Georges Mathieu aura été, d’une autre façon qu’un Pollock, un des
représentants les plus plus convaincants d'un art qui sollicite les
énergies les plus profondes de l’artiste, misant sur les ressources de la
spontanéité sans pour autant s’abandonner aux forces aveugles du
hasard.
Mathieu a nommé l'un de ses tableaux les plus célèbres « Les
Capétiens partout ». Sa propre devise aurait pu être « La beauté
partout ». Il avait décidé en effet de renouer avec une tradition qui
tendait alors quelque peu à se perdre, celle de l’artiste qui donne de
l’ouvrage aux artisans en effaçant la frontière entre les Beaux-arts et
les arts décoratifs. Poursuivant son rêve de donner du style à toutes
choses, il dessina des meubles, des cartons de tapisseries, des bijoux,
de la vaisselle, des affiches, des médailles et une monnaie. Tout le
monde, avec une certaine pièce de 10 francs, a possédé un Mathieu.
La beauté partout signifie aussi la beauté pour tous. Georges Mathieu
voulait l'offrir au plus grand nombre. Il avait un sens très vif du rôle
social de l’artiste parce qu’il savait que seule la beauté sauvera le
monde.