4.1029 - Castelroc le Haut
Saint-Tronc, 10e arrondissement sud-est de la ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1029, p 25. 2005
Label Patrimoine du XX° siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence Les Hauts de Castelroc
36 rue André Audoul, quartier Saint-Tronc, Lieux dit Sainte-Croix 13010
Lambert 3 : latitude 3.029542 ; longitude 43.21715
Accès : métro 2 : Saint-Charles - Sainte-Marguerite Dromel
bus n° 16 &16S : Dromel - Lycée J. Perrin
À pied : La Fauvière, Les Roches, Castelroc Le Bas
propriétaire : Syndicat des copropriétaires de Castelroc Le Haut, 04 91 75 47 28
Syndic SOGESTIMA
programme : 328 logements en accession à la propriété.
Maître d'ouvrage : Société Provençale de Construction Immobilière.
Ensemble de 4 immeubles (A à D).
Stationnement : 146 places construites à l'origine.
Équipement : cf. 1028 - Castelroc le bas, école.
Pavillon de bastide laissé en place.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1963. Livraison : 1973.
Claude Gros, architecte
Entreprise, Sté Nationale de construction, M. Sens.
site : Versant nord-est du Mont Rouvière (236 m). Terrain accidenté (dénivelé de 20 m). Au-dessus du canal de Marseille. Pinède à l'origine conservée dans le projet. Secteur E rural sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Très concentré en pied de terrain, voirie importante et sinueuse, bâtiments dans la pente. Épannelage par groupes d'immeubles (R+12 et R+15). La colline est le véritable espace du projet avec ses vues sur la ville et ses promenades.
bâti : Immeuble composite fait d'un assemblage de volumes habitables regroupés autour d'une circulation centrale. Distribution par passerelles avec niveaux décalés dans la pente. Volumétrie dégressive, structure par refends bétons. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 22 (66.389), 165 W 737
Claude Gros, Kulbach éditions, 1981
INSEE, 2001
Contexte :
Architecte-conseil du département des Bouches-du-Rhône entre 1960 et 1964, Xavier Arsène-Henry commande à Claude Gros l'étude d'un plan d'urbanisme de détail. L'étude porte sur les Hauts de Saint-Tronc dont le développement se réalise sur des terrains propriété de la Savoisienne sans plan de masse.
Très tôt, la qualité paysagère des collines a été reconnue et protégée dans les plans d'urbanisme marseillais (Grébert, Beaudouin).
Par un effet de condensation des emprises bâties en bas de pente créant une sur-densité de 150/ha, une grande partie des parcelles est laissée libre de construction. Ainsi, au pied du mont Rouvière de la chaîne de Saint-Cyr, les terrains resteront en Secteur Naturel au sens du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
Le canal de Marseille qui fait le tour de la ville, des collines des Cadeneaux jusqu'à la Madrague de Montredon, constitue un seuil entre les opérations de collines et de piedmont (Super Marseille, La Savine, Le Roy d'Espagne).
Description :
Passé le canal de Marseille, les voies en lacets gravissent la pente organisée en plateformes sur lesquelles s'étagent les immeubles ou parties d'immeubles. Entre ces emprises, des fragments de végétation collinaire (garrigue arborée de pins) se sont maintenus et développés en association avec une végétation d'apport.
La proximité de la colline permet de grandes promenades faisant de la résidence une entrée de parc public. Se retournant, on découvre les panoramas sur la ville comme vue à partir d'un balcon.
Les types d'immeubles sont conçus à partir de cette double présence : de la colline d'une part, dont la végétation traverse les intervalles, et des vues lointaines sur la cité phocéenne d'autre part.
Quatre groupes de bâtiments occupent une emprise réduite avec un épannelage étagé de 12 à 15 étages. La distribution des volumes estompe la notion d'immeuble au profit d'une forte continuité plastique des constructions.
Trois volumes autonomes, abritant les logements, sont répartis, comme des satellites autour du noyau des circulations verticales où l'on accède par un réseau de passerelles. Les vides interstitiels entre ces éléments varient en hauteur de deux façons. D'un côté, un des volumes habitables est situé à mi-niveau des deux autres et règle au mieux le calage de l'immeuble dans la pente. D'autre part, autour du vide central, une suite de retraits progressifs en terrasses liés aux divers types d'appartements lui donne un plus grand évasement vers le haut et accompagne un grand dégagement des passerelles, plus aériennes.
La constitution de cet espace vide, sa variation d'amplitude, créent autant de vues croisées sur le site et sur les autres bâtiments, autant de parcours de lumière que les prismes de bétons dessinent. Pour souligner encore ce dispositif, l'ascenseur lui-même possède une paroi vitrée.
À l'inverse d'une pyramide, les parois extérieures des blocs sont verticales, sans effet d'éboulis.
Structurellement, les immeubles proches des tours sont constitués de refends de courtes portées (2,8 m et 4,10 m env.). Les façades sont constituées de panneaux préfabriqués identiques, avec une allège asymétrique carrelée d'un motif de pâte de verre brune.
Les autres façades sont dessinées par les balcons, aux garde-corps transparents divisés par des pare-vues en bois à lames verticales qui masquent les espaces servants (celliers, séchoirs).
L'effet de développement spatial est réel, allégeant un dispositif dense tout en laissant passer des vues croisées sur le site en balcon sur la ville. Soulignant ce résultat, les ascenseurs vitrés sur une face donnent une dimension cinématographique à ce dispositif de promenade architecturale où l'on peut découvrir le bâtiment à partir des parcours d'accès aux appartements.
L'ensemble rend l'image d'agrégation de tours plus ou moins élancées formant ce que C. Jencks appelle une "cité dans le ciel", faisceau de tours dans lequel chaque immeuble perd son identité au profit d'une ligne de ciel commune, ici très sculptée.
L'architecte aura expérimenté ce dispositif de développement dans l'espace, quelque temps plus tôt à Aubagne.
On retrouvera ici des rapports avec l'oeuvre de Georges Candilis qui utilise l'escalier comme articulation entre immeubles afin d'obtenir des assemblages variés en rapport avec les échelles et les masses bâties.
On retrouvera ce souci de l'échelle et de la plasticité dans les premiers projets de Guillaume Gillet pour les tours du Roy d'Espagne pour lesquelles il proposera des distributions similaires néanmoins moins aériennes. Autre référence, celle des architectes japonais qui, à l'instar de K. Kurokawa, proposent des césures entre les tours de distributions et les capsules habitables. Le groupe Archigram aura aussi développé de façon utopique cette autonomie de la surface habitable face aux contingences des distributions collectives.
Auteur :
Claude Gros
né en 1925, élève de l'atelier Castel-Hardy, fait partie de la génération des architectes formés dans l'immédiat d'après-guerre.
Auteur d'importants programmes de logements, les plus souvent privés (le Saint-Georges en 1962), il restera fidèle à une architecture rationnelle, où les structures s'expriment par des tracés rigoureux et sera marqué par la nécessité de la préfabrication.
Parc Kalliste, 1958 (800 logements),
La Granière, 1961 (445 logements en panneaux préfabriqués),
tout comme Castel Roc, 1973,
ou Le Mail, 1974.
Enfin La Benausse et La Parade où il réalise des panneaux architectoniques préfabriqués en trois dimensions.
Fichiers associés :
- Carte du 10e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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