“L’universel qui est une grande conception de l’Occident, une sublimation même, ne correspond pas à notre réalité. L’universel est la sublimation du particulier.” Edouard Glissant
“Nos cultures sont toutes métissées, tigrées, tatouées,arlequinées ” Michel Serres
Les institutions culturelles contemporaines sont amenées à s’adresser à des publics dont la diversité est croissante. Tout y concoure. La mondialisation des échanges et le tourisme international mais aussi les mouvements migratoires, intrinsèquement liés à l’histoire de notre pays, qui contribuent à redéfinir de façon continue nos paysages culturels.
Simultanément, dans la période récente c’est, en effet miroir, notre conception de l’universalisme qui a évolué, d’un modèle unique considéré comme une référence légitime à être délivrée telle quelle au monde à une conception plus ouverte et respectueuse de la diversité des cultures du monde, au service d’un véritable humanisme.
Dans notre pays, la reconnaissance en 1993 de la pluralité des langues de France, et, en 2015, la mention dans la loi des droits culturels vont par exemple dans ce sens.
Encore faut-il passer de l’énoncé des principes à une réalité partagée et acceptée.
Le rôle des institutions culturelles est à cet égard majeur, mises au défi de s’adresser à une population résidente en France, française souvent, dont les origines comme les attentes sont multiples, et qui doivent être prises en compte, alors même qu’elles sont encore peu formulées. L’enjeu est immense : refléter cette diversité sans la figer et concourir à ce que chacun se sente autorisé à franchir le seuil de ces institutions.
Plusieurs d’entre elles ont déjà engagé une diversification de leurs collections et/ou expositions, afin de mieux représenter les formes d’expressions non occidentales, ou, quand elles étaient déjà présentes, documenter et prendre une distance critique sur le regard européen longtemps porté sur ces cultures. Le rôle des archives, des bibliothèques, et des lieux de création artistique est également crucial. Ces institutions doivent contribuer à éclairer le dialogue interculturel et à aborder des questions sensibles comme la colonisation, le dialogue interreligieux et la représentation des minorités.
Dans le même temps, des lieux ont dû faire face à la pression de groupes qui, au motif du respect de telle ou telle communauté, demandent l’annulation ou la déprogrammation d’événements, portant atteinte au principe même de la liberté de création.
Parce que la dimension universaliste doit inclure le respect, la curiosité, l’ouverture à la culture de chacun au sein de notre communauté d’êtres égaux en droit, comment trouver le juste chemin, se gardant tant des visions identitaires excluantes que de celles niant une historicité chargée ?
A partir d’études de cas sur la manière dont certaines institutions relèvent ces défis, le groupe de travail s’attachera à proposer des modes de faire qui permettent d’aborder ces questions dans leur complexité et de promouvoir des valeurs universelles adaptées aux sensibilités contemporaines.
Référente : Nathalie BONDIL, directrice du Musée de l'Institut du Monde Arabe
• Alix BAILLOT, directrice de projet Arts & Culture, Cartier
• Hocine CHABIRA, vice-président en charge du développement du projet culturel métropolitain, métropole du Grand Nancy
• Olivia DEROINT, déléguée académique aux arts et à la culture, conseillère du recteur en matière d’éducation artistique et culturelle, académie de Paris
• Guillaume GRANDGEORGE, directeur des éditions du Centre Pompidou
• Xavier LAURENT, directeur des archives départementales et du patrimoine du conseil départemental du Cher
• Bastien NOEL, adjoint au directeur, direction du soutien aux collections, musée du Louvre
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