Jérôme Savary était un homme amoureux du spectacle et de la vie, qui a su faire partager cette passion à plusieurs générations de spectateurs et d’artistes. Aujourd’hui nous sommes tous comme ses enfants, attristés par cette disparition, et nous mesurons combien nous avons été portés par cette fantaisie inégalée et l'originalité de son imaginaire à la fois réjouissant et « mélancomique », comme il se décrivait.
Son nom est synonyme de théâtre par delà les frontières. Marqué dès sa jeunesse par l’Amérique, Buenos Aires et New York, il en gardera toujours une boulimie de culture et de non conformisme en véritable internationaliste de la scène et des formes.
Pour ceux qui ont vu les premiers spectacles du Grand Magic Circus et ses animaux tristes, (Chronique coloniale ou les Aventures de Zartan le frère mal aimé de Tarzan, Robinson Crusoé, De Moïse à Mao), il restera la figure de proue d'une excellence ébouriffée, celle des défricheurs de toute une époque.
Jérôme Savary a marqué d’une empreinte durable l’Opéra comique et le Théâtre National de Chaillot. Sur chacune des scènes où il a joué, il saura surprendre en restant fidèle à la très haute idée qu'il se faisait d'un véritable théâtre populaire. Servant les plus grands textes du répertoire en les rendant accessibles au plus grand nombre. Il a su aussi renouveler avec un immense talent tous les genres, du théâtre à la comédie musicale, du cabaret à l’opéra, du music-hall au cirque. Gardons de lui cette audace insolente et joyeuse.