Metz, le 14 février 2014,
Monsieur le maire de Metz, cher Dominique Gros
Monsieur le président de Metz Métropole, cher Jean-Luc Bohl
Monsieur le vice-président du Conseil Régional de Lorraine, cher Thibaut Villemin
Monsieur le président du centre Pompidou, cher Alain Seban
Monsieur le directeur du centre Pompidou Metz, cher Laurent Le Bon
Je veux saluer aussi Bernard Blistène, le nouveau directeur du musée national d'art moderne, et Alfred Pacquement, son prédécesseur, qui a aussi contribué à cette très belle exposition,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis extrêmement fière et heureuse de partager avec vous cette inauguration. Fière parce que cette exposition, qui est une exposition permanente d'œuvres majeures de l'histoire du XXe siècle, va faire rayonner encore davantage le Centre Pompidou-Metz au service de l'ensemble de nos concitoyens, de nos amis, de nos voisins ici en Lorraine.
Le public du Centre Pompidou-Metz, c'est un public régional dans sa grande majorité. Ce n'était pas évident. Surtout si l’on se rappelle les discussions à l'époque de la prise de décision de l'implantation du Centre ici, à Metz, quand certains nous disaient : « il ne faut pas d'art moderne en Lorraine, ce n'est pas pour nous l'art moderne, il nous faudrait des choses plus classiques. »
Les résultats du Centre Pompidou-Metz sont là. Ils sont là depuis son ouverture avec plus de deux millions de visiteurs. C'est un succès extraordinaire, absolument remarquable. Un succès populaire qui ne s'est jamais fait au détriment de l'exigence culturelle et artistique. Et c'est formidable.
Ce succès, c'est celui de l'équipe du Centre Pompidou, Paris et Metz. Je veux remercier Alain Seban et Laurent Le Bon qui ont toujours veillé et porté le Centre Pompidou-Metz avec beaucoup de fierté et d'engagement. Je veux saluer aussi les deux formidables commissaires de l'exposition « Phares », et remercier Elodie Stroecken et Claire Garnier pour ce remarquable travail. Ce sont des jeunes femmes, je ne vous cache pas que c'est un motif de satisfaction supplémentaire. Un grand merci donc à toute l'équipe du Centre.
Merci aussi aux collectivités locales qui, aux côtés de l'Etat, ont porté ce projet de coopération culturelle que représente le Centre Pompidou-Metz. Les collectivités locales sont représentées par Jean-Luc Bohl, président de Metz Métropole et Dominique Gros, maire de Metz que je salue. Ils ne sont pas de la même sensibilité politique mais ils ont su montrer, depuis l'ouverture du Centre Pompidou-Metz, qu'il ne saurait y avoir de tentative d'instrumentalisation politique de la culture.
La culture, c'est l'intérêt général. La culture, quand on partage le même idéal d'intérêt commun, est au service de tous. Elle doit nous permettre de dépasser les clivages parce qu’elle élève l'âme et l'esprit, que l’'on croit au ciel ou que l'on n'y croit pas.
La culture, c'est ce qui nous amène à partager des émotions, comme celles que l’on peut ressentir devant Fernand Léger, devant Robert Delaunay et devant tous ces chefs-d'œuvre extraordinaires qui nous sont présentés ici.
La culture, c'est aussi cet idéal de donner à voir, d'amener ceux qui, de par leur milieu familial, social, professionnel, ne sont pas forcément au départ en contact avec la culture, à découvrir les chefs-d’œuvre de l'esprit humain. Comment ne pas être profondément bouleversé devant ce rideau de scène de Picasso quand on connaît son histoire ? Comment ne pas ressentir devant cette toile de Fernand Léger, qui a voyagé aux Etats-Unis pendant ces années terribles qu'a connues le XXe siècle, la marque de la grande Histoire ? Une histoire qui n'est pas seulement l'histoire de l'art parce que les artistes sont toujours des témoins de leur temps. C’est ce que nous devons faire partager à chacun parce qu'il n'y a pas de citoyen qui ne soit, par nature, insensible à l'art et aux œuvres que nous voyons ici exposées.
Le Centre Pompidou-Metz accomplit donc cette belle mission : donner à tous l'accès à la culture, au-delà des clivages partisans. Et c’est au-delà de ces clivages que cela doit continuer à se faire.
L'Etat est investi. Comment ?
Il est investi d'abord parce que cette exposition « Phares » est financée - et cela a été expliqué par Laurent Le Bon - grâce au Pacte Lorraine. Un pacte au service du redéploiement économique de notre région et qui va nous permettre, avec l'Etat et la Région, puisque le pacte Lorraine est financé à parts égales par l'Etat et la Région, de subventionner les 500 000 euros qu'ont nécessité l'installation et l'accrochage de ces œuvres.
Je n'ai pas peur de parler des coûts parce que le retour sur investissement de ces coûts est bien supérieur à l'investissement qui a été consenti. L'étude que j'avais commandée à l'Inspection générale des finances et à l'Inspection générale des affaires culturelles montre, qu'en France, la culture est un secteur d’excellence. Nous en sommes fiers. C'est notre identité et notre dignité. C'est ce qui fait notre rayonnement partout en France. C'est ce qui fait aussi qu'on est le premier pays touristique au monde.
La culture crée de l'activité économique, elle représente 3,2 % du produit intérieur brut. N'ayons pas peur non plus de parler des chiffres puisque on nous répète en permanence que la culture devrait être sacrifiée en période de crise. Non, la culture c'est aussi de la richesse économique et de l'attractivité. La culture, ce sont près de 700 000 emplois directs en France.
La culture, c'est de l'emploi dans tous les territoires et de l'activité économique dans tous les territoires. C’est ce qui est nouveau dans la prise de conscience du poids de la culture. Dans toutes les régions de France, nous avons une volonté forte de développer des festivals, des établissements culturels, des musées. Plus les régions et les territoires sont ruraux, plus l'investissement contribue à redynamiser les territoires. C'était donc important que la culture et que le Centre Pompidou-Metz figurent au premier plan de ce Pacte Lorraine.
Le rôle de l'Etat ne se limite pas non plus à l'accompagnement financier. Toutes les œuvres que vous voyez ici sont des œuvres qui vous appartiennent. Ce sont des œuvres des collections nationales, ce qui signifie que ce sont les œuvres de la République française. Elles appartiennent à tous. Elles ont donc vocation à être vues, aimées et appréciées par tous. C'est cela qui fait, cher Laurent Le Bon, la différence avec les baleines blanches échouées sur les rivages espagnols : en France, nous avons des collectivités locales qui s'engagent dans des politiques culturelles, mais qui le font avec l'Etat. Le Centre Pompidou-Metz, c'est cette alliance extraordinaire de l'engagement des collectivités - sauf une - et de prêts exceptionnels provenant de ces collections exceptionnelles que sont les collections nationales.
Nous avons donc ici la représentation de ce qui a pu se faire de plus beau, et pas seulement en France - il ne faut jamais avoir une vision nationaliste de l'art ou de la culture. Picasso en est un bel exemple, lui qui était né en Espagne. Nous n'exposons pas que des artistes français, et je veux saluer Yan Pei-Ming, qui nous a fait l'amitié de venir, depuis Dijon où il crée, et dont « Les Survivantes » sont exposées dans la grande salle. Nous sommes très fiers que la France accueille des artistes qui ont tant de talent.
Ces collections sont à vous. Elles sont au peuple Français. Et le fait qu'elles puissent être exposées ici à Metz pendant une période aussi longue montre que, toujours, la France se fait un honneur de mettre la culture à portée de tous.
Si j'insiste autant sur l'éducation artistique et culturelle depuis que je suis ministre de la Culture et de la Communication, c'est parce que, pour moi, elle est la clef. C'est à travers les enfants qui n'ont pas encore de barrières psychologiques, ne se sentent pas interdits d'accès au musée et n'ont pas encore intériorisé tous les obstacles sociaux, que l’on peut faire naître ce beau sentiment d'égalité devant l'émotion artistique et l'accès à l'art. Cette exposition, c’est donc aussi un magnifique outil pour faire comprendre aux enfants, aux jeunes, aux élèves, l'histoire de l'art du XXe siècle, pas seulement en France mais en Europe et dans le monde, et leur donner une fenêtre ouverte sur ce que c'est que l'art.
Il n'est pas nécessaire de se demander à quoi sert l'art. L'art est une évidence qui nécessite de pouvoir être appropriée. Une évidence qui implique qu’on ne puisse pas seulement l'expliquer mais accompagner pour aider à lire, à décrypter, à comprendre des images. Cela n'empêche pas qu'on soit ému au premier regard par une toile. Mais plus on apprend de choses sur cette discipline et plus l'émotion s'enrichit.
L'exposition a un très beau nom, « Phares », en référence au poème de Baudelaire. En référence à ces toiles qui sont des chefs-d’œuvre et qui sont donc des phares dans l'histoire de l'art. Mais aussi parce que le Centre Pompidou-Metz est aujourd'hui un phare dans le paysage culturel et artistique en France, en Europe et dans le monde. C'est un phare pour l'ensemble de notre territoire, pour la ville de Metz, pour Metz Métropole et je veux saluer aussi tous les élus de Metz Métropole que je connais bien et qui sont présents aujourd'hui. C’est un phare pour le département de la Moselle dont il n'est pas normal qu'il ne participe pas au financement du Centre Pompidou-Metz. Je le regrette et je ne cesserai jamais de le regretter. C’est un phare pour la Région Lorraine, et je sais que Thibaut Villemin veillera à la permanence de cette présence de la Région à nos côtés, ainsi que Jean-Pierre Moineau, vice-président chargé de la culture.
Ce phare permet le rayonnement de toute la région et, au-delà des frontières, de la Grande Région, puisque nous avons la chance d'être près du Luxembourg, de l'Allemagne et de la Belgique.
C'est un phare donc pour notre région, pour notre territoire. Ce n’est pas un phare dans la nuit. J'y vois au contraire un phare qui éclaire, qui donne aussi une marche à suivre et nous ouvre des horizons. Ici, nous ouvrons beaucoup d'horizons.
Nous ouvrons des horizons avec cette nouvelle exposition « Phares ». Le travail, qui a été engagé depuis bientôt cinq ans maintenant sur des expositions temporaires, va continuer, pas plus tard que la semaine prochaine avec l'exposition « Paparrazzi ». Il y en aura encore beaucoup d'autres sous la houlette talentueuse de Laurent Le Bon.
Nous avons donc la chance d'avoir ce phare qui nous rappelle et nous donne « le meilleur témoignage que nous puissions offrir de notre dignité », comme le disait Baudelaire dans son poème « Les Phares ».
Le Centre Pompidou-Metz, et c'est une Lorraine qui vous parle, quelqu'un qui a étudié à Metz et qui est née un peu plus haut dans la région, et aurait tant aimé, enfant et lycéenne, avoir un établissement comme cela à portée de main pour apprendre et découvrir tant de choses.
Je suis fière aujourd'hui, en tant que ministre de la Culture et de la Communication, de pouvoir inaugurer cette exposition, parce que le Centre Pompidou-Metz fait le plus beau cadeau qu'on ait pu faire à la Lorraine. C'est la plus belle chance qui ait été donnée à notre région depuis longtemps. C’est pour nous tous la plus belle opportunité de changer l'image de la ville et de toute la région ; de montrer que l'histoire industrielle n'est pas incompatible avec la curiosité et l'engagement artistiques, et c’est ce dont témoignent tous ces artistes ; de montrer, enfin, que nous aussi en Lorraine nous avons le droit au meilleur. Cela tombe bien parce qu’avec le Centre Pompidou-Metz, nous avons le meilleur.
Je vous remercie.