1.0915 - La Pauline
Sainte-Marguerite, nord-ouest du 9e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0915, p19. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : La Pauline
296 avenue Romain Rolland, quartier de Sainte-Marguerite 13013
Lambert 3 : latitude 3.0742 ; longitude 43.2738
Accès : métro 2 : Bougainville - Dromel
bus 15 : Dromel - Escourtine, bus 17 : Dromel - Parc des Bruyères
propriétaire : Copropriétés de la Pauline
Sogestima, Le Phare de Victor
programme : Ensemble de 975 logements, Logement Economiques et Familiaux (LOGECO).
Maître d'ouvrage : SCI La Pauline.
Société Marseillaise d'Habitation Coopérative d'HLM.
Société Immobilière Bon Logis.
Ensemble de 26 immeubles, commerces, Maison des jeunes (1962), église et jardin public.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1957. Dernier certificat de conformité : 1963.
P. Averous, J. Delbes, A. Michel, M Scialom, A. De Lavaurie, architectes.
Église (1961) et Maison des jeunes (1962) P. Averous, architecte, label patrimoine XXe.
Entreprises, M. de Bouillone, Léon Ballot, Savio & Joly, P. Cauvet.
site : Entre l'Huveaune et le chemin de Sainte-Marguerite à Saint-Tronc. Altitude entre de 16,00 et 22,00 m. Secteur d'habitation discontinue E sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Centré sur voie nord-sud. Bâtiments orientés nord-est / sud-ouest mais pas de façon systématique. Épannelage : hauteur constante, R+4 sur caves.
bâti : Constructions en béton avec façades porteuses, marquées par les normes LOGECO mais avec des factures variées. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 10 (34.587, 34.588, 34.589), 165 W 989-991, 12 O 2182, 77 J 627-633
Contexte :
Près de dix ans après la Libération, la crise du logement reste centrale pour le ministère de la Reconstruction. L'ancien maire du Havre, Pierre Courant fait voter, au printemps 1953, un train de mesures destinées à favoriser la construction rapide et massive de logements neufs en associant une loi foncière avec un nouveau mode de financement et une programmation normalisée. La création de Logements Economiques Populaires et Familiaux (Logeco) s'adressait aux revenus modestes (sinistrés ou mal-logés) pour financer l'achat de logements répondant à des plans types pouvant être revendus ou loués pour des sommes modiques. L'ambition du plan décennal sera estompée par l'appel de l'abbé Pierre l'année suivante.
À la même date, G. Defferre devient pour une longue période maire de Marseille et va engager la ville dans cette politique de construction par divers moyens : achats de terrains, bonification de financements, aménagement des espaces extérieurs ou amélioration des prestations. Avec ses 975 logements, La Pauline constitue une opération ambitieuse organisée en lotissement dont les espaces extérieurs tomberont rapidement dans le domaine public, chaque immeuble constituant un lot.
Description :
L'ensemble de la Pauline ne constitue pas une très grande réussite, mais reste signficatif de la situation de son temps. Les ZUP seront créées plusieurs années plus tard, et le plan de masse réalisé montre qu'avec une multiplicité d'intervenants (maîtres d'ouvrages, architectes, entreprises), la composition peinera à durer. On ne peut pas imaginer qu'un tel plan n'ait été guidé par l'architecte conseil du ministère. On y trouve toutes les règles du moment : voie centrale (avenue Laetitia) distribuant de part et d'autres des immeubles en épi formant un plan masse ouvert et antiperspectif. Le plan est approuvé par la commission extra municipale de février 1955, mais la trame organisatrice à 45° par rapport aux limites du terrain sera souvent altérée par des orientations moins homogènes. Le lot 13, affecté au groupe scolaire, accueillera finalement un immeuble de logements.
Il en résultera une certaine confusion de lecture que seules viendront racheter l'église et la maison des jeunes signées par P. Averous. Au demeurant, pas moins d'une demi-douzaine d'architectes auront œuvré, huit années durant, à l'achèvement de l'opération sans architecte en chef. Selon les archives, on peut penser que A. Michel est l'auteur du plan d'ensemble, mais les témoignages donnent encore d'autres hypothèses.
La multiplicité des auteurs, des maîtres d'ouvrages et des entreprises, la durée de l'opération donnera lieu à des interprétations variantes des plans types courant.
Les plans montrent des constantes qui mettent à jour les normes LOGECO, véritable politique technique visant l'amélioration de l'habitat industrialisée.
En premier lieu, la hauteur constante des immeubles qui depuis le concours du MRU en 1949 définit R+4 comme le seuil des distributions sans ascenseur.
Ce gabarit constant est un des signes de l'uniformité du paysage urbain.
Les ossatures, imaginées dans des premiers projets tout en béton avec des façades en remplissage, seront réalisées avec des façades porteuses. Restera une file de poteaux en béton dans l'axe longitudinal des bâtiments ou un refend médian maçonné, ou encore des refends transversaux.
Avec deux appartements traversant par étage, l'épaisseur des immeubles varie entre 8,50 m, 9,45 m et 10,85 m. Cette épaisseur du bâti, forcément limitée par le mode de ventilation (shunt), montre des rendements très variables entre la surface habitable et la surface de plancher développé. Si la plupart des immeubles sont de purs parallélépipèdes avec des loggias en retrait de la façade, certains ont encore des façades à redents avec des balcons saillants, les rapprochant des HBM.
La distribution intérieure, elle aussi, est marquée par les normes. L'entrée, signe de la distribution des appartements de l'immeuble bourgeois, disparaît le plus souvent au profit d'un accès direct au séjour qui commande les autres pièces.
La proximité de la cuisine et des pièces d'eau, WC et salle de bain, étant séparés, ce regroupement se fait autour du séchoir, loggia fonctionnelle où se trouve le vide-ordure. L'architecture des façades suivra ces variations qui parfois peuvent changer dans le temps pour un même auteur. C'est le cas pour P. Averous dont les nombreux immeubles évoluent peu à peu vers les standards du moment.
En ce sens la Pauline reste un des laboratoires où se fabriquent les nouveaux modes de production architecturale, montrant entre autre la difficulté de trouver une cohérence urbaine dans la stricte logique de propriétés privées.
Auteurs :
Pierre Averous et Maurice Scialom
Pierre Averous né en 1927 à Marseille et Maurice Scialom d'un an son cadet sont diplômés en 1953. Ce dernier collaborera avec A. Devin pour Campagne Larousse en 1958.
À partir de 1957, l'association de P. Averous et M. Scialom donnera un certain nombre de réalisations telles :
Saint-Barthélémy, Picon-Busserine, 1962, avec Bondon et Madeline,
Les Cèdres, 1965,
Val Pin et l'Américaine, 1968,
Massalia Jaurès, 1969,
Les Néreides, 1971.
Par la suite P. Averous sera membre fondateur de l'Atelier Delta avec Y. Bonnel, L. Dallest et R. Perrachon.
Jean Delbes,
maître d'œuvre devenu architecte après la Libération, est l'auteur de nombreux logements :
Arles, le Trebon,
Martigues, La Ferrière,
et Aubagne, Ganteaume,
mais aussi Marseille, boulevard Ch. Livon, la Tourette, rue Loubon, boulevard D. Casanova, rue M. Lauze.
Il s'associera à son fils Georges Delbes, architecte diplômé en 1962 qui participera à la réalisation du Grand Pavois en 1975 avec Guillaume Gillet, et Bernard Laville.
Albert Michel,
architecte, présent sur divers projets à Marseille :
Sainte-Geneviève, 1961,
Les tours K, 1968-69,
Massalia Jaurès, 1969,
Les Oliviers,1968-72.
Fichiers associés :
- Carte du 9e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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