2.0102 - La Bourse
centre-ville, Belsunce, 1er arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0102, p 4. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Immeubles de la Bourse
6, 8, 14, 16, 22, 24 cours Belsunce, 1, 3 et 9 square Bir Hakeim, quartier Belsunce 13001
Lambert 3 : latitude 3.03971 ; longitude 43.2979
Accès : métro n° 2 Vieux Port et Colbert
bus Terminus Canebière Bourse 15 lignes
propriétaire : 5 Syndicats de copropriétaires, 4 immeubles et chaufferie
syndics : Lagier, Bachelerie
Cabinet Crozet, 21 rue Sylvabelle, 13006, tel 04 91 37 60 72
programme : Ensemble, groupe d'habitations avec commerces, bureaux et autres activités.
Maître d'ouvrage : Société Anonyme Immobilière d'Économie Mixte de la Bourse.
SAIEMB, issue de la SCIC.
Programme 310 logements. Ensemble de 4 immeubles 3 tours et 1 barre. Commerces de pied d'immeuble.
dates, auteurs : Études à partir de 1954. Accord préalable : 1958.
PC initial : 1958. Déclaration d'achèvement de travaux : 1962.
Roger Boileau et Jacques-Henri Labourdette, architectes, avec l'ingénieur Jean-Louis Sarf.
Entreprise : Les Grands Travaux de l'Est.
site : Au nord-est du bassin du Vieux-Port, ancien site de la corne du port antique, en bordure du cours Belsunce. Quartier Jean Guin démoli à partir de 1906. Altitude entre 5,12 et 7,41 m. Terrain initial 6,5ha. Secteur Central (Service Public) du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Très concentré au sud et à l'est de l'îlot Bourse.
Épannelage : 3 tours R+18 sur le cours Belsunce, une barre R+9 parallèle à la Canebière (tour couchée). Les espaces entre les tours "piazzas" sont d'inspiration new-yorkaise.
bâti : Trois tours réalisées en béton blanc, expression de la façade par l'exo-structure en grille, remplissages légers en pierre pelliculaire. Au rez-de-chaussée dégagement d'une grande ombrière isostatique couvrant des commerces. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 12 (40.005), 165 W 52, 227
J.H. Labourdette, Giletta, Nice 2002
Architecture Française n° 237 & 238
Technique et Architecture n° 3, 1965
Contexte :
Les quatre immeubles de la Bourse implantés en rive du cours Belsunce composent un témoignage remarqué de l'architecture de la seconde partie du XXe siècle. Ils faisaient partie d'un plus vaste programme de reconstruction des quartiers démolis à partir de 1911. C'est donc sur des terrains libres et à la demande conjointe de François Bloch-Lainé et du maire, Gaston Defferre que l'architecte Jacques-Henri Labourdette va concevoir un ensemble de 500 logements bordant une grande place minérale longée par une galerie commerciale et couvrant un parc de stationnement automobile.
Le site n'était pas étranger à Jacques-Henri Labourdette qui, au cours de ses années de formation, avait travaillé sur la place de la Bourse au sein de l'atelier d'Eugène Beaudouin à Marseille en 1940.
Les terrains des Quartiers derrière La Bourse ont suscité de multiples projets depuis 1840. Ils ont été intégrés au périmètre de reconstruction du Vieux Port et des Quartiers de la Bourse du concours public lancé en 1946 par Roger-Henri Expert. En 1947, André Leconte propose une tour de bureaux avec hôtels et la Maison de la Radio sur les Terrains de la Bourse, le maire, Jean Christofol, privilégiera pourtant la construction de logements.
Enfin, c'est sous la municipalité Carlini que Jean de Mailly, architecte du ministère de la Reconstruction, dessine un groupe de cinq tours qui devaient atteindre 100 m de hauteur (32 étages).
L'agence Boileau et Labourdette, commence l'étude du projet en 1954, les quatre immeubles sont habités à partir de 1960.
La découverte des vestiges archéologiques mettra un terme au développement du projet initial. Les opérations suivantes seront réalisées par d'autres auteurs.
Description :
Les immeubles de Jacques-Henri Labourdette appartiennent aux typologies de la ville dense : tours, faible emprise au sol, et lieux de résidence et activités. L'écriture architecturale donne l'image d'un rationalisme constructif autant pour les tours que pour l'immeuble barlong parallèle à la Canebière.
Ce dernier alterne baies vitrées et panneaux de pierre avec l'horizontale de bandeaux de béton accusé par un étage attique en retrait couvert en auvent comme porté par un cerne ombré. Au sol, un double étage entresolé souligne les activités urbaines. Une même façade abrite aussi bien bureaux, activités libérales que logements.
Les immeubles à grande élévation ne sont pas exactement des tours, l'élancement n'étant pas le même selon les faces, néanmoins la répétition, métaphore même du gratte-ciel, l'implantation et la présence d'espaces du typepiazza en pied d'immeuble réduisent l'effet monumental du gratte-ciel isolé en créant un léger recul permettant de prendre la mesure de la façade. Ce dispositif présent sur le Rockfeller Center (1933), le Seagram Building (1958) et d'une certaine manière sur le Lever House (1952) correspond à ce que Charles Jenks définira comme cité dans le ciel en 1980.
Le volume des immeubles est réglé par ses génératrices : verticales des poteaux et des refends, horizontales des planchers. Ce vérisme structurel compose une grille qui unifie les baies, lesquelles correspondent à des espaces différents de l'appartement : cuisine, séjour ou chambres. Si la grille est en béton clair (utilisé pour la première fois à cette échelle), les remplissages sont faits d'une paroi mince en pierre dure, isolée par une contre cloison de briquettes. La trame forme alors ce que les ingénieurs appellent un exo-squelette ou exo-structure qui libère l'espace intérieur de tout point porteurs et autorise diverses distributions. L'armature de la façade se conclut par une couvertine périmètrique formant le couronnement de l'immeuble.
Au rez-de-chaussée, l'arrivée des lignes verticales au sol est un véritable problème d'architecte. Ici, les descentes de charges des travées latérales sont reprises par des béquilles de béton en V, ménageant un passage à chaque extrémité des immeubles qui semblent tenir sur des pointes.
Au centre, devant l'édifice, les surfaces commerciales sont couvertes d'un velum de béton isostatique grâce à un réseau de poutres fléau extradossées dont les contre flèches s'épaulent sur le bâtiment lui-même. La flèche en porte-à-faux s'achève en ombrière, le toit nervuré constitue une cinquième façade
perceptible depuis les étages.
Auteurs :
Jacques Henri-Labourdette, architecte (1915-2003),
élève de Roger H.Expert, puis d'Eugène Beaudouin avec lequel il étudiera les plans d'urbanisme de Marseille en 1941. Il est diplômé en 1942, et tente le concours de Rome dans l'atelier de Charles Lemaresquier. A la Libération, il s'associe avec Roger Boileau le fils de l'architecte du Palais de Chaillot.
Opération à Beauvais (Église Saint-Etienne) comme architecte chef de groupe de 1949 à 1952 ; il conçoit un système de construction en pierre porteuse de l'Oise.
Concours pour 1000 logements de l'OCIL en 1953 François Bloch-Lainé président de la Caisse des Dépôts lui confie le projet de Sarcelles qu'il mènera de 1955 à 1970 : 10 000 logements pour la Caisse des Dépôts.
C'est encore François Bloch-Lainé qui l'appelle pour la place de la Bourse à Marseille, 500 logements. Le chantier sera arrêté en 1966, à 310 logements, après la découverte des vestiges archéologiques.
Présentation du projet de Sarcelles à la commission de la Vie dans les grands ensembles d'habitations, présidée par Pierre Sudreau ; Jacques-Henry Labourdette devient rapporteur de la commission en 1957.
Quartier Sanitas à Tours 3000 logements (1957-1970) 1960 : Tour Croulebarbe à Paris (inscrite au titre des monuments historiques en 1994). Il est alors associé à Edouard Albert et l'ingénieur Jean-Louis Sarf.
Reprise de l'opération du point du Jour de Fernand Pouillon de 1962 à 1964
Conseiller du cabinet d'Albin Chalandon à l'Équipement et au Logement, puis à la Justice, en 1972.
Jean-Louis Sarf, ingénieur (1928-2004),
né en Roumanie, à Bucarest, il se forme au Polytechnicum de Zurich. Il commence sa carrière au Brésil. De retour en France, il crée un bureau d'études spécialisées dans les constructions de grande hauteur. Il collabore avec J. de Mailly, G. Gillet, L. Madeline, L. Arretche, P. Sirvin, J. Dubuisson, R. Piano et J. Nouvel également.
Fichiers associés :
- Carte du 1er arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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