Des fiches conseils ont été établies afin d'accompagner les porteurs de projet à installer des panneaux photovoltaïques dans des secteurs avec des contraintes patrimoniales et environnementales.
Ces recommandations ont distingué six secteurs. Dans le secteur des cœurs de ville ou de village anciens, secteur le plus préservé d’entre eux, l’installation de panneaux photovoltaïques y est déconseillée en raison de leur impact visuel sur le paysage.
Néanmoins et afin de soutenir au maximum le développement des énergies renouvelables, des alternatives ont été recherchées pour permettre aux résidents de ces secteurs de pouvoir s’engager dans la transition énergétique. Ainsi le développement de centrales collectives d’autoconsommation sur des toitures pertinentes, à proximité des cœurs de ville, est préconisé.
La DRAC PACA s’est portée volontaire pour expérimenter la pose de tuiles canal photovoltaïques italiennes encore non homologuées sur le marché français et qui pourraient lever, si elles s’avéraient pertinentes, les obstacles à la bonne insertion des cellules photovoltaïques dans les centres historiques.
Une expérimentation pour accompagner la transition énergétique des centres-villes historiques
En novembre 2024, des travaux ont été réalisé afin de faire installer sur l’un des bâtiments de la DRAC une toiture-test équipée de tuiles canal photovoltaïques, conçues pour s'intégrer harmonieusement à l’architecture tout en produisant de l’électricité d’origine renouvelable. Ces tuiles, en matériau composite, imitent les tuiles traditionnelles tout en permettant la production d’énergie grâce à leur surface translucide aux rayons solaires. La production est estimée selon la surface de la toiture et l’ensoleillement.
A la DRAC, la surface dédiée à ce projet est de 9 m² sur la partie sud du toit, maximisant ainsi l’exposition solaire, au cœur du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur d’Aix-en-Provence. Ce projet a pour ambition d’évaluer ainsi la faisabilité de la production énergétique et la durabilité des tuiles dans des conditions climatiques locales, en vérifiant leur efficacité sur le long terme et en validant leur bonne insertion paysagère. Le projet durera ainsi deux ans et sera suivi par le Cerema.
Caractéristiques technico-économiques :
Surface installée : Le prototype couvre 9 m² de toiture avec des tuiles photovoltaïques Dyaqua Invisible Solar.
Rendement énergétique :
- Les 9 m² de tuiles doivent produiret une quantité d’électricité équivalente à environ 6 m² de panneaux photovoltaïques standards (soit environ 3 panneaux standards).
- Cette différence s’explique par la conception esthétique des tuiles, qui privilégie une intégration visuelle harmonieuse avec le patrimoine, au détriment d’une efficacité énergétique optimale. De plus, la densité de cellules photovoltaïques par mètre carré est réduite, ce qui impacte également les performances globales.
Technologie en développement : Les tuiles Dyaqua sont encore au stade de prototype. Leur production est limitée, et elles n’ont pas encore obtenu de certification en France pour un déploiement à grande échelle.
Tuiles photovoltaïques : Coût estimé pour 9 m² : 6 000 €;
Panneaux photovoltaïques standards : Coût pour une surface équivalente de 6 m² : environ 300 €.
Cet écart de coût s’explique par la nature artisanale du prototype, fabriqué en petite série en Italie, et l’absence de procédés de production industrialisés à ce stade. Toutefois, les tuiles permettent de bâtir un véritable toit, aussi, si l’on prend en considération l’ensemble des coûts de réalisation d’une toiture, le coût de revient s’élèverait à 400-500€/m² pour une installation classique avec panneaux photovoltaïques contre 800€/m² pour les tuiles photovoltaïques.
La DRAC PACA actrice de l’expérimentation :
- Combiner préservation du patrimoine et production d’énergie renouvelable
Ce projet expérimental reflète l’engagement durable de la DRAC Paca dans la transition écologique et sa volonté d’identifier des solutions nouvelles plus favorable à l’intégration de la production photovoltaïque sur le bâti patrimonial.
La situation géographique du bâtiment, sur lequel est installé le projet et sa nature répondent ainsi à des normes patrimoniales strictes afin d’apprécier la possibilité de conjuguer transition énergétique et respect des contraintes architecturales, notamment dans des zones où l’intégration joue un rôle clé.
- Un projet collaboratif
Ce projet ambitieux est le résultat d’un travail collaboratif entre plusieurs partenaires :
- La DRAC PACA, en tant que maître d’ouvrage
- Fabrica Traceorum, cabinet d’architectes du patrimoine, Maitre d’œuvre mandataire garantissant l’intégration et la conformité avec les contraintes patrimoniales.
- Le CEREMA, expert public en énergie et bâtiment durable, chargé de la simulation, du suivi technique et de l’analyse des performances énergétiques.
Ce projet pionnier incarne la rencontre entre tradition et modernité, démontrant qu’il est possible de concilier préservation du patrimoine et développement durable.
L’Etat se mobilise pour augmenter la production d’énergie renouvelable.
La loi du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables vise à renforcer la transition énergétique en facilitant le déploiement des énergies renouvelables (EnR) tout en tenant compte des critères environnementaux et sociétaux. Elle s’appuie essentiellement sur six axes :
1. Simplification des démarches administratives
- Accélération des procédures : Réduction des délais d'instruction pour les projets EnR, grâce à la simplification des autorisations administratives.
- Zones prioritaires : Création de zones d’accélération pour que les projets bénéficient de procédures allégées.
- Digitalisation : Développement d’outils numériques pour centraliser et simplifier les démarches administratives des porteurs de projets.
2. Renforcement de la planification territoriale
- Rôle des collectivités locales : Implication des collectivités dans l’identification des zones propices aux projets EnR. Les collectivités sont invitées à renforcer les concertations publiques avec les habitants.
- Meilleure coordination : Intégration des objectifs EnR dans les documents de planification territoriale (SCOT, PLUI).
3. Développement de technologies renouvelables spécifiques
- Énergie solaire : Obligation d'installer des panneaux photovoltaïques sur certaines surfaces artificialisées, comme les parkings de grande taille.
- Éolien terrestre et offshore
- Biométhane et hydroélectricité
4. Coconstruire avec les enjeux environnementaux
- Respect de la biodiversité : Introduction de mesures pour limiter les impacts sur la faune et la flore.
- Consultation du public : Renforcement de la participation citoyenne et des études d’impact environnemental.
5. Partage des bénéfices et acceptabilité sociale
- Rémunération locale : Favoriser le retour économique de ces projets aux territoires d’accueil.
- Implication citoyenne : Promotion des projets participatifs.
6. Renforcement de la priorité énergétique
- Réduction de la dépendance aux énergies fossiles en augmentant la production locale d’énergies plus éco-responsables.
- Objectifs climatiques : Contribuer à atteindre les objectifs nationaux de neutralité carbone à horizon 2050.
Cette loi marque un tournant important concernant la réflexion environnementale de la France dans sa volonté d’atteindre ses engagements climatiques et d’accélérer son processus transitionnel vers une économie décarbonée, tout en conciliant efficacité, durabilité et adhésion citoyenne.
C’est dans ce cadre que l’Etat en région a souhaité préciser ses attentes et ainsi mieux orienter les porteurs de projets dans leurs demandes d’installations de dispositifs photovoltaïques dans les secteurs préservés.
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