Contexte local
Pendant la seconde guerre mondiale, les forces navales françaises se replient en rade de Toulon. Le 27 novembre 1942, les Allemands envahissent la ville et l'arsenal. A l'aube, la flotte se saborde. La ville reste occupée pendant 20 mois jusqu'à sa libération, en août 1944.
Entre novembre 1943 et août 1944, la ville a subi neuf bombardements massifs par les Alliés.
Les quartiers les plus atteints sont ceux situés autour des installations militaires et le centre-ville. Le coefficient de destruction de la ville s'élève à 47 %.
Au sud du centre ancien, le front de mer qui longeait le quai Cronstadt (actuel quai Stalingrad), anciennement formé d'îlots constitués de petits immeubles traditionnels de quatre à cinq étages avec des commerces en rez-de-chaussée, est détruit. Parmi eux se trouvait l'hôtel de ville du XVIIème siècle.
La reconstruction du front de mer s'inscrit dans un projet urbain beaucoup plus vaste qui doit permettre la création en centre-ville, d'une voie de circulation Ouest/Est destinée à relier Marseille à Nice, et l'aménagement d'un nouveau quartier d'habitations appelé le Port-Marchand, sur les anciennes installations militaires de l'arsenal du Mourillon.
Un projet abandonné
En 1946, Louis Madeline (1891-1962), architecte-urbaniste parisien, Grand Prix de Rome, est nommé Architecte en chef du département du Var et prend la direction de la reconstruction de Toulon. Son ambitieux projet prévoit de raser la partie sud du centre ancien sur une largeur de cinquante mètres depuis le quai, pour y installer deux rangées de cinq îlots formés d'immeubles en U de quatre et cinq étages avec un rez-de-chaussée aménagé avec des commerces, dissimulés derrière un portique hors œuvre. Le parti architectural choisi par Madeline associe des principes de composition et un vocabulaire encore classiques - façades symétriques, portiques, galeries, serliennes, oculi - à certains éléments empruntés à l'architecture locale tels que l'emploi de la pierre de taille extraite des carrières du Faron, les génoises et les toitures en pente douce, en décrochement, couvertes en tuiles creuses.
Ce projet jugé trop onéreux pour la ville à cause du nombre important d'expropriations qu'il nécessite, est abandonné.
Le M.R.U. sous la tutelle d'Eugène Claudius-Petit, acquis à la modernité, intervient. L'enjeu de la reconstruction de Toulon est pour lui l'occasion unique d'en faire une ville nouvelle où seraient données les preuves de la pertinence des thèses du Mouvement Moderne. Cette volonté du M.R.U. est encouragée par la municipalité qui souhaite réorienter une partie de l'économie de la ville vers le tourisme balnéaire qui connaît à cette époque un essor considérable sur tout le littoral varois.
Après l'abandon du projet Madeline, Eugène Claudius-Petit nomme Jean de Mailly, un architecte parisien prometteur remarqué par le M.R.U. lors de la reconstruction de Sedan, en tant qu'architecte-adjoint à Madeline pour l'élaboration d'un nouveau projet. Ce dernier refuse cette collaboration imposée et se retire en août 1950. Jean de Mailly est nommé à sa place et prend la direction de la reconstruction de Toulon.
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