Rôle et missions des CRPA
Instituées par la loi relative à la Liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine du 7 juillet 2016, les Commissions régionales du patrimoine et de l’architecture (CRPA) sont consultées en matière de protection et de valorisation de l'architecture et du patrimoine immobilier, de projets architecturaux et travaux sur immeubles, et de protection des objets mobiliers.
Elles sont organisées en trois sections. Chaque section est composée de 27 membres : représentants de l’État, titulaires d’un mandat électif, personnalités qualifiées et représentants d’associations ou de fondations ayant pour objet de favoriser la connaissance, la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine.
La première section est compétente en matière de protection des immeubles au titre des monuments historiques, de plan de valorisation de l'architecture et du patrimoine, de périmètre délimité des abords et de documents d'urbanisme et d'attribution de labels (Architecture contemporaine remarquable, Villes et pays d’art et d’histoire).
Cette première section de la CRPA s'est réunie le 10 juin 2022 en préfecture de Vannes (56) pour une séance thématique exceptionnelle.
CRPA du 10 juin 2022 réunie à la Préfecture du Morbihan à Vannes © DRAC Bretagne
Déplacement des membres de la CRPA sur les alignements du Ménec à Carnac © DRAC Bretagne
Une étape déterminante dans le classement UNESCO
Le projet d’inscription des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan au patrimoine mondial de l’UNESCO est porté par l’association « Paysages de mégalithes », créée en 2013 à l'initiative du Conseil départemental du Morbihan. L'association s’appuie sur un partenariat privilégié avec les services de l’État et notamment avec la DRAC Bretagne pour mener à bien ce projet. La conservation régionale des monuments historiques (CRMH), le service régional de l'archéologie (SRA), l’unité départementale d'architecture du Morbihan (UDAP 56) et le service musées sont impliqués dans la démarche.
Les engagements du ministère de la culture dans ce projet de territoire visent à conserver la cohérence d'un ensemble patrimonial d'envergure implanté entre la Ria d’Étel et la presqu’île de Rhuys. Les 27 communes du golfe du Morbihan concernées concentrent une remarquable densité et diversité de vestiges mégalithiques reflétant la richesse culturelle des sociétés néolithiques implantées sur cette zone entre - 5 000 et - 2 200 ans.
159 monuments mégalithiques sont déjà inscrits ou classés au titre des monuments historiques sur ce périmètre. Depuis 2018, la DRAC Bretagne pilote un chantier de révision des protections au titre des monuments historiques, consistant à protéger de nouveaux sites et à réviser certaines protections existantes. Ce travail s’inscrit au cœur du plan de gestion UNESCO, quatrième et dernière étape du projet de candidature, devant certifier la protection et le bon entretien des sites mégalithiques de la zone déterminée.
Une CRPA "historique"
L’intérêt des autorités en charge de la protection du patrimoine s'est porté très tôt sur les monuments mégalithiques.
Prosper Mérimée mentionne les alignements de Carnac dans ses notes de voyage de jeune inspecteur des Monuments historiques dès 1835, et plusieurs monuments mégalithiques figurent sur les premières listes de monuments protégés, notamment celle de 1889.
De nouvelles protections de mégalithes interviennent pour le Morbihan entre les années 1910 et 1930, notamment sous l'impulsion de l'archéologue Zacharie Le Rouzic, chargé par l’État de faire protéger au titre des Monuments historiques les mégalithes qui lui semblaient dignes de l’être et de les restaurer. C’est à la fin du XIXe et au début du XXe siècle que les protections ont été les plus nombreuses. Quelques protections ponctuelles sont intervenues depuis ces années.
Par leur ampleur, les protections proposées par la CRPA du 10 juin 2022 font écho à la liste de 1889 et à la campagne du début du XXe siècle.
46 sites examinés
Les 46 sites présentés le 10 juin dernier concernent des monuments d’ampleur et de nature variées, allant de la structure isolée à des ensembles beaucoup plus significatifs. Ces sites ont été sélectionnés selon des critères de qualité du monument et de ses abords, de lisibilité, de singularité, d’intégration dans un environnement archéologique, de connaissance, d’urgence sanitaire, etc.
La sélection valorise également les sites fouillés récemment et les sites localisés sur l'estran, témoignant de la montée du niveau de la mer depuis le Néolithique.
Il est important d'indiquer que cet examen en CRPA ne constitue qu'une étape vers la protection qui est à ce stade proposée. 44 des 46 sites examinés ont reçu un avis favorable pour une inscription au titre des Monuments historiques et 20 ont également reçu un vœu de passage en Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) en vue d’un classement au titre des Monuments historiques.
Les cinq exemples qui suivent illustrent la variété des sites concernés :
Le dolmen du Moulin des Oies à Belz
Dolmen du Moulin des Oies , sur la rivière d'Etel © DRAC Bretagne
Englobé dans la base d’un tumulus circulaire, le dolmen à galerie du Moulin des Oies est situé sur un terrain baigné par la rivière d’Étel à chaque marée haute.
En 1931, Zacharie Le Rouzic fouilla et restaura le dolmen dont il proposa dès cette époque le classement. La procédure n'alla pas à son terme car le dolmen fut par erreur considéré comme détruit.
Les alignements de Kerpenhir à Locmariaquer
Partie des alignements de Kerpenhir sur l'estran © DRAC Bretagne
L’ensemble de Kerpenhir est composé de plusieurs groupes de blocs et d’un menhir isolé couché, répartis au niveau de la pointe de Kerpenhir. Cet ensemble présente la particularité de s'étendre à la fois sur la terre ferme et sur l’estran.
Le menhir de Kermaillard à Sarzeau
Menhir gravé de Kermaillard © DRAC Bretagne
Le menhir de Kermaillard est un monolithe en granite de plus de 5 m de haut, situé à mi-distance des villages de Le Net et Kermaillard. La stèle fut relevée en 1988 par la municipalité. Elle était probablement au sol depuis des millénaires. Deux faces présentent des motifs gravés. Une hache à talon pointu et manche crossé, un signe quadrangulaire (représentation symbolique d’un espace terrestre), un signe en croissant aplati (une embarcation sans équipage) et même un cétacé de type cachalot sont identifiables.
Le dolmen de Peudrec à Crach
Chambre du dolmen de Peudrec © DRAC Bretagne
Le dolmen et le tumulus de Peudrec à Crach sont situés dans un bois privé.
Le tumulus, allongé et de forme ovalaire, mesure 40 m de long sur 20 m de large environ. Dans la partie sud, il contient les vestiges d’un grand dolmen fouillé en 1885 par Félix Gaillard. Le reste du tumulus accueille plusieurs petits foyers en pierres sèches, découverts par Zacharie Le Rouzic en 1919.
Les alignements de Coët er Blei à Erdeven
Alignement de Coët er Blei; avec la "Chaise de César"© DRAC Bretagne
L’alignement de Coët er Blei est situé aux abords de l’étang du Varquez, dans une zone boisée appartenant au département du Morbihan.
Il s’intègre dans un vaste ensemble d’alignements que l’on peut suivre entre Kerzerho et Bovelane, sur une distance de 2,7 km. Tout aussi remarquable que les alignements de Carnac, mais moins connu, cet ensemble a été décrit par plusieurs auteurs dès le XIXe siècle.
L’alignement est formé de onze files parallèles qui sont orientées sud-est/nord-ouest suivant une légère pente du terrain. La partie haute accueille les menhirs les plus imposants, notamment la "Chaise de César".
Pour en savoir plus :
Cartographie des sites mégalithiques sur la zone UNESCO de Carnac et des rives du Morbihan :
Fiche pratique protection des mégalithes :
Exemple d'une restauration récente de mégalithe : le géant de Kerzérho à Erdeven.
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