il est architecte de la Chambre de Commerce en 1936, on lui doit les Usines Vertes de la SNCASE à Marignane. Il est le lauréat du Pavillon de Provence pour l'exposition universelle de 1937 à Paris.
Il réalise les bureaux de la Compagnie Paquet et ceux de la Compagnie de Navigation Mixte, la gendarmerie du Cap Janet, les bâtiments annexes de la Basilique Notre-Dame de la Garde ainsi qu'un certain nombre de bâtiments scientifiques et techniques.
Après-guerre il est architecte du CIL et réalise les premières opérations en Plan Courant.
Il est l'auteur du Trioulet en 1954, Mazargues en 1957, il est nommé chef de groupe du Secteur Industrialisé pour Marseille (La Marine Bleue, Campagne Lévêque, Frais Vallon). Après 1955, avec les opérations Million, il développera une intense activité autour du logement très économique (Les Tilleuls, Les Olives).
Fichiers associés :
- Carte du 14e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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